Maghreb : la France à la conquête du marché libyen


De notre envoyé spécial à Paris Moncef MAHROUG

«Pourquoi les Italiens et
les Allemands sont-ils devant nous ?». Etonnée de n’être que le sixième
partenaire commercial de la Libye, notamment derrière l’Italie, l’Allemagne,
la Grande-Bretagne, et la Tunisie, la France est déterminée à tout mettre en
œuvre pour rattraper son retard. Ubifrance, qui a organisé le 10 juin à
Paris un séminaire dédié au pays du colonel Kaddafi, «monte en puissance
pour mieux vous accompagner en Libye», promet son directeur général,
Christophe Lecourtier, aux entreprises françaises. D’autant que ce pays
constitue une «priorité» pour la France, pour au moins deux raisons,
souligne Anne-Marie IDRAC, secrétaire d’Etat chargée du Commerce extérieur
auprès de la ministre de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi, qui –ce
n’est point un hasard- a effectué à Tripoli, son premier déplacement à
l’étranger- tout comme son collègue libyen, Abdelaziz El Issaoui, dont le
séjour à Paris, à l’occasion de cette manifestation, était également le
premier qu’il effectuait hors de Libye.

 

La première, c’est que
«la Libye occupe une place stratégique au Maghreb et peut jouer un rôle
important dans l’Union pour la Méditerranée». Ensuite, ce pays, comme la
France, «un intérêt fort pour l’Afrique», et «une volonté commune de
contribuer à son développement économique et social et à son insertion dans
l’économie mondiale». Une convergence concrétisée par la tenue en avril 2008
d’une table ronde à Tripoli au cours de laquelle «entreprises françaises et
fonds d’investissement libyens ont amorcé l’identification à réaliser
ensemble».

 

Profitant de la
normalisation des rapports de la Libye avec le monde occidental d’une façon
général et la France en particulier, quelques entreprises françaises se sont
engouffrées dans la brèche : 25 d’entre elles se sont déjà installées dans
ce pays, selon le ministre libyen du Commerce. Elles étaient également une
cinquantaine à avoir participé, en avril dernier, à la Foire Internationale
de Tripoli, où les entreprises étrangères qui, selon Mme Idrac, ont «un fort
intérêt» pour la Libye, étaient très présentes.

 

Ces entreprises surfent
sur le rapprochement qui s’est opéré entre Paris et Tripoli au cours des
derniers mois, scellé par les visites du président Sarkozy en Libye et du
colonel Kaddafi à Paris qui ont donné «un coup d’accélérateur aux relations
bilatérales au cours des derniers mois», constate M. François Gouyette,
ambassadeur de France à Tripoli. Et même si la Libye ne soutient pas le
projet d’Union pour la Méditerranée, cette convergence nouvelle a déjà donné
ses premiers fruits : un accord-cadre de «partenariat global» dans divers
domaines (défense, aéronautique, nucléaire civil, agriculture, santé
animale, eau, gaz, etc.).

 

Pour les Libyens, «la
présence française renforce la concurrence. Les sociétés françaises
réalisent très bien leurs engagements».

 

Rappelant, comme son
homologue français, que la forte croissance libyenne -7% en 2007- est
générée principalement par les hydrocarbures, le ministre libyen a déclaré
que son pays comptait sur la France pour soutenir les efforts de
diversification de son économie et de développement. «La Libye a de grands
projets de développement et nous espérons que la France y prendra part, par
les échanges commerciaux et par l’investissement», souligne le responsable
libyen.

 

Conscients d’être
courtisés de partout, les Libyens veulent visiblement faire jouer la
concurrence pour leur plus grand profit.

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