La planète pétrole dialogue et s’inquiète, l’Opep s’avoue impuissante

Par : Autres

 

La planète pétrole dialogue
et s’inquiète, l’Opep s’avoue impuissante

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Les participants au 10e
Forum international de l’énergie à Doha au Qatar, le 24 avril 2006

L’Opep, réunie lundi à Doha en marge du Forum
International de l’Energie a renoncé à pomper plus de brut en dépit des
cours records, tandis que pays consommateurs et producteurs d’énergie
poursuivaient un dialogue qu’ils espèrent efficace à terme dans la
prévention des crises.

 

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole
(Opep) ne va pas, comme l’avait proposé la veille le Koweït, mettre à
disposition du marché toutes ses capacités de production inutilisées, car
elle estime que le marché est déjà surapprovisionné, a-t-elle indiqué à
l’issue de la réunion informelle qu’elle a tenue à Doha.

 

Elle a toutefois saisi l’occasion pour
“réaffirmer (son) engagement ferme et prouvé à fournir un approvisionnement
de brut adéquat aux pays consommateurs”.

 

Les cours continuaient lundi d’évoluer à des
niveaux proches des nouveaux records atteints vendredi, à plus de 74 dollars
le baril à New York, assurant des recettes en conséquence aux pays
producteurs et menaçant de plus en plus la croissance mondiale, selon les
grandes institutions internationales.

 

“C’est le marché qui détermine le prix”, a
déclaré le ministre saoudien du Pétrole, et chef de file de l’Opep, Ali
al-Nouaïmi. “Que voulez-vous que nous fassions? Vous savez comme moi que si
le cours est là où il est, ce n’est pas à cause de pénuries
d’approvisionnement”, a-t-il ajouté.

 

Son homologue algérien, Chakib Khelil, a été
encore plus direct: selon lui, “l’Opep ne peut rien faire”.

 

Cette impasse sur la situation à court terme
n’a pas échappé aux ministres et responsables de la soixantaine de pays et
d’organisations internationales qui assistent au forum.

 

Ils sont tombés d’accord pour juger que bien
qu’aucune pénurie n’ait été ressentie, les cours du brut sont trop élevés et
trop volatiles, et que cette constante incertitude est nuisible aux
producteurs comme aux consommateurs.

 

Ils sont également tous d’avis que des
investissements massifs seront nécessaires dans les années à venir pour
tenir le rythme face à la gigantesque augmentation de la demande d’énergie
attendue chez les pays émergents

 

Mais le consensus s’arrête là,
reconnaissaient-ils peu avant la clôture lundi soir de leurs débats, qui ont
tous évolué autour de la question de la sécurité énergétique. Et la route
paraît encore très longue pour parvenir à ce que le marché fonctionne de
manière satisfaisante, au moins à moyen ou long terme.

 

“Il est important de clarifier ce que signifie
vraiment le terme +sécurité énergétique mondiale+”, a déclaré le secrétaire
général par intérim de l’Opep, Mohammed Barkindo, soulignant qu’il devait
s’appliquer à la demande autant qu’à l’offre et couvrir “toute la chaîne
d’approvisionnement sur tous les horizons prévisibles”.

 

Les pays de l’Opep évoquent amèrement la
dégringolade des cours subie en 1986 ou en 1998. Les pays consommateurs
répliquent que de telles circonstances ont peu de chances de se reproduire
au vu de l’essor que connaît l’Asie.

 

Ils continuent donc d’appeler à une
augmentation des capacités de production, mais se voient reprocher en retour
d’avoir trop longtemps négligé leurs raffineries, qui constituent
aujourd’hui un gros goulot d’étranglement pour le marché. Aucune raffinerie
n’a été construite aux Etats-Unis depuis trente ans.

 

De l’avis des experts, la question des
capacités de production excédentaires, qui servent de matelas de sécurité,
et sont actuellement jugées trop faibles tant dans l’amont (production) que
dans l’aval (raffineries) risque de demeurer un sujet brûlant pendant encore
plusieurs années.

 

 

 

© AFP 2006

Photo : STR