Euromed : La Politique européenne de voisinage est-elle un pas en arrière ?

Par : Autres

Euromed : La Politique européenne de voisinage est-elle un pas en arrière ?

 

euromed_02082005.jpgAlors que les accords de partenariat sont encore loin d’avoir été
généralisés à tous les pays sud-méditerranéens –au Maghreb, seuls la Tunisie
et le Maroc en ont déjà conclu et l’Algérie est en train de ratifier le
sien-, l’Union européenne a changé son fusil d’épaule pour proposer à ses
partenaires de la rive sud de la Méditerranée une nouvelle démarche baptisée
«Politique européenne de voisinage».

Dans son libellé initial, le nouveau statut proposé aux pays
sud-méditerranéens semblait plus alléchant, plus «généreux» de la part de
l’Europe, puisqu’on proposait à ces pays «tout sauf les institutions».

Concrètement, cela voulait dire que ces pays pourraient tout exporter sur le
marché européen –y compris les produits agricoles, exclus de la zone de
libre-échange euro-méditerranéenne- et enfin obtenir pour leurs populations
le droit –que l’Union européenne ne veut pour l’instant pas accorder- de se
rendre et de circuler librement en Europe.

Près de deux ans après l’annonce initiale et alors que les fameux «plans
d’action», qui doivent concrétiser la nouvelle démarche européenne, sont en
discussion entre l’Union européenne d’un côté, le Maroc et la Tunisie de
l’autre, la partie européenne semble être revenue sur son offre. Un pas en
arrière que plusieurs intervenants lors de l’édition 2005 de l’Université
d’Eté qu’organise l’Association Club Mohamed Ali de la Culture Ouvrière
(ACMACO).

La «lecture» la plus critique de la Politique européenne de voisinage
(P.E.V.) fut l’œuvre de M. Ivan Martin, économiste espagnol.

La zone de libre-échange Euromed devait, rappelle ce conférencier, rendre
les pays méditerranéens plus attractifs pour les investissements directs
étrangers, améliorer le taux de croissance de ces pays et augmenter le
nombre d’emplois créés, rappelle M. Ivan Martin. Et les fonds Méda étaient
censés aider les pays sud-méditerranéens à opérer la mise à niveau de leurs
industries, à garantir «un cadre macroéconomique stable et à favoriser leur
intégration régionale pour limiter les effets sociaux de la zone de
libre-échange». Malgré cela, le processus de Barcelone n’a pas eu les effets
positifs escomptés, estime l’économiste espagnol parce que «des chaînons
essentiels manquaient».

D’abord, l’accord de partenariat ne prévoit pas la libéralisation du marché
agricole. Ensuite, il n’y a pas d’intégration entre les pays du Sud. Dans le
cas du Maghreb, l’intégration «est la seule réponse à tous les défis»
auxquels les pays de la région font face en matière de compétitivité, d’IDE,
de croissance et de création d’emplois, affirme M. Martin.

Enfin, les moyens financiers alloués dans le cadre du programme Méda sont
«insuffisants». Sur ce plan, M. Ivan Martin est absolument formel : «dix ans
après le lancement du processus de Barcelone, les flux financiers nets
continuent à être négatifs pour les pays du Sud». Et ce déficit s’élève,
d’après l’économiste espagnol, à plus de 100 euros par tête d’habitant, et
«même en tenant compte des transferts des émigrés, il est d’au moins 50
euros».

Plus grave, alors qu’elle était supposée, d’après l’annonce initiale,
apporter un plus aux pays du Sud, la politique européenne de voisinage est
loin de tenir ses promesses initiales. «Il y a un décalage entre le
potentiel et les annonces politiques, d’un côté, et les réalités de
l’autre», affirme le conférencier.

En effet, le passage des accords de partenariat à la Politique de voisinage
se traduit par la perte de notions essentielles comme la logique de
l’intégration –remplacée par une liste d’actions à entreprendre et pour
lesquelles on reçoit une «récompense, l’idée de responsabilité
partagée–contrairement au partenariat, la Politique de voisinage est une
politique européenne et, enfin, les plans d’action (y compris ceux en cours
de discussion avec la Tunisie et le Maroc) sont des plans «bilatéraux, alors
qu’en novembre 2003, l’Union européenne envisageait des plans régionaux».

 


Moncef MAHROUG

 

 03
– 08 – 2005 :: 07:00  –  ©webmanagercenter