Les syndicats du Vieux continent réunis à Séville pour “l’Europe sociale”

 
 
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Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso à l’ouverture de la Confédération européenne des syndicats à Séville, le 21 mai 2007 (Photo : Cristina Quicler)

[21/05/2007 12:28:34] SEVILLE (AFP) La Confédération européenne des syndicats (CES) a ouvert lundi son 11e congrès à Séville (Espagne) pour quatre jours, des assises auxquelles 81 syndicats de 36 pays tenteront d’établir une stratégie pour “faire de l’Europe sociale une réalité”.

Quatre ans après le dernier congrès à Prague – qui précédait l’entrée des pays ex-communistes dans l’Union européenne (UE) – et deux ans après le double “non” français et néerlandais au Traité constitutionnel européen qu’elle soutenait, la CES veut ouvrir une nouvelle page de son combat social.

Son secrétaire général, le Britannique John Monks, a d’emblée appelé les 700 congressistes “à passer à l’offensive” pour “faire de l’Europe sociale une réalité”.

Il a fustigé “l’orthodoxie” de la Commission européenne qu’il accuse de “mettre un frein aux progrès sociaux et environnementaux” afin de “concurrencer des pays moins chers”.

Or, “la clé de la réussite économique n’est pas la déréglementation”, selon M. Monks, mais “un partenariat social fructueux, les négociations collectives” et “des syndicats forts”.

Création d’un “marché du travail européen”, augmentations des salaires, régulation des fonds d’investissement, égalité hommes-femmes: les exigences syndicales sont nombreuses. Sans oublier le débat sur l’avenir institutionnel de l’Europe.

Invité de la journée d’ouverture, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a martelé aux syndicalistes la nécessité d'”adapter” les modèles sociaux européens tout en “gardant les valeurs qui ont fait de l’Europe un tel succès”.

Il a insisté sur l’importance des “valeurs et normes de la charte des droits fondamentaux”, un texte garantissant le droit de grève que les syndicats craignent de voir retiré du projet de Constitution européenne en cas d’adoption d’un “mini-traité” européen.

Les années passées ont été consacrées à “combattre les mesures néo-libérales, comme la directive +Bolkestein+ sur les services”, a expliqué M. Monks, dont le rapport d’activité a été adopté à l’unanimité. Les syndicats européens veulent s’appuyer sur Séville pour rebondir et peser sur les enjeux européens des années à venir.

Leur premier défi sera d’enrayer l’effritement des forces syndicales pour renforcer leur influence. Le taux de syndicalisation européen a chuté, de 50% en 1970 à 30% aujourd’hui, notamment du fait des suppressions d’emploi dans les industries traditionnelles (sidérurgie, mines, textile), anciennes places fortes syndicales.

Les membres de la CES veulent tendre la main aux jeunes, aux femmes, aux employés des services, des populations que les syndicats peinent à organiser.

L’organisation veut également se faire entendre pour encadrer le “marché du travail européen” prévu dans l’agenda social de la Commission européenne pour 2005-2010. La CES souhaite que l’ensemble des travailleurs de l’Union y trouve un socle de protections communes, pour éviter le “dumping social” aux dépens des pays plus avancés socialement.

Corollaire de cette idée, la CES plaide pour un renforcement, au niveau européen, du dialogue social avec le patronat. Elle souhaite la mise en place d’instances européennes capables de trancher les litiges entre syndicats et patronat du Vieux continent.

Les syndicats vont aussi appeler à une régulation des fonds d’investissement et à la prise en compte de la place des femmes à tous les niveaux, dans un souci d’égalité.

Des défaites syndicales subies ces dernières années – notamment par le syndicat allemand DGB, le plus important de la CES – font toutefois craindre aux organisations des pays latins une forme de “repli national” de syndicats peu soucieux de s’investir dans la confédération européenne.

 21/05/2007 12:28:34 – © 2007 AFP