Argentine : inflation et colère agricole ont raison du ministre de l’Economie

 
 
photo_1209133587672-1-1.jpg
L’ex-ministre argentin de l’Economie Martin Lousteau et la présidente argentine Cristina Kirchner le 22 avril 2008 (Photo : Ho)

[25/04/2008 17:36:42] BUENOS AIRES (AFP) L’inflation et la crise des agriculteurs en Argentine ont coûté sa place au ministre de l’Economie Martin Lousteau, remplacé vendredi par un proche de la présidente Cristina Kirchner.

“La présidente argentine a réclamé la démission de M. Lousteau au nom de différends sur la mise en oeuvre de la politique économique”, a déclaré vendredi à l’AFP une source du gouvernement.

Martin Lousteau, 36 ans, avait été nommé à ce poste à la suite de l’élection de Mme Kirchner à la présidence, le 10 décembre dernier, où elle a succédé à son mari Nestor, président depuis 2003.

Le patron de la direction des impôts Carlos Fernandez a été désigné pour le remplacer et prendra ses fonctions dès vendredi, a annoncé l’agence de presse officielle argentine Telam.

Secrétaire de l’Administration fédérale des revenus publics (AFIP),

M. Fernandez, présenté comme un expert en finances publiques, fut l’un des proches conseillers de M. Kirchner durant son mandat.

“C’est la personne qui garantira le cap”, a déclaré le chef du cabinet présidentiel Alberto Fernandez à la radio América, soulignant que le gouvernement ne partageait pas l'”analyse sur l’économie” du ministre sortant qui prônait un plan antiinflationniste de réduction des dépenses.

Le futur ministre a lui même admis que sa “nomination de devrait rien changer” en matière économique, lors d’un point presse improvisé devant la porte de son domicile.

photo_1209134083001-1-1.jpg
Manifestation d’agriculteurs argentins le 2 avril 2008 à Gualeguaychu (Photo : Juan Mabromata)

Ce remaniement apparaît comme une nouvelle reprise en main des rênes par le couple présidentiel, issu du mouvement péroniste, qui aura épuisé au total quatre ministres de l’Economie depuis son accession aux affaires.

Vendredi, les grands quotidiens argentins soulignaient que le dossier de l’inflation avait causé la perte de M. Lousteau.

“La démission a eu lieu après la présentation d’un plan antiinflationniste rejeté par la présidente”, affirme La Nacion, tandis que Clarin attribue son renvoi aux “divergences sur la façon de lutter contre l’inflation”.

Le départ du ministre intervient alors qu’un violent conflit a opposé le gouvernement à des milliers d’agriculteurs qui protestent contre une hausse d’impôts sur les exportations et une inflation croissante.

Suspendu au début du mois après 21 jours de grève, ce mouvement de colère, l’un des plus durs dans l’histoire de l’Argentine, avait entamé la crédibilité du gouvernement.

Malgré les blocages routiers, qui avaient provoqué des difficultés de ravitaillement entaînant pénuries et hausses des prix, ce conflit avait reçu un soutien populaire non négligeable, à l’image des manifestations dans plusieurs villes du pays.

Mais la démission du ministre, tenu éloigné des négociations avec les agriculteurs, sonne surtout comme un désaveu face à ses craintes d’une surchauffe de l’économie, la présidente argentine refusant de prendre le risque d’interrompre une croissance cumulée de 45% en cinq ans.

M. Lousteau avait notamment proposé une augmentation des prix du gaz et de l’électricité sauf pour les secteurs populaires, ainsi qu’un plan de réduction des dépenses, dont le gouvernement de centre-gauche ne voulait pas entendre parler.

Nestor Kirchner avait implicitement critiqué l’action du ministre cette semaine, en fustigeant les partisans d’un “refroidissement de l’économie”. “S’ils refroidissent l’économie, les Argentins ne consomment pas”, avait lancé l’ancien président, considéré comme le véritable inspirateur du gouvernement.

Selon les experts, l’inflation a atteint 25% en un an en Argentine. Un chiffre nié par le gouvernement qui estime que cette inflation ne dépasse pas les 10%.

Ces chiffres officiels, récemment publiés par l’Institut national des statistiques (INDEC), avaient soulevé la polémique auprès des associations de consommateurs, inquiets de la perte de leur pouvoir d’achat.

 25/04/2008 17:36:42 – © 2008 AFP