Infogrames s’effondre en Bourse, le plan de désendettement ne convainc pas

 
 
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Le siège de l’entreprise Infogrames à Lyon (Photo : Philippe Merle)

[13/09/2006 16:32:55] PARIS (AFP) L’éditeur français de jeux vidéos Infogrames a vu sa valeur boursière s’effondrer d’un tiers mercredi après l’annonce d’un plan de désendettement très défavorable aux actionnaires existants et qui ne suffira pas à résoudre la chute de ses ventes et de sa rentabilité.

A la Bourse de Paris, le cours de la société lyonnaise s’est écroulé de presque 50% lors de sa reprise de cotation, et perdait encore 31% à 32 centimes d’euro vers 14H30 (12H30 GMT), portant la chute du titre depuis le début de l’année à 66%.

La cotation d’Infogrames avait été suspendue lundi, dans l’attente de la présentation d’un plan de restructuration financière.

Dévoilé mardi, il permettrait (s’il est approuvé par les actionnaires) de ramener en plusieurs étapes la dette nette du groupe à 24 millions d’euros, contre 191 millions fin juin.

Le groupe lyonnais a comparé son plan à ceux d’Alstom et du réassureur Scor, deux entreprises revenues récemment dans le vert après avoir frôlé la faillite: il donne “une vraie chance de rebond à notre groupe”, a affirmé son flamboyant PDG Bruno Bonnell en conférence de presse mardi.

Mais il va au passage réduire de 50 à plus de 80% (selon son degré d’application) le poids des actionnaires existants: “C’est un montage financier qui va permettre aux créanciers de reprendre en mains la société, au prix d’une dilution monstrueuse des actionnaires actuels”, résume Charles-Louis Planade, analyste à la société de Bourse Arkeon Finance.

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Le président directeur général d’Infogrames Bruno Bonnell, le 3 juin 2003 au siège lyonnais de l’entreprise (Photo : Fred Dufour)

De l’aveu même du PDG, l’application à 100% du plan donnera 49% du capital au fonds d’investissement britannique Bluebay Asset Management, qui obtiendra deux sièges sur les neufs du conseil d’administration.

La potion est donc amère pour les actionnaires d’Infogrames, alors que certains espéraient sans doute une opération plus favorable, tel qu’un rachat de la société, prime à la clé, par son concurrent Ubisoft.

D’autant que M. Bonnell n’a pas encore annoncé de nouvelles mesures pour redresser les activités et que les pertes risquent donc de s’accumuler de plus belle dès l’année prochaine.

“Certes, la dette va être pratiquement effacée mais 2007 risque d’être encore une année très difficile car le groupe a très peu investi dans de nouveaux jeux en raison de ses difficultés financières”, s’inquiète Charles-Louis Planade.

Le problème est de taille: en dépit d’un précédent plan de redressement, Infogrames a encore essuyé une perte opérationnelle de 149,8 millions d’euros lors de son exercice 2005/2006 (bouclé en mars), ce qui, rapporté à un chiffre d’affaires tombé à 391 millions d’euros, représente une marge négative de 38%.

“Les perspectives d’activités paraissent faibles, tandis que les coûts du groupe restent élevés, ce qui implique que le groupe continuera à brûler des liquidités juqu’à ce qu’un plan de restructuration opérationnelle en profondeur soit mis en place”, prévient Brice Mari, analyste chez Exane BNP Paribas.

En cause, le ralentissement du secteur, victime de l’attentisme des joueurs qui ont freiné leurs achats avant la sortie de la dernière génération de consoles de jeux.

Ces nouvelles plateformes, qui réclament de lourds investissements des éditeurs comme Infogrames, ont vu leur sortie retardée, la XBox 360 de Microsoft étant la seule à avoir été commercialisée.

Pour sortir du cercle vicieux, Infogrames va devoir relancer ses ventes en investissant dans de nouveaux titres, tout en réduisant encore ses coûts.

Parmi les solutions les plus probables et susceptibles d’être rapidement mises en oeuvre, une cession de la filiale américaine à problèmes Atari Inc paraît incontournable et pourrait être annoncée avant le vote des actionnaires sur le plan de désendettement, pour emporter leur adhésion.

Cette vente signerait certes la fin du rêve américain d’Infogrames mais remettrait de l’argent frais dans les caisses du groupe, et “le montant récupéré pourrait permettre au groupe d’investir dans de nouveaux jeux”, anticipe M. Planade.

 13/09/2006 16:32:55 – © 2006 AFP