Les Irakiens raillent ceux qui les dominent sur YouTube

 
 
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La page d’accueil de Youtube (Photo : Robert Sullivan)

[27/01/2008 10:59:17] BAGDAD (AFP) Ils ridiculisent les soldats américains, brocardent les policiers irakiens et parodient le chef radical chiite Moqtada Sadr. Les Irakiens échappent à la réalité par le biais de la satire, et ils le font à la pointe de la technologie en utilisant le site video communautaire YouTube.

Ce sont les “occupants”, les 160.000 militaires américains déployés en Irak, qui sont les principales victimes de cet humour noir qui finit toujours par se développer dans les pires situations de crise.

Les moyens video individuels, et des techniques simples de doublage, facilitent la multiplication des petits films hilarants qui finissent sur la plus populaire des plateformes video alimentées par les internautes.

L’un d’eux montre un soldat américain, coincé sous son imposant casque de combat, qui répéte les quelques mots d’arabe qu’il a appris pendant son séjour. “Ramenez-nous chez nous, rendez-nous à nos familles”, dit-il. “Donnez-nous du pain, n’importe quelque pain, chaud ou froid”, poursuit-il, sur un ton qui donne à penser qu’il ne comprend pas le sens de ses propos. “Et de toute façon, nous ne sommes pas assez payés”, conclut-il alors que la caméra fait un gros plan sur son visage.

Le thème de la danse –une activité qui marque de nombreux événements politiques et sociaux en Irak– revient souvent dans les petits films qui se multiplient sur YouTube.

Les soldats américains, lourdement armés, engoncés dans leurs gilets pare-balles, bardés de multiples équipements de protection, sont les involontaires protagonistes de ballets ridicules.

Un segment d’une minute montre par exemple un solide gaillard de la police militaire US, équipé de pied en cap, tourner comme une toupie au centre d’un groupe de collègues irakiens, qui l’encouragent.

Mais les Irakiens n’épargnent pas leurs propres forces de l’ordre, et un clip chorégraphique montre deux policiers de Bagdad en train de perdre leurs pantalons au cours d’une gigue improvisée.

Une autre production de YouTube surprend deux autres policiers en pleine inspection d’un camion qu’ils viennent d’arrêter. Alors que les limiers se penchent sous le véhicule, le chauffeur donne un coup de klaxon, qui les effraie tant qu’ils en tombent à la renverse.

L’armée et la police ne sont pas les seules cibles de la dérision décapante des internautes irakiens. Même la religion dans un pays où elle a fait une irruption fracassante dans la politique ne leur échappe pas.

Une film d’une minute et six secondes montre une colonie de pingouins dansant sur la banquise sous la conduite d’un grand mâle qui en est clairement le meneur. Les palmipèdes battent la mesure et chantent à tue-tête “Moqtada, Moqtada”, en référence à Moqtada Sadr, chef de la plus puissante des milices chiites, l’Armée du Mahdi.

Cette chorale d’oiseaux marins, en noir et blanc, est un irrévérencieuse allusion aux réunions de soutien des partisans de Moqtada Sadr, qui vouent un véritable culte à leur leader.

Le clip se termine sur une scène visiblement arrangée électroniquement, des pingouins formant une ronde en forme de coeur, avec, en son centre, leur héros multipliant les courbettes.

“Honte à ceux qui comparent Moqtada à un pingouin et l’humilient à la face du monde”, s’indigne Wissam dans un commentaire posté sous le clip. “C’est effectivement une honte”, commente Abdoul: “Lui et ses ânes sont bien pire que des pingouins”.

 27/01/2008 10:59:17 – © 2008 AFP