Eau : l’UFC dénonce des prix “abusifs” et épingle Veolia et Suez

 
 
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De l’eau courante dans un arrosoir (Photo : Mychele Daniau)

[29/10/2007 20:03:42] PARIS (AFP) L’eau est surfacturée dans de nombreuses agglomérations françaises, comme en Ile-de-France ou à Marseille, a dénoncé lundi l’UFC-Que Choisir, épinglant les “bénéfices faramineux” de Veolia et Suez et appelant les élus à favoriser la gestion publique.

“Les prix pratiqués dans les grandes agglomérations urbaines sont souvent très abusifs”, dénonce l’association de consommateurs dans sa deuxième étude sur le sujet.

Palme de la surfacturation, comme dans la première étude publiée début 2006: le Syndicat des eaux d’Ile-de-France (Sedif), dont une partie des compétences sont déléguées à Veolia.

L’UFC a calculé une marge entre le prix facturé et ce que l’eau devrait coûter qui s’élève pour le Sedif à 58,7%, ce qui signifie que sur 100 euros facturés, 58,7 euros lui reviennent.

Le Sedif a dénoncé les “calculs erronés” et les “partis pris” de l’étude de l’UFC-Que Choisir. Pour le syndicat, l’utilisation du mot marge est “impropre” car étant un “établissement public, le Sedif ne peut pas faire de marges bénéficiaires, puisque les excédents budgétaires sont chaque année réinvestis dans l’exercice suivant”.

Marseille et la presqu’île de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) avec marges de 56,1% et de 55% arrivent juste derrière.

Lyon, Toulouse, Montpellier (gestions privées) et Reims (municipale) ont des marges comprises entre 40 et 50%, Bordeaux, Nice (gestions privées), Paris (mixte) et Strasbourg (municipale) entre 30 et 39%, et Angers, Nantes (municipales), Lille et Nancy (privées) entre 25 et 30%.

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Le prix de l’eau dans 19 villes selon l’UFC

Les bons points de l’UFC reviennent à Chambéry, Clermont-Ferrand, Annecy et Grenoble, gérées en régie municipale, qui “présentent des prix facturés assez proches de notre calcul de coût”.

“Ces résultats mettent en lumière les bénéfices faramineux réalisés par Veolia et Suez, qui se partagent l’essentiel du marché”, dénonce l’UFC.

Trois quarts des Français sont alimentés en eau par des entreprises privées dont 39% par Veolia et 22% par la Lyonnaise des Eaux (Suez).

“Les régies s’en sortent mieux que la délégation privée mais nous ne voulons pas en faire une généralité”, nuance cependant François Carlier, directeur adjoint des études et de la communication de l’UFC.

Cette étude a été réalisée à partir de données du ministère de l’Ecologie ou des agences de l’eau et non des syndicats eux-mêmes. L’UFC affirme avoir tenu compte “de la qualité de l’eau, de la densité du territoire ou des subventions attribuées aux syndicats”.

Cette méthodologie est pourtant dénoncée par la Fédération Professionnelle des Entreprises de l’Eau (FP2E) selon qui elle “fait abstraction de paramètres locaux” et “mène à des résultats aberrants”.

La FP2E fustige aussi un calcul des marges qui “repose sur un abus de langage”, rappelant que la marge des entreprises de l’eau (rapport entre chiffre d’affaires et profits) est en moyenne de 7% en France et que le prix de l’eau y est de 10% inférieur à la moyenne européenne.

L’UFC appelle les élus locaux à “envisager sérieusement l’opportunité d’un retour en régie publique lors de la renégociation de leur contrat (…) seul moyen d’accroître l’intensité de la concurrence”.

“Les contrats actuels, souvent signés dans les années 1980, sont léonins”, dénonce Daniel Bideau, administrateur de l’UFC.

Ce que ne dément pas Michel Desmars, chef du service eau et assainissement de la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies. “Beaucoup de ces contrats ne repasseraient pas de la même façon aujourd’hui et seraient beaucoup moins chers”, juge-t-il.

Selon l’UFC, la facture est aussi gonflée par “des pratiques budgétaires irrégulières”, comme le financement, notamment par le SIAPP (agglomération parisienne), de l’assainissement des eaux pluviales par la facture d’eau alors que ce poste relève du budget des collectivités.

M. Bideau demande par ailleurs aux syndicats des eaux de “rendre publique une reconstitution des coûts aussi détaillée que la nôtre”.

 29/10/2007 20:03:42 – © 2007 AFP