Société Générale : un rachat “pas d’actualité” pour l’Elysée, BNP Paribas “réfléchit”

 
 
[31/01/2008 19:51:11] PARIS (AFP)

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Jean-Martin Folz lros lors d’une conférence de presse le 30 janvier 2008 au siège de la Société Générale à la Défense (Photo : Jean Ayissi)

BNP Paribas a reconnu jeudi qu’elle “réfléchissait” à un rachat de sa rivale Société Générale, fragilisée par l’affaire du trader, un scénario écarté pour le moment par l’Elysée mais qui pourrait ressurgir en cas d’OPA hostile d’une banque étrangère.

“On réfléchit, simplement parce que toute l’Europe réfléchit” à cette possibilité, a indiqué à l’AFP une porte-parole de BNP Paribas.

La banque a ensuite nuancé ces propos. “Jusqu’à présent, nous excluions totalement un tel rapprochement, mais la situation du monde bancaire ayant évolué, nous ne nous interdisons pas d’y réfléchir, sans préjuger des conclusions de cette réflexion”, a précisé un autre porte-parole.

Selon Les Echos, la première banque française s’est entourée de conseils, et plancherait activement sur le projet.

Son président Michel Pébereau a été reçu récemment par Claude Guéant et François Pérol, respectivement secrétaire général et secrétaire général adjoint de l’Elysée. Mais BNP Paribas a démenti “catégoriquement” que la rencontre ait porté sur ce sujet.

Pour le porte-parole de l’Elysée, David Martinon, la question d’un éventuel rachat de la Société Générale n’est “pas d’actualité”. “Pour le moment, c’est une question qui ne se pose pas”, a-t-il insisté.

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Daniel Bouton, le 24 janvier 2008 à Paris (Photo : Martin Bureau)

Le marché n’en continue pas moins de parier sur de prochaines offres. Le titre Société Générale, qui s’était déjà envolé mardi et mercredi, a encore pris 1,71% jeudi à la Bourse de Paris. A l’inverse, BNP Paribas a cédé 1,50%.

Les déclarations des autorités françaises, qui répètent depuis le début de la semaine leur refus de tout raid venu de l’étranger, ont contribué à renforcer le scénario alternatif d’un rapprochement avec BNP Paribas pour créer un nouveau champion national.

L’Etat français “ne laissera pas à la merci de n’importe quel prédateur cette entreprise”, a encore assuré jeudi Henri Guaino, conseiller du président Nicolas Sarkozy.

Une position critiquée en Europe. “Si quelqu’un vient, d’amical, ayant un beau projet économique à proposer, pourquoi le refuser?”, s’est interrogé le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker. La veille, la Commission européenne avait appelé Paris à traiter également d’éventuels candidats.

Pour les marchés financiers, “le scénario d’un rapprochement franco-français est clairement privilégié”, affirme Frédéric Rozier, de la société de gestion Meeschaert, notant que “le marché croit dur comme fer à une OPA”.

L’hypothèse d’un démantèlement de la Générale “tient la corde, la banque de détail allant à BNP Paribas et la banque de financement et d’investissement au Crédit Agricole”, ajoute-t-il.

Le PDG de la Société Générale, Daniel Bouton , qui a réussi à sauver son fauteuil mercredi, va donc sans doute devoir batailler pour préserver l’indépendance de sa banque, comme il l’avait déjà fait en 1999 contre la BNP.

“Cela fait 12 ans que les rumeurs sur l’avenir de la Société Générale existent”, a-t-il relativisé mercredi soir, assurant que sa banque avait les moyens de continuer seule. Malgré une perte de près de 7 milliards d’euros due à l’affaire du trader Jérôme Kerviel et à la crise des “subprime”, elle reste bénéficiaire, a-t-il souligné.

De nombreux salariés de la Société Générale – 4.000 selon la direction – se sont rassemblés jeudi après-midi devant le siège du groupe à La Défense pour marquer leur attachement à l’indépendance de la banque.

Parallèlement, l’enquête judiciaire s’est poursuivie, avec la saisie par les policiers de l’ordinateur personnel de Jérôme Kerviel et l’audition en tant que partie civile du secrétaire général de groupe Société Générale, Christian Schricke.

 31/01/2008 19:51:11 – © 2008 AFP