Eurotunnel : les créanciers en désaccord avant la décision du tribunal

 
 
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Un train Eurostar sort du tunnel sous la Manche à Coquelles, le 13 juillet 2006 (Photo : Denis Charlet)

[23/07/2006 14:43:15] PARIS (AFP) Les créanciers d’Eurotunnel n’ont toujours pas réussi jusqu’ici à trouver un accord pour refinancer la dette colossale de l’exploitant du tunnel sous la Manche, deux jours avant la décision du tribunal de commerce sur la mise en place d’une procédure de sauvegarde (gel des créances) demandée par le groupe.

Tout espoir n’est cependant pas perdu car “des discussions vont se poursuivre de manière informelle” sur la dette de 9 milliards d’euros, selon une porte-parole des créanciers obligataires.

Mais les chances de trouver un consensus rapidement étaient jugées minces. Les créanciers, réunis jeudi à New York se sont quittés sans s’être entendus, selon une source proche du dossier.

Selon une autre source contactée vendredi, “pour l’instant, il n’y a rien”. “Il n’y a pas encore grand chose de très concret qui sorte”, a-t-elle affirmé. Mais, a-t-elle nuancé, “les positions peuvent se rapprocher très vite ou s’éloigner très vite”.

Selon une porte-parole des créanciers principaux (“comité ad hoc”), les discussions ont eu lieu sur la base du plan signé fin mai par le comité mais rejeté par les créanciers obligataires, qui s’estiment lésés.

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Chiffre d’affaires et résultat net d’Eurotunnel

Actuellement, le “vrai enjeu” des tractations porte sur les chiffres, a ajouté la source proche du dossier: à savoir comment les créanciers se répartissent entre eux près de 2 milliards de dettes convertibles en titres proposés par la direction d’Eurotunnel.

Aucun représentant d’Eurotunnel n’a participé aux discussions outre-Atlantique, conformément aux déclarations du PDG Jacques Gounon qui s’était la semaine dernière retiré des négociations.

“J’appelle de mes voeux les créanciers juniors et les créanciers subordonnés à négocier. Ca ne concerne plus l’entreprise, cela ne sert à rien de me demander de négocier”, avait-il déclaré au lendemain de l’échec de premières tractations entre direction et prêteurs.

Il avait alors demandé au Tribunal de commerce de Paris de lancer une procédure de sauvegarde de son entreprise. La décision a été mise en délibéré jusqu’à mardi. L’audience débutera à 14H30 et sera publique.

S’il était accordé, ce nouveau dispositif, prévu à l’origine pour éviter la liquidation judiciaire aux PME, lui permettrait de geler ses créances et le paiement de ses intérêts tout en continuant de fonctionner.

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Le PDG d’Eurotunnel Jacques Gounon, lors d’une conférence de presse à Paris le 13 juillet 2006 (Photo : Denis Charlet)

Le tribunal nommerait un ou deux juges mandataires chargés de mettre tout le monde d’accord.

Ainsi, même si les négociations actuelles n’aboutissaient pas avant cette date, elles pourraient reprendre, dans un cadre judiciaire cette fois.

Ces discussions, qui durent en fait depuis quinze mois, sont destinées à éviter à Eurotunnel le dépôt de bilan, inévitable dans six mois environ, lorsque le groupe devra commencer à rembourser ses premières dettes.

Selon Eurotunnel, l’entreprise a assez de liquidités pour faire face à ses engagements (salaires, fournisseurs…) jusque-là, sauf imprévu.

Enfin, si aucun accord ne devait intervenir, Jacques Gounon a fixé une ultime date butoir à la rentrée.

Si “fin septembre, Eurotunnel ne peut proposer de plan à l’Assemblée générale, il y aura liquidation”, avait-il affirmé.

Vraisemblablement, les banques principales créancières se substitueraient à l’entreprise concessionnaire pour se rembourser directement.

Mais quoiqu’il arrive à Eurotunnel, le tunnel lui-même, déclaré d’intérêt public, continuerait à fonctionner normalement.

 23/07/2006 14:43:15 – © 2006 AFP