Chine : le scandale du Fonds de pension de Shanghai prend de l’ampleur

 
 
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Un building de Shanghai où auraient été investis illégalement des fonds publics, le 26 septembre 2006 (Photo : Mark Ralston)

[19/10/2006 10:26:39] PEKIN (AFP) L’affaire de corruption au sein du Fonds de pension de Shanghai, le plus gros scandale politico-économique en Chine depuis une décennie, a encore pris de l’ampleur jeudi, avec l’annonce de l’implication possible de l’ancien chef du Bureau national des statistiques.

Qiu Xiaohua, dont “la démission” a été annoncée la semaine dernière, fait l’objet d’une enquête interne liée à ce scandale qui a déjà provoqué le limogeage du numéro un local du Parti, a annoncé jeudi le porte-parole du Bureau national des statistiques (BNS), Li Xiaochao.

Le BNS est un organisme public clef, car il centralise toutes les données économiques et délivre le chiffre de la croissance chinoise, la plus forte au monde.

“Les départements concernés, alors qu’ils enquêtaient sur le cas du Fonds de pension de Shanghai, ont découvert que l’ancien chef du BNS, Qiu Xiaohua, était soupçonné de graves violations de la discipline”, a dit Li Xiaochao.

C’est le premier haut responsable de Pékin à être éclaboussé par le scandale touchant la capitale économique et financière.

“La Commission centrale de l’inspection de la discipline (du Parti communiste) enquête sur cette affaire” liée à la mauvaise gestion du fonds de pension de Shanghai, créé en 1998 et gérant plus de dix milliards de yuans (1,25 milliard de dollars), a-t-il ajouté.

Quelque 400 millions de dollars auraient été détournés afin de financer des investissements non approuvés par Pékin, en particulier dans l’immobilier.

La semaine dernière, l’agence officielle Chine Nouvelle avait annoncé que Qiu avait quitté son poste, sept mois seulement après sa nomination, sans fournir d’explication.

Un journal de Hong Kong, le South China Morning Post, avait évoqué des “spéculations” sur une possible enquête, tout en relevant, comme quelques autres rares médias ou personnalités, le côté “électron libre” de cet ancien professeur d’Université à temps partiel et chercheur de l’Académie des sciences sociales, formé à la finance internationale.

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Le N.1 du PC chinois de Shanghai, Chen Liangyu, à Shanghai, le 23 février 2003 (Photo : Liu Jin)

“Connu pour son franc-parler concernant les questions économiques”, selon le South China Morning Post, cet intellectuel né en 1958, qui a notamment étudié aux Etats-Unis (Stanford University), avait pris en mars la tête du BNS, dont il était directeur adjoint depuis 1999.

Depuis septembre, plusieurs hauts responsables de Shanghai ont été limogés dans le cadre d’une opération “mains propres”, parmi lesquels le premier d’entre eux, le numéro un du Parti communiste chinois de la ville, Chen Liangyu, qui était également membre du bureau politique du comité central, premier dignitaire d’un tel rang à être victime de la lutte anticorruption depuis plus de dix ans.

Mercredi, le quotidien officiel Shanghai Securities News a révélé que le patron de la Formule 1 en Chine, Yu Zhifei, directeur du circuit de Shanghai, hôte du GP de Chine le 1er octobre, a également été interrogé sur l’existence “d’opérations illégales” autour du circuit.

Des chefs d’entreprise sont également dans le collimateur.

Selon une revue économique locale, l’enquête a été étendue à une douzaine de promoteurs immobiliers qui comptent parmi les cinquante premiers de la ville.

Cette opération “mains propres” permet aussi au président Hu Jintao de faire le ménage à un an du Congrès, où se jouera sa réélection comme secrétaire général, et de se débarrasser des protégés de son prédécesseur, Jiang Zemin, qui lui font encore de l’ombre.

Cette série de limogeages apparaît aussi comme la volonté de Pékin de mettre au pas les provinces rétives à ses directives économiques visant à une croissance moins forte et moins inégalitaire.

 19/10/2006 10:26:39 – © 2006 AFP