France : le pouvoir d’achat menacé par un pic d’inflation en novembre

 
 
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Courses dans un supermarché (Photo : Mychèle Daniau)

[13/12/2007 13:51:57] PARIS (AFP) Bien qu’elle ait atteint en novembre son plus haut niveau depuis trois ans (+2,4% sur un an) sous l’effet de la hausse des carburants, l’inflation reste relativement modérée en France même si elle menace directement le pouvoir d’achat des ménages.

D’octobre à novembre, les prix à la consommation ont progressé de 0,5%, une forte hausse “essentiellement liée à celle des prix du pétrole”, explique l’Insee.

“L’inflation augmente mais reste moins forte que dans le reste de la zone euro, où elle est en moyenne de 3% sur un an”, souligne Eric Dubois, chef du département conjoncture de l’Institut national de la statistique.

“C’est un phénomène qu’on peut espérer transitoire malgré tout. Depuis le mois de novembre, les prix du pétrole ont arrêté de monter, donc si on reste là, progressivement l’inflation devrait s’assagir (…) On ne doit pas être loin du pic d’inflation”, estime-t-il.

Les prix de l’énergie dans leur ensemble subissent en effet une nette envolée, avec une hausse de 4,1% en novembre et de 10,2% sur les douze derniers mois. Les seuls produits pétroliers ont même bondi de 6,7% sur le mois et de 16,3% en glissement annuel, “du jamais vu”, selon Jean-Christophe Caffet, économiste chez Natixis. “Il faut en effet remonter à la première Guerre du Golfe pour retrouver une progression similaire (+5,2% en septembre 1990)”, rappelle ce dernier.

Dans le même temps, les prix des produits alimentaires progressent de 0,7% sur un mois, soit 2,2% sur un an en novembre.

Si l’on ajoute à cela un chiffre de l’inflation particulièrement faible en novembre 2006, qui tire mécaniquement l’indice à la hausse sur un an, les économistes interrogés par l’AFP ne s’inquiètent pas d’un risque inflationniste durable en France.

“Le caractère plutôt modéré de l’inflation dans l’Hexagone se lit également dans les données sous-jacentes” – hors énergie et matières premières aux cours très volatils – dont la hausse sur les douze derniers mois se limite à 1,7%, souligne Alexander Law, économiste en chef du cabinet Xerfi.

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Pistolets de pompes à essence, le 20 avril 2006 à Paris (Photo : Joel Saget)

“Autrement dit, nous sommes toujours très loin de l’hyper inflation et les effets de second tour, c’est-à-dire de contagion des prix énergétiques à l’ensemble des prix”, renchérit Marc Touati, économiste chez ACDEFI.

Les statistiques de novembre ne semblent donc pas préoccupantes pour l’économie de la France prise dans son ensemble mais elles mettent bel et bien en lumière des “poches” d’inflation qui pèsent lourdement sur le pouvoir d’achat des ménages.

“Les prix qui augmentent le plus sont ceux des produits alimentaires, énergétiques et des loyers, c’est-à-dire des produits dont la part dans le total des dépenses est inversement proportionnelle aux revenus. En d’autres termes, plus les revenus des ménages sont modestes, plus la part des produits chers dans le total de leurs dépenses est forte et plus par là même leur pouvoir d’achat est faible”, explique M. Touati.

“Le vrai problème de l’économie française réside aujourd’hui dans le fait que les revenus d’une grande majorité des Français augmentent insuffisamment par rapport aux prix des produits qu’ils consomment le plus”, d’où l’écart entre l’inflation mesurée par l’Insee et la perception qu’en ont les consommateurs, résume-t-il.

“Faire le plein à la station-service est un acte de consommation répétitif qui grève le budget des consommateurs. Bien entendu, les prix des ordinateurs ou des téléviseurs continuent de chuter, mais il s’agit là de produits qu’on achète au mieux une fois tous les deux ans et qui ne constituent pas des achats de première nécessité, tant s’en faut”, note Alexander Law.

 13/12/2007 13:51:57 – © 2007 AFP