Sommet UE-Russie : les dirigeants européens minimisent les frictions

 
 
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Le président russe Vladimir Poutine (d) et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso arrivent au sommet UE-Russie, le 24 novembre 2006 à Helsinki (Photo : Denis Sinyakov)

[24/11/2006 10:46:22] HELSINKI (AFP) Les dirigeants de l’UE ont tout fait vendredi pour dédramatiser les problèmes avec la Russie, à leur arrivée à un sommet avec Vladimir Poutine terni par le refus de la Pologne de lancer des négociations sur un vaste accord de partenariat euro-russe.

Bien qu’handicapés par ce veto, les responsables européens en ont minimisé les conséquences à leur arrivée à Helsinki.

“Evidemment ce serait mieux si (le veto) n’était pas là, a reconnu à son arrivée M. Solana, mais nous allons continuer à discuter, il peut être surmonté”.

La commissaire européenne aux Relations extérieures, Mme Benita Ferrero-Waldner, a aussi assuré que les relations entre l’Europe et la Russie n’étaient aucunement “gâchées” par ce blocage.

“On a plein d’autres dossiers à discuter. Nous avons un dialogue aujourd’hui. Le sommet a lieu”, a déclaré Mme Ferrero-Waldner aux journalistes.

“Nous travaillons ensemble sur des dossiers comme le Proche-Orient, l’Iran et la Corée du Nord. Il y a tellement de questions, il n’y a pas que cette négociation” sur l’accord de partenariat, a-t-elle ajouté.

Elle a souligné que cela n’empêcherait pas les dirigeants européens de parler de sécurité énergétique avec le président russe.

“Certainement, nous voudrions que la Russie accepte des principes commme la transparence, l’accessibilité du marché et la réciprocité”, a-t-elle souligné. “Ce sont les grands principes inscrits dans la Charte sur l’énergie, et Poutine a dit (lors du dernier sommet UE-Russie) de Sotchi qu’il les respecterait. Maintenant il faut voir”, a-t-elle ajouté.

Le futur accord de partenariat, qui pourrait prendre plusieurs années à négocier selon des diplomates européens, doit inclure un volet énergétique jugé crucial par les Européens, de plus en plus inquiets de leur dépendance envers les hydrocarbures russes.

L’UE achète plus de 40% des ses importations en gaz à Moscou, et plus de 30% du pétrole.

Les Européens parleront aussi avec le président russe de la menace qu’a fait planer Moscou d’introduire un embargo sur toutes les exportations européennes de produits animaux au 1er janvier 2007, en raison de l’entrée dans l’UE de la Bulgarie et de la Roumanie, touchés par la fièvre porcine.

La Commission européenne, qui a interdit l’exportation de toute viande porcine de ces deux pays jusqu’au 1er octobre 2007, considère avoir pris toutes les mesures nécessaires et estime qu’un embargo russe serait “injustifié”.

Là encore, M. Solana a appelé à “ne pas dramatiser” la situation”, estimant que le problème “pouvait être surmonté”.

M. Poutine n’a rien dit aux journalistes à son arrivée au sommet vendredi. Mais lors d’une rencontre jeudi soir avec la présidente finlandaise Tarja Halonen, il s’était dit prêt à discuter de ce problème avec les Européens.

Sans reprendre à son compte aucune menace, il avait néanmoins reproché à la Commission européenne de ne pas avoir discuté de l’entrée de la Bulgarie et de la Roumanie avec la Russie eu égard aux “questions qui sont de l’intérêt de tous”, comme ses conséquences sur la sécurité alimentaire.

“Ce n’est pas une manoeuvre politique mais un problème très pratique”, avait-il assuré.

Les dirigeants européens n’entendaient en revanche apparemment pas évoquer avec M. Poutine l’affaire de l’empoisonnement de l’ex-espion russe Alexandre Litvinenko, devenu citoyen britanique et très critique du Kremlin, mort jeudi soir à Londres dans des circonstances encore obscures.

“Nous sommes désolés pour sa famille mais nous ne savons pas grand chose”, a répondu le Premier ministre finlandais Matti Vanhanen, alors qu’on l’interrogeait pour savoir s’il aborderait le sujet avec le numéro un russe.

L’entourage de M. Litvnenko accuse les services secrets russes d’être derrière cet empoisonnement, même si ces derniers ont rejeté toute responsabilité.

Un porte-parole du Kremlin a estimé vendredi que c’était “aux services britanniques compétents de mener l’enquête” sur cette “tragédie”.

 24/11/2006 10:46:22 – © 2006 AFP