James Wolfensohn : «L’Afrique ne peut s’en sortir que par l’intégration régionale»

Par : Tallel

L’Afrique ne peut espérer
réaliser son développement et peser dans les échanges économiques mondiaux
que par son unification, a déclaré vendredi à Tunis, l’ancien président de
la Banque mondiale (BM), James Wolfenshon, invité du cycle des conférenciers
émérites de la Banque africaine de développement (BAD).

 

«Vous avez aujourd’hui 53
Etats, 53 présidents, 53 ministres des Finances. Les pays ont des
différences économiques, géographiques et historiques importantes. Vous
devez modifier cette architecture trop lourde», a-t-il dit, en introduisant
sa conférence intitulée «La place de l’Afrique dans un monde globalisé :
Partenariats pour réussir».

 

M. Wolfenshon a également
souligné le faible poids des 53 pays africains dans l’économie
internationale tout en rappelant que le continent représente 1/5 de la
population mondiale.

 

«Alors qu’elle accueille
actuellement le cinquième de la population du monde, l’Afrique pèse entre 2
et 2,5% du produit intérieur brut (PIB) mondial. La population de l’Afrique
devrait même doubler dans les 40 prochaines années», a affirmé le
conférencier.

 

«Il faut agir vite pour
que cette croissance démographique s’appuie sur des perspectives de
développement. Pour moi, la seule façon de s’en sortir c’est d’aller vers
une unification de l’Afrique », a-t-il ajouté, en donnant l’exemple de
l’Inde et de la Chine.

 

«80% de la richesse
mondiale se trouve aujourd’hui concentrer entre les mains des pays de l’OCDE
qui représente à peine 20% de la population mondiale. Cette situation ne
peut pas perdurer», a prévenu le directeur général de Wolfenshon & Company.

 

Il a par ailleurs rendu
un vibrant hommage au travail accompli par la BAD pour accélérer
l’intégration régionale en Afrique.

 

«J’ai conscience qu’on ne
peut pas passer du jour au lendemain de 53 présidents à un seul. C’est
impossible, mais il faut commencer comme l’a fait l’Europe dans les années
50 avec la communauté économique du charbon et de l’acier. Cela leur a pris
50 ans», a souligné l’ancien président de la BM.

 

«Je constate que vous
avez déjà commencé avec des initiatives comme la mise en place de la BAD.
C’est un premier pays. Mais franchement, l’intérêt de l’Afrique commande que
vous alliez encore plus loin», a-t-il assuré.

 

Prenant la parole en
premier lors de la conférence, le président de la BAD, Dr. Kaberuka, a rendu
hommage à M. Wolfenshon qui a, a-t-il rappelé, compris dès son arrivée à la
tête de la BM qu’il fallait trouver une solution au problème de la dette
multilatérale des pays pauvres.

 

«Jusqu’à votre arrivée à
la présidence de la BM, il n’existait que le Club de Paris pour s’occuper de
la dette bilatérale et le Club de Londres pour la dette commerciale.
Personne ne s’intéressait alors à la dette multilatérale. Vous avez comblé
le vide en lançant l’initiative PPTE», a dit Dr. Kaberuka.

 

Il a salué la qualité de
la conférence animée par l’ancien président de la BM, assurant que ses
suggestions seront dûment prises en compte dans le processus régulier
d’élaboration et de revue des politiques.

«M. Wolfenshon nous a
montré, une fois encore, qu’il était bien la personne indiquée pour nous
entretenir, dans le cadre de ce Programme des éminents orateurs. Je voudrais
le remercier pour l’excellente qualité de son exposé qui, j’en suis
persuadé, nous a interpellés et édifiés», a ajouté le président de la BAD.

 

Initié par le Bureau de
l’Economiste en Chef, le cycle d’éminents orateurs donne à des personnalités
réputées l’opportunité d’exposer leurs points de vue sur les problématiques
de développement en Afrique.