Patrimoine hôtelier : Le syndrome du Manuc’s Inn

Par : Autres

Patrimoine hôtelier

Le syndrome du Manuc’s Inn

Par
Maryam OMAR

 

A l’heure où le
secteur hôtelier Tunisien s’interroge sur la meilleure manière de remettre
en ordre de marche les vieilles unités qui se trouvent plus ou moins hors
classification à cause de leur état, ce même genre d’hôtel se trouve entouré
de la plus haute déférence sous d’autres cieux.

Pour ne citer qu’un exemple parmi tant d’autres et au sein d’un pays dont le
niveau général n’est pas très éloigné de celui de la Tunisie, il se trouve
qu’à Bucarest (Roumanie), l’hôtel le plus ancien encore en service est le
Manuc’s Inn. Celui-ci a été construit en 1808 et a connu une longue liste de
restaurations au cours de ses deux siècles d’âge : en 1848, 1863, 1966-1970
et 1991-1992. Aujourd’hui, il intègre un restaurant, plusieurs bars, une
pâtisserie et plusieurs boutiques et se trouve être, comme de juste, un lieu
typique de tourisme, de rencontres et d’exhibitions. Il faut dire qu’il est
devenu une «célébrité» au cours des années puisqu’il a accueilli les
pourparlers préliminaires qui finirent par mettre fin à la guerre
russo-turque de 1806-1812, il a été l’hôte du premier opéra roumain, il a
servi de lieu de meeting pour le parti wallachien pro-guerre avant que la
Roumanie entre dans la première guerre mondiale …

On ne rigole pas avec le patrimoine dans la vieille Europe et le Manuc’s Inn
n’en est pas le seul exemple. Car aussi loin que vous puissiez aller dans ce
continent, vous constaterez le nombre impressionnant de bâtisses
institutionnelles, touristiques, religieuses, culturelles… que l’on a tenu à
laisser telles quelles, comme pour souligner que tous ces pays ne viennent
pas du néant et que les ancêtres ont laissé quelque chose qui emplit
d’orgueil.

En Tunisie, l’incontournable mise à niveau du secteur hôtelier nous met
quand même devant un dilemme : toutes ces unités passées de mode
doivent-elles vraiment être remises au goût du jour ? Ne serait-il pas
préférable de lancer une étude en « intelligence culturelle » pour vérifier
si les grands spécialistes du patrimoine ne conseilleraient pas, pour
certaines unités, une alternative qui tienne compte de la valeur du
patrimoine ? Restauration ; voilà le maître mot !


 

04- 02 – 2005 ::
07:00

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