Croissance : le gouvernement imperturbable malgré l’alerte des économistes

 
 
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La ministre de l’économie Christine Lagarde au côté du Premier ministre François Fillon le 30 août 2007 à l’Hotel Matignon (Photo : Martin Bureau)

[05/09/2007 16:38:14] PARIS (AFP) Le gouvernement a affiché un optimisme imperturbable en maintenant son objectif de croissance à 2,25% pour 2007, faisant fi des dernières prévisions de l’OCDE, revues fortement à la baisse à 1,8% contre 2,2% auparavant.

La France accuse ainsi la plus forte révision à la baisse de l’ensemble des pays du G7, alors que sa marge de manoeuvre budgétaire était déjà très réduite pour mettre en oeuvre les ambitieuses réformes économiques décidées par Nicolas Sarkozy et respecter ses engagements européens en matière de déficit public à l’horizon 2012.

La mauvaise nouvelle assénée par l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) n’a pas empêché la ministre de l’Economie Christine Lagarde de s’en tenir à son objectif de croissance de 2,25% pour 2007.

“Un certain nombre de clignotants de confiance sont allumés au vert, il n’y a pas de raison de redescendre au rouge”, a-t-elle réagi.

Déjà le mois dernier, après un chiffre de la croissance décevant au deuxième trimestre (+0,3%), Mme Lagarde et les autres membres du gouvernement avaient soutenu que leur objectif était réaliste, le Premier ministre François Fillon jugeant même “atteignable” celui de 2,5% pour 2008.

La plupart des économistes indépendants, comme l’OCDE désormais, tablent pourtant sur une croissance bien inférieure, d’environ 1,8% pour 2007.

Et ils restent très, très prudents pour l’an prochain. L’OCDE a ainsi reconnu mercredi la difficulté d’évaluer précisément l’impact de la récente crise des marchés financiers sur l’activité mondiale, avertissant que ses prévisions pourraient encore être revues à la baisse d’ici la fin de l’année.

Interrogée dimanche sur la croissance française, Christine Lagarde avait elle-même répondu: “bien malin qui pourra dire à quel niveau elle sera cette année”.

“On attend un troisième et un quatrième trimestres forts, tous les indicateurs nous le confirment, donc nous allons attendre un peu les résultats du troisième trimestre”, a assuré la ministre trois jours plus tard, citant notamment un nombre “record” de créations d’entreprises en juillet.

Pour Jean-Philippe Cotis, économiste en chef de l’OCDE, c’est précisément du côté des entreprises que la France pèche. Alors qu’elle faisait mieux que la zone euro et l’Allemagne à la fin des années 90, la situation s’est détériorée “quand il s’est agi de produire, car l’appareil de production n’a pas suivi”, a estimé l’économiste en chef de l’OCDE.

Une analyse partagée par Véronique Riches-Flores, économiste en chef à la Société Générale. “En France, c’est la désolation du côté de la production et des exportations”, estime-t-elle.

Pour M. Cotis, la “TVA sociale” pourrait être un remède car elle “aiderait la compétitivité des entreprises”. A court terme, une telle mesure “donne de l’oxygène” aux entreprises exportatrices car elle représente une taxe sur les importations et une subvention des exportations, souligne-t-il.

Un rapport d’évaluation sur cette “TVA sociale”, qui consiste à transférer une partie du financement de la Sécurité sociale des entreprises vers les ménages en baissant les cotisations patronales tout en augmentant la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), doit être remis la semaine prochaine au Premier ministre.

Parallèlement, Jacques Attali et sa Commission pour la libération de la croissance française (CLCF) récemment mise en place doivent faire d’ici la fin de l’année une série de propositions pour aller chercher “le point de croissance” qui manque à la France.

 05/09/2007 16:38:14 – © 2007 AFP