110 millions pour les pêcheurs, appelés à reprendre la mer

 
 
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Le président du comité national des pêches, Pierre-Georges Dachicourt, le 21 mai 2008 à Paris (Photo : Stephane de Sakutin)

[21/05/2008 21:56:00] PARIS (AFP) Le ministre de la Pêche, Michel Barnier, a annoncé mercredi le versement de 110 millions d’euros d’ici à la fin de l’année pour venir en aide aux pêcheurs confrontés à l’envolée des prix du gazole.

Les marins ont aussitôt été appelés à reprendre la mer par le président du comité national des pêches, Pierre-Georges Dachicourt. “Il faut que tout le monde reparte au travail”, a-t-il demandé, jugeant que “l’essentiel a été obtenu grâce à un effort considérable du gouvernement”.

Les marins-pêcheurs ont levé mercredi soir, parfois provisoirement, le blocus de quelques ports ou dépôts pétroliers après l’annonce par le gouvernement de mesures en leur faveur, mais restaient fortement mobilisés à l’issue d’une journée de manifestations sur toutes les côtes françaises.

L’enveloppe annoncée par le ministre fait partie du plan d’action de 310 millions d’euros annoncé le 13 janvier. Mais le ministre a promis que ce plan prévu initialement sur trois ans se déroulerait finalement sur deux ans.

Dans ce cadre, il a notamment annoncé l’attribution d’une “aide sociale” de 40 millions d’euros pour soutenir le revenu des marins pêcheurs.

Les pêcheurs marseillais ont annoncé en fin d’après-midi qu’ils levaient leurs barrages bloquant les accès à trois dépôts pétroliers des Bouches-du-Rhône, le temps de se réunir pour étudier les propositions du ministre de la Pêche, Michel Barnier.

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Pêcheurs en colère à Caen, le 21 mai 2008 (Photo : Mychele Daniau)

Leurs collègues de l’Hérault ont mis fin eux aussi au blocus du dépôt de Frontignan, tandis que les pêcheurs normands levaient celui de deux dépôts de carburant à Caen. Les dépôts de Port-la-Nouvelle (Aude) et La Rochelle (Charente-Maritime) restaient en revanche bloqués mercredi soir.

Les pêcheurs ont également levé en fin de journée le blocage des ports de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), Calais (Pas-de-Calais) et Dunkerque (Nord), mais ils n’ont pas été suivis par leurs collègues de Dieppe (Seine-Maritime), peu satisfaits des propositions du gouvernement.

Saint-Malo et Roscoff en Bretagne nord, restaient également bloqués, continuant à perturber le trafic transmanche qui a été presque totalement interrompu mercredi.

Les pêcheurs, en grève presque partout le long du littoral français, ont aussi maintenu le blocus de nombreux ports de pêche et de plaisance en Manche et en Atlantique.

“On ne lève pas le blocage pour le moment. On ne va pas se précipiter”, a indiqué mercredi soir à l’AFP Gérard Huguet, l’un des pêcheurs des Sables d’Olonne (Vendée), le port à l’origine du mouvement lancé le 10 mai.

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Michel Barnier le 20 mai 2008 à l’Assemblée nationale (Photo : Patrick Kovarik)

Les pêcheurs en grève du Guilvinec (Finistère), premier port de pêche artisanale français, ont décidé eux aussi de reconduire leur mouvement jusqu’à vendredi, le temps d’analyser les propositions du gouvernement.

Les pêcheurs en colère ont par ailleurs multiplié mercredi les actions à terre, saccageant une centrale d’achat du groupe de grande distribution Leclerc à Brest. Ils s’en sont aussi pris aux rayons poissonnerie de deux hypermarchés à la Rochelle et à Quimper, dont ils ont distribué le contenu aux clients à l’extérieur.

Les pêcheurs de Boulogne, premier port de pêche français, ont organisé de leur côté une vente sauvage de 600 kg de poisson à un euro le kilo, toutes espèces confondues, tandis que leurs collègues de Calais organisaient une distribution gratuite.

Les pêcheurs ont également mené tout au long de la journée de très nombreuses actions devant des bâtiments publics ou sur les routes, brûlant des pneus aux Sables d’Olonne (Vendée), au Guilvinec (Finistère) ou à Saint-Nazaire, organisant des barrages filtrants devant le Mont-Saint-Michel ou sur le pont de l’île d’Oléron, ou encore menant une opération “péage gratuit” sur le pont de l’île de Ré.

Toute la journée, les négociations avaient été difficiles, émaill

ées de plusieurs interruptions, les pêcheurs exigeant un prix de 0,40 euro le litre pour le gazole contre 0,75 euro actuellement.

M. Barnier a reconnu qu'”au-delà d’un prix du gazole de 40 centimes d’euros par litre, le sentiment général est que la situation sociale n’est plus supportable dans notre pays pour les marins pêcheurs”.

Il a demandé à sa collègue de l’Economie, Christine Lagarde, d’organiser une réunion avec le président de Total, Christophe de Margerie, pour “dans un souci de transparence, explorer toutes les pistes d’amélioration sur le prix du gazole”.

Dans la matinée, alors que le ministre s’apprêtait à annoncer seulement des aides d’urgence, les pêcheurs “mécontents des propositions” lui ont demandé d’en référer directement au président Nicolas Sarkozy et au Premier ministre François Fillon.

Après s’être rendu à l’Elysée puis à Matignon, il a repris les négociations, mais ne pouvait leur donner satisfaction sur leur demande de baisse immédiate du prix du gazole, qui est déjà totalement détaxé, en raison des règles strictes de Bruxelles en matière d’aides d’Etat.

Lors d’un rassemblement devant le ministère de 300 à 400 pêcheurs, venus notamment des Côtes d’Armor, de Vendée et de Seine-Maritime, quatre policiers ont été blessés, dont trois sérieusement.

D’autres manifestations ont eu lieu en France. Près de Brest, une soixantaine de pêcheurs en colère ont saccagé un bâtiment de la centrale d’achat du groupe de distribution Leclerc.

 21/05/2008 21:56:00 – © 2008 AFP