La tectonique de l’économique

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Par
Ibtissem

istambul1.jpgPour les non initiés, la
tectonique est une branche de la géologie qui étudie notamment le mouvement
relatif de l’écorce terrestre et essentiellement celui des différentes
plaques et des failles qui, lorsqu’il y a mouvement pour une raison ou une
autre , il y a des séismes souvent violents que l’on mesure par l’échelle de
Richter ; et si on regarde les différentes plaques, on s’aperçoit que la
stabilité tectonique est quasiment liée à la stabilité économique du pays et
quand une zone à risque devient stable économiquement et évolue, c’est
qu’elle a résolu la problématique sismique et socioéconomique de son assise,
comme c’est le cas du Japon par exemple.

Mais il y a des contrées qui se trouvent à la lisière de 2 plaques et
parfois de 2 continents, alors elles sont soumises aux soubresauts de ces
zones de frontière et ne savent plus où donner de la tête : le cas typique
est celui de la mythique Constantinople, devenue Istanbul et qui offre des
caractéristiques quasi uniques : construite sur 2 continents, elle a été la
capitale des Ottomans durant de longs siècles et les vestiges de cette
période sont encore nombreux –la mosquée Sainte Sophie a plus de 6 siècles
et le musée Topkapi recèle des merveilles de notre histoire– et depuis
quelques décennies, a tourné le dos à son passé et cherche à s’intégrer à
tout prix à une Europe qui lui tourne le dos …

Ce déséquilibre social se voit dans le fonctionnement de cette belle ville
où, pour faire plaisir au FMI, on pratique la vérité des prix –l’essence à
2,2 DT et le kilo de pain à 1 DT et l’accès au musée Topkapi à 20 DT – et ce
au détriment d’une couche sociale on ne peut plus défavorisée et cela se
voit de plus en plus dans la rue ou on est constamment abordé par des
demandeurs de tout et de n’importe quoi.

Et malheureusement, cette réalité n’est nullement reflétée par les rapports
des économistes sur les différents paramètres économiques d’un pays : PNB,
PIB, taux de chômage, taux de n’importe quoi et classements divers …, où on
oublie des choses simples tels que les coûts des besoins de base pour la
frange la plus pauvre de la population : le pain ou le riz, le logement, les
vêtements, l’eau, le transport, les soins de santé de base, c’est-à-dire
tous les éléments qui permettent un minimum de décence à la vie humaine.

Car on peut mesurer beaucoup de choses mais le bonheur de vivre reste une
notion subjective qui n’a pas pu être quantifiée et cela est valable aussi
pour des pays très développée comme par exemple la France qui, avec ses
20.000 euros de revenu par habitant, a déploré il y a quelques années 16.000
morts de la canicule, morts dans la plus grande solitude et dont certains
ont été enterrés par l’Etat, personne n’étant venu réclamer leurs corps
sans vie de ces personnes âgées victimes de l’espérance de vie ou plutôt de
sa désespérance, ou encore les USA, ce pays surpuissant qui, à ce jour,
n’est pas arrivé à soigner la capitale mondiale du jazz –la nouvelle
Orléans– de Katarina, il est vrai que le jazz, musique de la souffrance, a
été inventé par les Noirs victimes de la ségrégation et qui swinguaient en
murmurant quand l’un d’eux s’enfuyait vers le nord plus clément pour lui
signaler que la voie était libre …

Pour revenir à Istanbul qui, bien qu’elle progresse vite et où les
clignotants généraux sont au vert, et les notes accordées soient
satisfaisantes, on constate de visu que la paupérisation de la couche la
plus démunie s’accentue, et cela n’est pas du développement, car si la fin
justifie les moyennes, les moyennes n’ont plus de sens….