Starbucks veut croître à la “Mc Do” tout en gardant son étiquette “éthique”

 
 
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Un employé nettoie l’enseigne d’une franchise Starbucks à Pékin, le 2 janvier 2006 (Photo : Frederic J. Brown)

[01/12/2006 08:08:47] NEW YORK (AFP) La chaîne américaine de cafés Starbucks a récemment pris un virage agressif dans son développement, qui n’est pas sans rappeler celui de Mc Donald’s autrefois, mais le géant tente surtout de se démarquer par une image “éthique”.

Déjà leader du secteur avec plus de 12.000 cafés répartis dans 37 pays, le groupe de Seattle ne compte pas s’arrêter là. Il a annoncé jeudi l’ouverture de ses deux premiers cafés au Brésil, dernier développement en date d’un plan de croissance au pas de charge, avec 20.000 cafés aux Etats-Unis et 20.000 dans le reste du monde.

“Nous n’avons jamais été aussi enthousiastes ni aussi déterminés”, a prévenu début octobre Howard Schultz, le président du groupe.

Prochain marché d’expansion en vue: la Chine, où Starbucks table sur l’ouverture d’au moins une centaine de cafés par an. D’ici la fin 2007, le groupe compte aussi s’implanter en Russie, en Inde et en Egypte.

“Il réussit parfaitement à pénétrer des marchés comme la Chine, pourtant un pays de buveurs de thé, ou comme l’Autriche ou la France, malgré les cafés traditionnels qui y sont depuis longtemps installés”, observe John Owens, analyste de Morningstar.

Aux Etats-Unis, le taux de pénétration est encore plus visible — surtout dans les grandes villes où ses cafés se succèdent à un rythme serré.

Selon David Palmer, analyste de la banque UBS, “10% des clients contribuent à environ la moitié des recettes et vont chez Starbucks 20 fois par mois ou plus, ce qui suffit à justifier une multiplication des points de ventes”.

“Mc Donald’s a certainement connu une croissance similaire dans les années 1990”, estime John Owens.

Par comparaison, le groupe de restauration rapide possède aujourd’hui 30.000 restaurants dans plus de 100 pays.

Starbucks est d’ailleurs régulièrement comparé à ce symbole de la mondialisation. Le groupe de Seattle cherche à s’en démarquer, notamment par le cadre associant fauteuils et musique, “mais en réalité leur comptoir n’est pas tellement différent de celui de Mc Donald’s”, relève George Ritzer, professeur de sociologie à l’université du Maryland.

Et alors que Mc Donald’s a toujours vanté ses menus pas chers, Starbucks n’a jamais baissé ses prix, et les a même récemment augmentés. Pour un grand “Cappucino” ou un grand “Latte”, il faut désormais compter 4 dollars ou 1,70 dollar pour un simple espresso.

Si Howard Schultz lui-même a pris Mc Donald’s comme modèle de croissance, il a aussi dit vouloir bâtir “une entreprise avec une âme”.

Mais cette éthique a été plus d’une fois mise à mal.

Les détracteurs de Starbucks l’ont accusé de faire des bénéfices sur le dos des petits producteurs de café, exprimant notamment leur mécontentement sur le site www.ihatestarbucks.com.

Fin octobre, le gouvernement éthiopien l’a aussi accusé de spolier ses producteurs en refusant un accord sur la propriété de certaines marques de café purement éthiopien.

Une accusation dont la chaîne s’est vivement défendue avant de proposer au gouvernement du pays un compromis sur l’appellation des cafés concernés.

Depuis l’arrivée d’Howard Schultz à la tête du groupe en 1987, Starbucks a toujours prôné la responsabilité sociale et dit payer ses producteurs 23% au-dessus des prix du marché en moyenne. Malgré très peu de publicité, le groupe a réussi à associer l’image d’une entreprise “éthique” à son logo.

En 2005, les achats de café labellisés “commerce équitable” n’ont pourtant représenté que 3,7% du total.

Plus rare aux Etats-Unis, le groupe fournit une assurance santé complète à ses employés travaillant plus de 20 heures par semaine.

Selon David Palmer, “c’est parce que ses marges sur les boissons sont élevées qu’il peut se permettre de redistribuer de l’argent à son personnel”.

 01/12/2006 08:08:47 – © 2006 AFP