UTICA : Bien lancé, le «train» du congrès bloqué à Sfax

 
 

utica2.jpgLe 8
juillet, l’UTICA devait avoir bouclé le seizième congrès d’une union
régionale. Mais deux jours avant la tenue du congrès de Sfax, le bureau
exécutif en a annoncé le report sine die, et le gel de l’activité de M.
Moncef Khemakhem, ancien président de cette structure, limogé il y a
quelques semaines et faisant depuis le 6 de ce mois l’objet d’une mesure de
gel de son activité au sein de la centrale patronale.

Pour l’Union Tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat
(U.T.I.C.A.), 2006 est l’année d’un grand défi : le congrès. Dans la vie
d’une organisation, le congrès est l’événement le plus important parce qu’il
en façonne, pour plusieurs années, la composition et les équilibres
internes, la vision, et les relations avec l’environnement
socio-politico-économique du pays. Et, bien sûr, ce moment particulier est
d’autant plus important que l’organisation concernée l’est sur l’échiquier
national. L’ U.T.I.C.A. étant, avec l’U.G.T.T., l’U.T.A.P. et l’UNFT, l’une
des quatre plus grandes organisations nationales, son congrès constitue par
conséquent un enjeu national et un événement qui s’étale sur près de dix
mois.

Lancé en début d’année, le processus devant culminer en novembre 2006 avec
le congrès national proprement dit est visible en partie seulement, car une
bonne partie des préparatifs -élaboration des documents, logistique,
relations extérieures- se déroule derrière la scène. Si l’on excepte le
congrès national, les congrès des chambres syndicales régionales et des
unions régionales -au total 1.500 structures- constituent la partie la plus
visible de l’iceberg.

Plus de 30.000 opérateurs économiques y ont pris part. Jusqu’à début
juillet, 1.450 sur les 1.500 chambres et unions régionales ont été
renouvelées dans une proportion de 65% pour les bureaux exécutifs et de 33%
pour ce qui est des présidents.

Les fédérations vont aussi tenir leurs AG électives une fois que les
chambres syndicales nationales qui les composent auront été renouvelées.
Outre qu’on va assister à la création d’une fédération regroupant les
chambres du secteur des nouvelles technologies et, éventuellement, d’une
autre dédiée aux métiers du tourisme -à l’exception de l’hôtellerie-,
certaines fédérations existantes (comme celles du textile et de
l’agroalimentaire) ayant atteint une taille «trop grande» pourraient être
restructurées.

Sur les 23 unions régionales, quinze ont déjà tenu leurs congrès
sous la présidence de M. Hédi Djilani, président de l’organisation dont le
discours tourne invariablement autour de quelques idées-clefs.

En effet, à l’adresse des hommes d’affaires, M. Djilani rappelle l’entrée de
la Tunisie en 2008 dans une phase d’ouverture économique totale, en souligne
les répercussions pour le pays et les efforts qu’une telle situation leur
impose de faire.

A l’égard des partenaires sociaux -des représentants de l’UGTT, de l’UTAP,
de l’UNFT et de l’ODC- sont systématiquement invités à tous les congrès-, le
président de l’UTICA développe un discours de la main tendue dans lequel il
affirme que «la vraie protection de l’entreprise et de l’emploi ne réside
pas dans la confrontation, mais dans la solidarité entre toutes
les parties, le travail collectif en vue de relever le défi de la
concurrence et d’assurer aux produits tunisiens sur le marché local”.

Sur les huit congrès d’Unions régionales restant, sept sont programmés et un
a été «déprogrammé» cette semaine, après avoir été annoncé pour le 8
juillet. Il s’agit du congrès de l’UR de Sfax, théâtre d’un bras de fer
entre le bureau exécutif national et le président sortant -et démis de ce
poste il y a quelques semaines-, M. Moncef Khemakhem.

En effet, le bureau exécutif a publié jeudi 6 juillet un communiqué dans
lequel il a annoncé le report du congrès de l’UR de Sfax, l’«annulation de
toutes les candidatures au bureau exécutif de l’Union régionale de Sfax». La
porte sera de nouveau ouverte aux candidatures «après la fixation d’une
nouvelle date pour la tenue du congrès».

Tout comme la décision de destitution de M. Khemakhem de la présidence de
l’UR, prise il y a près de trois mois, le communiqué du bureau exécutif ne
motive pas le gel de son activité. Dans les coulisses de l’UTICA, on assure
que M. Djilani «n’a pas de problème personnel avec M. Khemakhem» dont,
souligne-t-on, il a favorisé l’accession à la présidence de l’Union de Sfax.