Un auteur de sites internet pour prostituées condamné à 4 mois avec sursis

 
 
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La balance de la justice (Photo : Thomas Coex)

[08/03/2007 17:39:54] BOBIGNY (AFP) “Taniaescort.com”, “Jenniferblackescort.com”, “Panamabeautedesiles.com” et autres vitrines internet d’escort-girls ont valu jeudi à leur auteur, un jeune informaticien de 27 ans, d’être condamné par le tribunal correctionnel de Bobigny à quatre mois de prison avec sursis.

Nicolas Chevillard a été reconnu coupable de “proxénétisme aggravé” pour avoir créé entre 2005 et 2006 quatorze sites internet pour treize prostituées, dont une a été sa petite amie pendant plusieurs mois.

Ce jeune homme brun aux allures de gentil garçon un peu timide, titulaire depuis 2001 d’un DUT en télécommunications et réseaux, mais actuellement sans emploi, a obtenu que cette condamnation ne soit pas inscrite à son casier.

Il risquait jusqu’à dix ans de prison et 150.000 euros d’amende pour avoir favorisé entre 2005 et 2006 la prostitution de ces jeunes femmes grâce à “l’utilisation d’un réseau de télécommunications”, circonstance aggravante introduite dans le code pénal en juin 1998.

“Personne ne le considère comme +Le+ proxénète de la Seine-Saint-Denis”, mais “qu’il le veuille ou non, il est bien un proxénète”, a estimé la procureure Agnès Thibault en requérant six mois de prison avec sursis.

Le jeune homme travaillait comme administrateur réseau pour un prestataire d’IBM lorsqu’il est tombé amoureux en novembre 2004 de Pascaline, rencontrée dans une soirée. Celle-ci insistera, dit-il, pour qu’il réalise pour elle un site vitrine, avec offres et tarifs, qui lui permette d’être mieux remarquée sur un gros annuaire internet d’annonces très spécialisées.

Sa première prestation sera gratuite, mais les autres sites, facturés entre 600 et 1.000 euros, lui rapporteront 9.000 euros en un an.

“J’ai arrêté en juin 2006 quand j’ai vu que ça prenait de telles proportions”, explique Nicolas, “je n’ai jamais voulu en faire une industrie”. “Cela ne me correspondait pas”, ajoute-t-il, mal à l’aise et quasi-inaudible.

En juin 2006, le site de Pascaline www.ginger75.com, toujours actif à ce jour, est repéré par les ordinateurs de l’Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale (IRCGN) à Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) et les enquêteurs remontent jusqu’à lui. Il se sait recherché et se présente à la police, reconnaît les faits.

Devant le tribunal, il expliquera que, comme tout prestataire de site internet, il proposait “deux forfaits”, le site simple à 600 euros, le deuxième à 1.000 euros, avec référencement sur les moteurs de recherche, protection des photos, qu’il a prises lui-même dans certains cas.

Si dans le cas jugé à Bobigny c’est le bouche à oreille qui a fonctionné, certains informaticiens ou webmasters démarchent eux-même les prostituées, et ce type de délinquance sur internet se développe, selon un enquêteur.

“Il faudrait que les gendarmes de la section cybercriminalité quittent un peu leurs écrans et s’achètent La vie parisienne”, a fait remarqué au tribunal Me Nicolas Fakiroff, en confiant au tribunal ce magazine d’annonces sans équivoque, “acheté six euros en kiosque”, où pour 360 euros une prostituée peut s’offrir un encart.

S’il n’interdit pas la prostitution, le droit pénal réprime le proxénétisme et l’exposition de la prostitution. Et Me Fakiroff de demander: “qu’en serait-il si la prostituée constituait elle-même son site internet?”.

 08/03/2007 17:39:54 – © 2007 AFP