La truffe française à la recherche d’un plan de relance

 
 
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Une trufficultrice présente une truffe à un acheteur potentiel, le 5 décembre 2006 à Lalbenque (Photo : Lionel Bonaventure)

[05/01/2007 09:40:29] PARIS (AFP) Florissante au cours du dernier tiers du XIXe siècle, avec un record de 1.600 tonnes en 1868, la production française de truffes, qui ne devrait pas excéder la vingtaine de tonnes pour la campagne 2006-2007, est à la recherche d’un plan de relance pour faire face à l’invasion des truffes chinoises.

“Il faudrait doubler les surfaces plantées en arbres truffiers, actuellement de 10.000 hectares, mais nous n’arrivons pas à intéresser à notre plan la Commission européenne”, déplore auprès de l’AFP Jean-Charles Savignac, président de la Fédération française des trufficulteurs (FFT).

“Votre proposition d’une création d’une prime communautaire de plantation (…) ne s’insère pas dans les outils disponibles actuellement”, a répondu la commissaire europpéenne à l’Agriculture Mariann Fischer Boel, dans une lettre à M. Savignac, datée du 30 août.

La FFT, qui défend les intérêts des 20.000 planteurs et récoltants de truffes, entend désormais sensibiliser les parlementaires européeens à son plan de relance, même si seulement “quelques dizaines de familles vivent uniquement de la truffe en France”, selon M. Savignac.

Chute de la démographie paysanne, abandon des pratiques traditionnelles de cultures, reboisement et embroussaillement: les causes sont multiples pour expliquer la chute de la trufficulture en Europe.

Conséquence: les prix s’envolent. Ainsi, 160 kilogrammes de truffes ont été vendus à des prix oscillant entre 350 et 800 euros le kg, le 2 janvier, lors du cinquième marché de la saison à Lalbenque (Lot). Les professionnels ont payé de 350 à 450 euros le kg et les particuliers de 450 à 800 euros le kg.

La France, l’Italie et l’Espagne ne produisent plus qu’une centaine de tonnes de truffes noires par an et une cinquantaine de tonnes, principalement en Italie, de truffes grises.

En France, on trouve trois grandes zones de production de truffes: truffe noire dans le Sud-Ouest (Périgord, Lot, Charente) et dans le Sud-Est (Drôme, Vaucluse et Alpes-de-Haute-Provence) et truffe grise (Bourgogne et Lorraine).

Ce qui oblige à des importations de Chine, pays qui récolte environ une centaine de tonnes par an, dont la moitié est exportée en France et en Italie.

Mais il est facile de vendre à un consommateur non averti de la truffe de Chine (Tuber indicum) ou brumale (T. brumale), avec un arôme faible, en lieu et place de la truffe de Bourgogne (T. uncinatum) ou de la truffe dite du Périgord (T. melanosporum), la plus recherchée, surnommée le “diamant noir” par les gastronomes.

Pourtant, plusieurs établissements – notamment l’Ecomusée de Sorges (Dordogne), la Maison de la Truffe et du Tricastin à Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme) et la Maison de la Truffe du Lubéron à Ménerbes (Vaucluse) qui attirent plus de 30.000 visiteurs par an – informent sur les différentes espèces de truffe, “tubercule charnu couvert d’une espèce de croûte dure, chagrinée et gercée à sa superficie” selon une définition datant de 1711.

Pour populariser sa cause, la filière de la trufficulture française, qui estime générer un volume d’affaires total de 100 millions d’euros, a décidé d’organiser la première fête internationale de la truffe à Brive (Corrèze) les 2 et 3 février.

“Cet événement fédérera autour du monde de la truffe, les associations de producteurs, confréries, conservateurs, transformateurs, scientifiques et écrivains”, assure Jean-Pierre Francy, président du Causse Corrézien, le syndicat intercommunal qui gère le lac de Causse et la zone truffière au sud-ouest de Brive.

 05/01/2007 09:40:29 – © 2007 AFP