Déficits : la France rappelée à l’ordre par ses partenaires européens

 
 
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La ministre française de l’Economie Christine Lagarde, le 9 février 2008 à Tokyo (Photo : Yoshikazu Tsuno)

[11/02/2008 18:16:17] BRUXELLES (AFP) La France s’est fait rappeler à l’ordre lundi sur ses déficits par plusieurs de ses partenaires européens, opposés à ce que Paris argue du ralentissement économique en cours pour retarder le retour à l’équilibre de ses comptes publics.

Les remontrances les plus vives sont venues, comme à l’accoutumée, de l’Allemagne et des Pays-Bas, deux pays figurant parmi les “bons élèves” de l’Europe en matière budgétaire.

“Nous (les ministres des Finances de l’Union européenne, ndlr) nous sommes mis d’accord à Berlin en avril de l’année dernière” pour équilibrer nos comptes publics d’ici 2010, a dit le ministre allemand des Finances Peer Steinbrück aux journalistes, en arrivant à une réunion avec ses collègues de la zone euro à Bruxelles.

“Les grands Etats membres en particulier devraient avoir obligation d’atteindre l’objectif de moyen terme, au plus tard en 2010”, a-t-il ajouté.

“La confiance de la population en Europe n’augmentera que si les règles sur lesquelles nous sommes tous tombés d’accord sont respectées par tous les pays, les petits comme les grands”, a renchéri le ministre néerlandais des Finances, Wouter Bos, en prévenant qu’il n’accepterait aucune excuse des Français sur l’objectif de 2010.

Le président français Nicolas Sarkozy avait été le premier, en juillet 2007, à commencer à revenir sur l’engagement de 2010, pris par les pays européens pris en avril 2007, avant son élection. Paris vise à présent plutôt 2012. Ce qui irrite nombre de ses partenaires.

“Nous faisons tous les efforts possibles pour parvenir à l’équilibre en 2010 mais dans la situation actuelle il ne faut pas se raconter d’histoire, ce sera très difficile, indépendamment de notre volonté”, a encore averti la ministre française de l’Economie Christine Lagarde dans un entretien au Figaro lundi.

“En un an, la situation a beaucoup évolué et s’est fortement tendue”, a estimé Mme Lagarde.

La France, dont les déficits sont actuellement parmi les plus élevés des grands pays européens, espère convaincre ses partenaires qu’il lui faut plus de temps, à l’occasion des réunions lundi soir de l’Eurogroupe puis mardi de l’ensemble des ministres des Finances de l’UE. Ces derniers publieront une recommandation sur la question.

Mais le ministre néerlandais s’est dit peu convaincu par l’argument du ralentissement de la croissance dans le monde et en Europe. “Le problème est que les Français ont demandé” un report “avant même qu’il y ait un affaiblissement” de l’activité, donc “je ne pense pas que ce soit la vraie raison”, a dit M. Bos à Bruxelles.

L’Espagne, l’Autriche et Chypre notamment, ont également invité lundi la France à respecter la règle commune.

Pour sa part, sans citer la France, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a exhorté les pays de l’UE à “continuer à réduire les déficits budgétaires” malgré le ralentissement de l’activité, dans un communiqué publié à l’occasion de l’Eurogroupe.

Il a mis en garde contre des “réactions précipitées”, en particulier “une stimulation artificielle de l’économie européenne”.

Une mise au point qui intervient alors que des voix s’élèvent pour réclamer en Europe un plan de relance comme aux Etats-Unis, où le Congrès américain vient d’autoriser l’injection de 150 milliards de dollars dans l’économie en vue de lui éviter une récession.

 11/02/2008 18:16:17 – © 2008 AFP