Inde : l’industrie automobile rêve de la voiture la moins chère du monde

 
 
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Un modèle Tata à l’usine du constructeur automobile indien à Pimpri le 18 juin 2007 (Photo : Indranil Mukherjee)

[25/06/2007 06:27:44] NEW DELHI (AFP) Les constructeurs automobiles rêvent de produire en Inde la voiture la moins chère du monde, à moins de 3.000 dollars, au moment où la compétition internationale s’aiguise sur le créneau des véhicules très bon marché.

Le français Renault et le japonais Nissan planchent depuis des mois sur une automobile à un prix imbattable, conçue et fabriquée au royaume des délocalisations et du travail à coûts réduits.

“Nous sommes en train de chercher comment, dans le cadre de l’alliance entre Renault et Nissan, nous pourrions produire une voiture à 3.000 dollars” (2.300 euros), a réaffirmé la semaine dernière Carlos Ghosn, PDG des deux groupes. Il avait évoqué ce projet en avril et Renault l’a confirmé ce mois-ci.

“Le plus probable est que, si nous fabriquons ce genre de voitures, cela se fera en Inde parce que les fournisseurs et les usines sont là-bas et que l’environnement y serait très favorable à une définition du produit, à une ingénierie et à une fabrication très frugales”, a ajouté M. Ghosn.

Car le patron de Renault-Nissan est convaincu que “la bataille entre constructeurs automobiles se déroule aussi sur le terrain des voitures bon marché”.

Et “l’Inde est mieux placée que la Chine grâce à ses faibles coûts de production et à une ingénierie de qualité”, juge Abhumanisme Sosat, analyste chez le courtier Sushil Finance.

Du coup, Renault, dont les ventes mondiales sont en baisse, mise beaucoup sur le sous-continent. Il y a lancé en avril sa berline à succès Logan, assemblée avec son partenaire Mahindra and Mahindra près de Bombay (ouest), au rythme de 50.000 unités par an.

Les deux associés vont construire une usine à Madras (sud), d’une capacité annuelle de 400.000 voitures, dont la Logan. Nissan les a rejoints dans ce projet de 686 millions d’euros.

En fait, le franco-japonais court derrière le conglomérat indien Tata, dont la filiale Tata Motors met au point une “voiture du peuple” à 100.000 roupies (2.500 dollars), de très loin la moins chère du monde.

Tata, qui fabrique déjà des modèles bas de gamme, espère lancer cette automobile hyper-compétitive avant la fin 2008. Un prototype est prêt. Ce devrait être une quatre places tirée par un minuscule moteur de 630 cm3, la cylindrée d’une moto.

Sur le même créneau, l’indien Xenitis, allié au chinois Guangzhou Motors, commercialisera fin 2008 sa “voiture populaire” autour de 2.500 dollars, a promis son directeur de la stratégie, Suparna Maitra.

Le roi de la mini-berline, l’indo-japonais Maruti-Suzuki, inonde depuis 25 ans le marché indien avec la Maruti 800, à peine plus grande qu’une Fiat 500, mais vendue 5.000 dollars.

Les Indiens étant friands de véhicules simples, le japonais Toyota, l’américain General Motors et le sud-coréen Hyundai, déjà implantés en Inde, lorgnent aussi sur cette future plate-forme de production de voitures à très bas prix. Dès 2009, l’allemand Volkswagen assemblera à Pune (ouest) 110.000 automobiles par an, de la taille de la Polo.

Pour l’instant, il n’y a que sept millions de voitures pour 1,1 milliard d’habitants sur les mauvaises routes d’Inde (contre une pour deux habitants en Europe ou aux Etats-Unis). Les Indiens ont acheté 1,1 million d’automobiles en 2005. Le chiffre devrait doubler d’ici à 2010.

Mais pour la première fois en trois ans, les ventes se sont tassées en avril et en mai à cause du niveau des taux d’intérêt. “Les crédits automobiles sont au plus haut”, confirme Govindarajan Chellappa, du Credit Suisse, obligeant les concessionnaires à accorder des rabais et poussant les constructeurs à baisser leurs tarifs.

 25/06/2007 06:27:44 – © 2007 AFP