Les dessous français victimes d’une concurrence asiatique féroce

 
 
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Défilé de lingerie, ici Aubade, à Taipei, le 16 mars 2006 (Photo : Patrick Lin)

[28/11/2006 18:38:56] PARIS (AFP) Well, Dim, Aubade: les annonces de suppressions d’emplois et de délocalisations se multiplient dans le secteur de la lingerie et des sous-vêtements en France, confirmation douloureuse de ses difficultés à s’adapter à la concurrence du textile asiatique à prix cassés.

“L’année 2006 a vu une accélération” des plans sociaux, note Gaëlle Josse, analyste du cabinet Xerfi. “C’est une hécatombe, même s’il est vrai qu’on pouvait s’y attendre: Dim avait annoncé de telles mesures dès mai”.

La dernière annonce est venue lundi du sud de la France: Well, qui produit au Vigan (Gard) ses célèbres collants et chaussettes, a indiqué qu’il allait délocaliser l’ensemble de sa production vers l’Asie. A la clé: 300 suppressions d’emplois selon les syndicats.

Avant lui, le fabricant de lingerie fine Aubade annonçait en octobre la délocalisation de son activité d’assemblage vers la Tunisie et la suppression de 180 emplois à la suite de la fermeture d’un site dans la Vienne et du regroupement du personnel sur un autre.

Au printemps, DBApparel, qui regroupe les marques de lingerie Dim et Playtex, annonçait la fermeture d’un site dans la Nièvre et la suppression de 450 postes sur les 2.500 qu’il compte en France.

Les fabricants de maillots de bain ne sont pas en reste: Arena a prévenu mi-novembre qu’il pourrait fermer son seul site de production au monde, celui de Libourne (Gironde), qui emploie 170 personnes.

Ces sociétés ont vu leur compétitivité se détériorer dans un environnement bouleversé par la concurrence asiatique, particulièrement chinoise.

“Nous ne pouvons plus nous battre, nous ne sommes plus compétitifs”, confiait début octobre Daniel Carrière, directeur industriel d’Aubade: “plus de la moitié des sous-vêtements vendus en France est aujourd’hui chinoise”.

De fait, la levée au 1er janvier 2005 dans l’Union européenne des quotas d’importations de textile chinois a précipité l’avenir du secteur: rien qu’en 2005, les importations de sous-vêtements chinois ont bondi de 40,6%, selon le cabinet Precepta, filiale de Xerfi.

Parallèlement, les Français ont pris de nouvelles habitudes de consommation: exigeants, ils recherchent des produits de qualité, mais à des prix sages. Ce que les producteurs asiatiques sont désormais en mesure de leur fournir.

Résultat, les prix sur le marché des dessous chutent: de 6% en 2006 pour les slips et culottes, de 3% pour les soutiens-gorge, selon l’Institut français de la mode (IFM).

Une situation intenable pour les entreprises françaises. Chez Well par exemple, la baisse “continue” des prix de ventes pèse “lourdement” sur les marges, tandis que le repli des ventes dans le “chaussant” a amputé le chiffre d’affaires global d’environ 40% en cinq ans selon la direction.

Ces difficultés ne font que confirmer une tendance bien plus ancienne qui touche l’ensemble de l’industrie textile.

Entre 1995 et 2005, les plans sociaux successifs ont réduit de 40% les effectifs du secteur, passés de 136.600 à 81.920 l’an dernier, selon des chiffres de l’Unedic cités par l’Union des industries textiles (UIT).

L’avenir reste très incertain: si l’IFM table sur une hausse de 1,6% du marché de la lingerie et du chaussant en 2006, 2007 devrait voir un recul de 0,2%.

Pour certains, stabiliser la situation pourrait passer par des politiques de marketing plus aggressives. “Les Européens doivent capitaliser sur les marques et leur capital créatif”, soulignait mardi Michel Didier, directeur général de l’institut Rexecode. “C’est de l’immatériel, mais c’est du roc!”

 28/11/2006 18:38:56 – © 2006 AFP