Pour combattre la pénurie, l’Allemagne s’ouvre à la main-d’oeuvre étrangère

 
 
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Angela Merkel avec le vice-chancelier, également ministre de l’emploi, Franz Muentefering, lors de la réunion du gouvernement à Meseberg le 23 août 2007 (Photo : Michael Urban)

[24/08/2007 14:48:20] BERLIN (AFP) Confrontée à une pénurie de main-d’oeuvre qui menace sa belle croissance, l’Allemagne a décidé de faciliter l’immigration de techniciens qualifiés d’Europe de l’Est, mais avec parcimonie et en jurant de ne pas laisser sur le carreau ses millions de chômeurs.

L’Allemagne va accueillir sans condition à partir du 1er novembre les ingénieurs en provenance des pays de l’Est de l’Union européenne, spécialisés dans l’électrotechnique et les machines-outils, a annoncé vendredi la chancelière d’Angela Merkel, à l’issue d’une réunion de la “grande coalition” (conservateurs/sociaux-démocrates) au château de Meseberg près de Berlin.

C’est un revirement dans la politique migratoire de l’Allemagne, qui voulait fermer son marché du travail au moins jusqu’en 2009 aux ressortissants des derniers pays à avoir rejoint l’Union européenne, pour combattre le dumping salarial.

Mais cette menace du dumping ne pèse plus très lourd face aux dégâts causés par la pénurie de main-d’oeuvre qualifiée dans un pays vieillissant.

Une étude commandée par le ministère de l’Economie estime que le manque de bras et de cerveaux coûte 20 milliards d’euros par an à l’Allemagne, ou 1% de son Produit intérieur brut (PIB).

Selon certains experts, le nombre de postes d’ingénieurs en souffrance dans les entreprises allemandes atteint 100.000.

La situation est telle que le groupe Siemens, fleuron de la technologie allemande, offre une prime de 3.000 euros à qui l’aidera à recruter un ingénieur.

Et l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) a appelé Berlin à réagir en ouvrant la vanne de l’immigration.

L’OCDE a été partiellement entendue, puisque le gouvernement de coalition a décidé de supprimer le principe de préférence nationale pour les ingénieurs issus de douze pays d’Europe centrale et orientale de l’UE. Jusqu’ici, un examen de leur dossier devait prouver qu’aucun Allemand n’aurait pu être engagé à leur place.

Par ailleurs, les étudiants étrangers, dotés d’un diplôme allemand, auront automatiquement le droit de travailler pendant trois ans en Allemagne.

Ces mesures devraient être soumises au parlement dès octobre.

“Ce sont de petits pas”, mais “pas aussi courageux que nous le souhaitions”, a commenté vendredi Achim Dercks, directeur de la Fédération des chambres de commerce et d’industrie allemande (DIHK), à la radio RBB.

Le gouvernement allemand a soigneusement évité de trancher sur le sujet qui fâche: le possible abaissement du plafond de revenus imposé aux étrangers qualifiés.

Un ingénieur étranger doit aujourd’hui prouver aux autorités allemandes qu’il gagne 85.000 euros par an pour décrocher un permis de travail. La ministre conservatrice de l’Education (CDU) Annette Schavan veut ramener ce montant à 60.000 euros.

Mais cette proposition est critiquée, dans un pays qui compte encore 3,7 millions de sans-emploi. Mme Merkel a pris soin vendredi de déclarer que la reconversion des chômeurs, et surtout des plus âgés, “avait la priorité.”

Un peu moins polémique, une autre idée fait son chemin en Allemagne, appuyée autant par le patronat que par des ténors sociaux-démocrates: un système d’immigration “à points”, inspiré du Canada.

Chaque candidat à l’immigration doit dans ce cas de figure cumuler un minimum de points, correspondant à son niveau d’études, son expérience professionnelle ou sa maîtrise des langues pour être admis.

“Nous ne pouvons pas nous permettre de prendre du retard dans la compétition internationale pour attirer les cerveaux”, a commenté vendredi Dieter Hundt, le patron des patrons allemands, partisan d’une telle solution.

Mais ce système est jugé trop laxiste par certains élus conservateurs, ce qui risque de rendre difficile un compromis au sein du gouvernement.

 24/08/2007 14:48:20 – © 2007 AFP