Où va la Sotetel ?

Par Khaled BOUMIZA

 

Il y a
quelques mois, la Sotetel changeait de patron, M. Ali Ghodhbani remplaçait
alors M. Hsoumi Zitoun (actuellement à la tête du centre d’études et de recherches des
télécommunications). Quelques semaines plus tard,
M. Godhbani est nommé à la tête de l’agence de régulation
des télécommunications et la sotetel est toujours dans l’attente de son
nouveau PDG. Entre temps, la Sotetel publie ses résultats semestriels,
un communiqué de presse présente les états financiers ainsi que de «sombres»
perspectives pour le reste de l’exercice 2004. Le bilan consolidé de 2003,
évoque une situation, plutôt confortable des entreprises filiales, de ce
qu’on pourrait appeler le «groupe Sotetel». On évoque pourtant, dans les
milieux financiers, le déficit d’une des filiales après un audit poussé.

Qu’en est-il exactement et serait-elle la seule filiale du groupe dans cet
état ?  Les chiffres du premier semestre 2004, seraient-ils toujours
valables ? Donnent-ils la même image que celle du communiqué du 25 novembre
2004 ? Qu’en est-il de l’avis du commissaire aux comptes ? Où va la Sotetel
? Pourquoi ce communiqué qui a beaucoup « dérangé » le marché boursier ?
Pourquoi a-t-il été délivré de cette manière et dans ce timing ? Beaucoup de
questions sans réponses , ou du moins ne sont-elles pas officielles !
Plusieurs hypothèses sont évoquées par certaines sources financières. Qu’en
est-il au juste ?

En juin, tout allait
bien …

Communiquant en juin, en présence de tout son staff et du commissaire aux
comptes, son bilan pour les six premiers mois de l’année 2004, M. Hsoumi
Zitoun, peignait aux intermédiaires en bourse un tableau rose. Malgré un
résultat nettement en baisse, par rapport à la même période de l’année 2003, le
total des produits d’exploitation était en légère hausse et un chiffre
d’affaires en progression de 5,4%, avec l’intensification de la prospection
en Algérie et en Mauritanie et l’ouverture, prochaine, d’une agence à
Tripoli.

En commutation d’Entreprises, on note une diversification de l’offre avec
2 marchés importants remportés en partenariat avec Siemens et Huwaei et la
participation à des appels d’offres dans des pays africains.

Pour le RLA, l’entreprise parlait alors d’un important marché remporté pour
l’équipement complémentaire de la zone nord des Berges du Lac et d’un autre
pour les travaux du GP11.

Pour les réseaux Mobiles, le management évoquait la signature d’un marché
avec Ericsson pour des travaux de construction d’embases de pylônes et d’un
marché de maintenance des stations de base avec Tunisie Télécom et un appel
d’offres remporté en Mauritanie pour l’extension des liaisons de
transmission FH pour le réseau GSM local . Le management concluait
même que «la SOTETEL était à ce jour-là une entreprise innovante et
performante capable d’accompagner le développement et la croissance du
secteur des technologies de la communication
».

… et en novembre, tout ou presque s’assombrit !

Suite à une réunion, le 24 novembre , c’est-à-dire 4 mois après la
nomination du nouveau PDG, le conseil d’administration se réunit pour
annoncer un bilan loin d’être prévisible. Baisse provisoire de l’activité,
particulièrement dans les réseaux publics, concurrence à la fois directe
pour les Réseaux Lignes d’Abonnés «RLA» (qui ne représenterait pourtant que
30% du chiffre d’affaires) et indirecte, baisse du volume de travail, impact
conjoncturel négatif sur la rentabilité de l’exercice 2004, engendrant une
baisse du résultat avant impôts, estimée à 55% au titre de l’exercice 2004 !

Le conseil essaiera certes de tempérer l’effet de cette annonce, lâchée sur
le marché au moment où l’action Sotetel est à la baisse, une tendance
accentuée par l’absence de toute communication et l’absence de timonier sur
le bateau de la Sotetel. Des phrases telles que «situation conjoncturelle»,
« atouts et points … technicité, expertise, position sur le marché »
seront répétés pour essayer de rassurer.

Le malaise n’était-il pas déjà perceptible depuis l’exercice 2003 ? Le 15
juin 2004, le conseil n’avait-il pas décider de modifier les états
financiers de l’exercice 2003, en raison d’une dette fiscale relative à des
exercices non prescrits. 
Le conseil demandera l’avis d’experts en février 2004. Il n’en sera informé
qu’en mai et il le mentionnera dans le rapport du commissaire aux comptes.
L’entreprise inscrira une réserve, pour risque fiscal, de 442.830 DT, que le
commissaire aux comptes jugera insuffisante, surtout que l’entreprise était
«sous contrôle fiscal approfondi» et exprimera une réserve sur
l’insuffisance de provisions.

 

Avec ces
deux communications contradictoires, quelle est la situation réelle de la
Sotetel et de ses filiales ? Les actionnaires, devraient-ils attendre la
publication des états financiers de l’exercice 2004 pour en savoir plus ? Wait and see…
 

 

13 – 12 – 2004 ::
07:00

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