La téléphonie mobile, lubie très lucrative pour distributeurs aguerris

 
 
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Enseigne d’un supermarché du groupe Carrefour à Mondeville, près de Caen, en décembre 2005 (Photo : Mychèle Daniau)

[08/09/2006 09:46:25] PARIS (AFP) Pour fidéliser une clientèle frivole et augmenter leurs profits, Auchan et Carrefour ont décidé de se transformer en opérateurs de téléphonie mobile (MVNO), un marché très fructueux dans lequel les retardataires n’ont déjà plus de place.

Auchan a annoncé le premier son intérêt pour ce marché en mai, suivi par Carrefour, puis l’enseigne de loisirs Fnac (groupe PPR). Attirés par le marché des nouvelles technologies, les distributeurs Darty et The Phone House ont décidé de leur côté de se lancer dans la connexion internet.

Seuls Auchan et Carrefour vont devenir de purs MVNO, ces sociétés mobiles qui n’ont pas de réseau mais achètent des minutes aux opérateurs mobiles “classiques” (SFR, Bouygues et Orange).

Auchan, qui s’est associé à SFR, devrait lancer son offre en automne et Carrefour (Orange) en début d’année prochaine.

“Notre volonté est de développer une offre de téléphonie mobile nouvelle qui nous permette de gagner des parts de marché”, explique Vincent Arnault, directeur de la centrale d’achats produits technologiques chez Auchan.

Alors que les offres des deux groupes ne sont pas encore dévoilées, les experts de la téléphonie mobile les donnent déjà gagnants.

Présents dans le secteur de la téléphonie mobile depuis 10 ans, Carrefour et Auchan vendent 2 millions de téléphones mobiles par an à eux deux.

Ils pourraient faire chacun entre 300.000 et 400.000 ventes MVNO par an, pour atteindre rapidement le million, selon un représentant d’opérateurs, qui ne souhaite pas être cité.

“Leur profil est très intéressant: ils ont des points de contact avec des dizaines de millions de Français tous les ans, ils ont des cartes de fidélité sur lesquelles ils peuvent faire du marketing direct et ils ont déjà une expérience dans les télécoms”, énumère de son côté Didier Quillot, PDG d’Orange France.

“Ces distributeurs seront des concurrents directs des opérateurs mobiles”, renchérit Michel Sastores, associé du cabinet OC&C Strategy Consultants.

Outre le profit financier, l’autre objectif de taille de Carrefour, Auchan et Fnac est la fidélisation des clients.

“C’est avant tout un moyen de fidéliser les clients existants. Il ne s’agit pas pour nous de gagner des parts de marché dans la téléphonie mobile”, affirme Lionel Jarlan, directeur achats micro-bureautique de la Fnac (groupe PPR).

Mais pour le moment, la prudence est de mise chez les autres enseignes de distribution. Pour Les Mousquetaires (Intermarché, Ecomarché, Netto) et Casino, la téléphonie mobile n’est pas à l’ordre du jour, alors que les Centres Leclerc n’ont pas souhaité s’exprimer sur le sujet.

“Pour Leclerc, il y a un vrai problème structurel à cause de son modèle d’enseignes d’indépendantes. Il faut l’adhésion d’une bonne partie des magasins”, estime M. Sastores.

Un frein qui n’effraie pas Système U (Hyper U, Super U, Marché U), un autre groupement d’indépendants, qui espère rejoindre le pelotons des MVNO l’année prochaine.

“Quand on est distributeur, on est obligé de se brancher sur les nouvelles technologies. Le consommateur change et son budget alimentaire se réduit au profit des dépenses Internet ou mobile”, souligne Thierry Desouches, responsable communication chez Système U.

“Certains adhérents estiment pour le moment que c’est encore une chimère. Mais en tant que distributeurs, on ne peut pas se laisser distancier. Il ne serait pas sain de passer à côté de ce créneau”, selon lui.

 08/09/2006 09:46:25 – © 2006 AFP