|     L’entreprise orientée stratégie (II)Par
 Mondher Khanfir
 
      
    Nous avons montré dans un précédent article que l’entreprise est un systèmecomplexe en mutation perpétuelle, qui intègre ses acteurs, et qui change de
 position d’équilibre sous l’impulsion de ceux-ci, pour s’adapter à son
 environnement externe et développer son potentiel de réalisation. Ainsi,
 pour franchir de nouveaux seuils de performance, l’entreprise doit
 simultanément formuler la bonne stratégie, et pousser plus loin les limites
 de son potentiel de réalisation. La notion de limite, sous jacente au
 potentiel de réalisation vient du fait que tout système est limité, et que
 pour aller au-delà d’un certain niveau d’activité (transformation des flux),
 il y a lieu de modifier le système lui-même.
     On cherche souvent à traduire ce potentiel de réalisation, combien mêmeintangible, en valeur économique. C’est par exemple le prix qu’est prêt à
 payer un investisseur pour acquérir les actions d’une société, ou encore,
 les fonds qu’une Start up est capable de lever grâce à une idée, un modèle
 économique et une équipe projet (sans pour autant avoir réalisé un chiffre
 d’affaires). Le potentiel de réalisation a trait donc au futur, et la
 manière de concevoir celui-ci.
     Pour être plus précis, nous proposons de définir le potentiel de réalisationcomme une combinaison de capabilités, dont les principales sont la
 capabilité cognitive et la capabilité organisationnelle.
     Nous consacrerons cet article à ce que nous appelons la capabilitécognitive, et son rôle dans la formulation stratégique. La notion de
 capabilité organisationnelle ayant déjà fait l’objet de plusieurs
 publications.
     Pour l’entreprise, la capabilité cognitive couvre la capacité à voir, lacapacité à comprendre et enfin la capacité à choisir sa ‘destinée’. Elle
 relève de l’intelligence humaine. Le rôle du chef d’entreprise n’est pas de
 se prévaloir de cette intelligence, mais de la stimuler et faire de sorte à
 ce que l’intelligence collective soit disponible et au service de son
 organisation afin d’élaborer la stratégie la plus pertinente et d’assurer
 les meilleures conditions pour sa réalisation.
 La capacité de voir, rejoint la notion de vision prospective. Il ne s’agitde voir et déchiffrer le présent uniquement, mais lire le futur à travers
 les réalités du présent.
 
 
 Comprendre est à considérer ici par rapport à des schémas logiques façonnés
 par l’expérience et le vécu. Il sous-entend une mémoire d’entreprise et une
 capacité d’apprentissage collective.
 Choisir est l’ultime acte ‘intelligent’ car il prouve la capacité del’entreprise à se projeter dans le futur et de prendre les décisions qui
 permettent d’atteindre de nouveaux seuils de performance. Choisir est une
 décision stratégique dès lors qu’elle émane de la connaissance des enjeux,
 des risques et du champs du possible.
     Un choix dicté par le hasard ou sans connaissances de cause, ne constituepas un acte « intelligent » car dépourvu de motivation stratégique.
     Développer sa capabilité cognitive permet concrètement à l’entreprise de sepositionner dans la chaîne de valeur, en captant les flux nécessaires à sa
 réalisation, et en identifiant les sources d’avantages compétitifs dont elle
 peut tirer profit aujourd’hui et demain (voir figure 1).
 
          En pratique, la capabilité cognitive est de plus en plus illustrée par desprojets tels que la veille intelligente, le Knowledge Management, la gestion
 des compétences, …etc.
     L’objectif de ces projets n’est pas de faire du capital immatériel unedescription exhaustive ou de le mesurer à l’aune d’outils sophistiqués, mais
 plutôt de relier la performance humaine à la stratégie, et d’augmenter la
 cohérence et cohésion du groupe, de sorte que l’intelligence collective soit
 supérieure à la somme des intelligences individuelles.
     Cette capabilité cognitive, mobilisée et combinée à d’autres actifsimmatériels, tels que la maîtrise technologique, l’innovation,
 l’interconnexion inter-entreprises et le travail en réseau produit un
 positionnement fort dans la chaîne de valeur et place l’entreprise dans les
 meilleures conditions pour choisir sa destinée faces aux forces
 concurrentielles qui agissent sur elle et son environnement.
     Comme l’équilibre est précaire, à peine atteint, l’entreprise doit penser àconquérir de nouveaux champs, réorienter son positionnement et rehausser son
 niveau d’intégration dans la chaîne de valeur, afin de générer un niveau de
 marge supérieur (profits tangibles) et valoriser son potentiel de
 réalisation (profits intangibles).
     D’où le recours au tableau de bord prospectif, qui permet d’évaluer lepotentiel de réalisation de l’entreprise et le relier à la stratégie. Il
 constitue en cela un outil décisionnel pour élaborer des hypothèses
 stratégiques et mobiliser les actifs immatériels afin de produire des
 propositions qui soient créatrices de valeur pour le client.
 
          Site Web : www.mkc-consulting.com
 
      
      
    21 – 02 – 2005 ::07:00
 
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