Le secteur aérien, dans le rouge, blâme le pétrole cher et les taxes

Par : Autres

 

Le secteur aérien, dans le
rouge, blâme le pétrole cher et les taxes

___________________________________

 

SGE.DKO30.050606141131.photo00.quicklook.default-172x245.jpg

Le directeur général de
l’IATA Giovanni Bisignani lors de son assemblée générale annuelle, le
5 juion 2006 à Paris

Les compagnies aériennes essuieront encore des
pertes de 3 milliards de dollars en 2006 sous l’effet du pétrole cher, a
averti lundi l’Association internationale du transport aérien (IATA), qui a
dénoncé “l’overdose de taxes” qui freine son retour à la rentabilité.

 

Lors de son assemblée générale annuelle,
l’IATA, qui regroupe 265 compagnies représentant 94% du trafic aérien
international, a relevé sa prévision de pertes pour l’année, jusqu’ici fixée
à 2,2 milliards de dollars.

 

En cause, une facture carburant attendue à 112
milliards de dollars contre 91 milliards en 2005, qui représentera à elle
seule 26% des coûts d’exploitation du secteur.

 

2006 s’annonce ainsi comme la 6e année
consécutive de perte pour le transport aérien. Depuis 2001 et les attentats
du 11 septembre qui avaient plongé le secteur dans la crise, le déficit
cumulé atteint 40,7 milliards.

 

“Le pétrole reste l’inconnue majeure. La hausse
des prix nous vole notre rentabilité”, a expliqué le directeur général de
l’IATA, Giovanni Bisignani, qui table cette année sur un prix moyen du baril
à 66 dollars.

 

Toutefois “nous commençons à voir la lumière au
bout d’un tunnel de cinq ans”, grâce à la chasse aux coûts entreprise par
les compagnies et la nette reprise du trafic mondial de passagers qui
devrait progresser de 6,7% cette année, a-t-il souligné.

 

“Si le prix du baril se stabilise, nous
pourrions enregistrer un petit bénéfice l’année prochaine”, a-t-il estimé.

 

“Nos efforts ont fait passer le point
d’équilibre du secteur d’un prix moyen du baril de pétrole de 14 dollars à
50 dollars”, s’est félicité M. Bisignani.

 

Au total, l’industrie a fait baisser ses coûts
hors carburant de 13% en cinq ans et compte poursuivre dans cette voie.

 

Parmi les priorités affichées par l’IATA,
figure la disparition du billet d’avion papier au profit du billet
électronique, programmée pour fin 2007, qui doit permettre d’économiser 3,5
milliards de dollars par an. Près d’un billet sur deux est d’ores et déjà
électronique.

 

Mais les compagnies estiment que leurs efforts
pour sortir de l’ornière sont freinés par la hausse des redevances
aéroportuaires et la multiplication des taxes. “Ne nous tuez pas avec une
overdose de taxes”, a martelé M. Bisignani.

 

“Nous ne pouvons pas continuer à payer pour
l’inefficacité des aéroports”, s’est-il insurgé, chargeant en particulier
Aéroports de Paris (ADP), qui compte augmenter ses tarifs de 5% par an
jusqu’en 2010.

 

Le commissaire européen aux Transports Jacques
Barrot a promis “une proposition législative avant la fin de l’année” sur
les redevances.

 

L’IATA s’est également élevée contre la
multiplication des taxes imposées au secteur aérien, dont la taxe de
solidarité sur les billets d’avions voulue par le président français Jacques
Chirac.

 

“La proposition ne fonctionne pas ailleurs
qu’en France”, a dit M. Bisignani. “Mais c’est une petite victoire dans une
guerre aux nombreux fronts”, a-t-il nuancé, citant de nouveaux projets de
taxation de l’aérien en Inde ou en Suède.

 

M. Bisignani a appelé de ses voeux une
libéralisation totale du secteur qui pourrait selon lui rapporter 12
milliards de dollars aux compagnies, en déplorant le gel des négociations de
“ciel ouvert” entre les Etats-Unis et l’Europe.

 

M. Barrot a rappelé que les discussions
achoppaient sur le contrôle des compagnies aériennes américaines. Pour lui,
l’avenir du secteur passe aussi par des “accords stratégiques avec la Chine,
l’Inde, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Chili ou la Russie”.

 

 

© AFP 2006

Photo : Joel Saget