Strauss-Kahn (FMI) lance un appel à adopter des plans de relance budgétaire

[13/10/2008 16:26:15] WASHINGTON (AFP)

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énéral du FMI Dominique Strauss-Kahn à Washington, le 12 octobre 2008 (Photo : Karen Bleier)

Le directeur général du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn, s’inquiétant de la possibilité d’une récession mondiale, a lancé lundi un appel pour que les Etats en mesure de le faire adoptent des plans de relance budgétaire après les mesures de sauvetage du secteur financier.

“L’utilisation la plus évidente de la politique budgétaire est d’alléger les pressions là où elles sont les plus fortes: dans les secteurs financier et immobilier. Mais les gouvernements qui peuvent se le permettre devraient être également prêts à entreprendre un plan de relance budgétaire plus large”, a expliqué M. Strauss-Kahn lors d’un discours devant le conseil des gouverneurs du FMI à Washington.

Cet appel survient après trois jours d’intense coordination internationale pour coordonner les réponses à la crise financière.

Vendredi, le groupe des sept pays les plus industrialisés (G7) réuni à Washington a adopté un plan d’action en cinq points, s’engageant entre autres à empêcher toute faillite de banque importante, un plan soutenu samedi par le G20, qui réunit les pays riches et émergents, et par le Comité du Fonds monétaire international, au nom des 185 membres du FMI.

Dimanche à Paris, les 15 pays de la zone euro ont adopté un plan d’action comprenant une garantie des prêts interbancaires et un recours possible à la recapitalisation des banques.

Le dirigeant de l’institution multilatérale a recentré l’attention sur le ralentissement économique.

Rappelant les erreurs ayant mené à la grande dépression des années 1930, il a martelé: “nous ne pouvons pas laisser cela se reproduire. Nous ne pouvons pas attendre le moment où nos banques font faillite et des emplois sont perdus”.

“Nous devons agir rapidement. Entre le krach boursier de 1929 et mars 1933, où un nouveau président entra en fonctions, les deux cinquièmes des banques aux Etats-Unis furent fermées et le chômage grimpa à près de 25%”, a rappelé M. Strauss-Kahn.

“Le monde est un endroit très différent aujourd’hui de ce qu’il était dans les années 30, et nous avons appris des expériences des autres. Nous avons des outils pour gérer les marchés et les économies que nous n’avions pas alors”, a-t-il estimé.

“Il va falloir que nous les utilisions. Je suis confiant quant au fait que nous puissions sortir de cette crise avec nos économies et nos sociétés intactes”, a-t-il lancé.

“Il y a aussi la possibilité d’utiliser la politique monétaire pour soutenir la croissance, en se basant sur l’assouplissement coordonné que nous avons vu cette semaine”, a indiqué M. Strauss-Kahn, faisant référence à la baisse concomitante des taux directeurs de sept banques centrales mercredi.

Le directeur général du FMI a fait des recommandations différentes aux pays émergents, qui d’après lui prendraient des risques en voulant relancer leur économie.

Selon lui, “les économies émergentes ont des degrés différents de liberté d’action. Certains peuvent se permettre de puiser dans leurs réserves pour financer une chute soudaine et provisoire des afflux de capital”.

“D’autres auront besoin de relever leurs taux d’intérêt dans le but d’augmenter les primes de risque pour enrayer les fuites de capitaux et stimuler la confiance dans leurs monnaies”, a-t-il considéré.

Le FMI a publié le 8 octobre des perspectives sombres pour l’économie mondiale. Il a nettement revu à la baisse sa prévision de la croissance mondiale, à 3,0%, celle des pays développés ne devant pas dépasser 0,5%, et celle des pays émergents atteignant 6,1%.