L’euro fort relance le débat sur un contrepoids politique à la BCE

 
 
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Un symbole euro devant la Banque centrale européenne à Francfort, en Allemagne, le 28 juin 2005 (Photo : John MacDougall)

[07/03/2008 16:07:47] BRUXELLES (AFP) L’impuissance des Européens à freiner l’appréciation ininterrompue de la monnaie unique relance le débat, cher à la France notamment, sur la nécessité de doter la zone euro d’un pôle politique plus fort face à une BCE accusée de rester les bras croisés.

L’euro, qui a établi un nouveau record vendredi à 1,5464 dollar, ne cesse de s’envoler.

Face à cette appréciation, le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, a estimé cette semaine que le “problème” de l’euro, était que la Banque centrale européenne, qui se focalise sur la lutte contre l’inflation, “est surpuissante”.

“Elle n’a pas de contrepoids politique en la personne d’un vrai ministre européen des Finances qui serait en charge de la croissance”, a-t-il ajouté.

Des critiques qui sont relayées par le président de l’organisation patronale européenne BusinessEurope, le Français Ernest-Antoine Seillière. Il regrette que la BCE “n’ait pas en face d’elle un pouvoir politique organisé”.

L’euro “sera menacé s’il n’y a pas une organisation politique suffisante pour le soutenir et l’organiser”, a-t-il dit vendredi à l’AFP.

Concrètement, il appelle à “renforcer le rôle politique de l’Eurogroupe”, le forum des ministres des Finances de la zone euro qui se réunit une fois par mois.

Ce forum devrait être “une instance de vraie coordination des politiques économiques, beaucoup plus intégrante”, avec “de vraies capacités”, a-t-il dit. “La puissance économique de la zone euro pourrait ainsi se manifester dans des négociations internationales pour réfléchir à une meilleure organisation du système monétaire mondial”, selon lui.

Ces prises de position en faveur d’un pôle politique fort en zone euro sont du miel pour la France, qui en a fait l’un de ses chevaux de bataille.

Ses responsables reprochent souvent à la BCE d’alimenter la vigueur de l’euro par une politique trop concentrée sur la lutte contre l’inflation, qui la conduirait à maintenir des taux d’intérêt excessivement élevés.

Ils souhaitent qu’on s’occupe davantage de soutenir la croissance et, en matière de changes, que l’Europe puisse davantage peser: elle est aujourd’hui dans l’incapacité de pousser les Etats-Unis à vraiment agir pour stopper la glissade du dollar.

Problème: plusieurs pays, dont l’Allemagne, farouchement attachés à l’indépendance de la BCE, se méfient des velléités françaises.

Le débat avait encore ressurgi cette année, lorsque Paris a évoqué la tenue d’un sommet inédit des chefs d’Etat de la zone euro. Un projet aussitôt critiqué par la chancelière Angela Merkel, pour qui l’Eurogroupe suffit.

Cette semaine, le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, Joaquin Almunia a pris lui aussi la défense de la BCE, qui est “indépendante et fait un très bon travail”.

Les positions sont en revanches plus consensuelles sur l’amélioration souhaitée de la représentation internationale de la zone euro, très émiettée aujourd’hui.

M. Almunia appelle lui-même les Etats de la zone euro à “plus de coordination et de dialogue”, pour parler d’une seule voix sur les changes face aux Etats-Unis, et afin d’essayer d’obtenir un siège unique au sein d’institutions internationales comme le G7 ou le FMI.

Dans une récente étude, le groupe de réflexion bruxellois Bruegel, plaide pour des réunions des chefs d’Etat au format zone euro, et la création d’une chaise unique pour la zone euro au FMI. Il demande aussi une meilleure centralisation de “la prise de décision” des pays de la zone euro en période de crise.

 07/03/2008 16:07:47 – © 2008 AFP