Le secteur bancaire tunisien en 2002 : Reculer pour mieux provisionner

Par : Autres

    

Le secteur bancaire tunisien en 2002 : Reculer pour
mieux provisionner
 

Management &
Nouvelles Technologies – Magazine
On-Line : 21-04-2003 à
08:00


 

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215 MDT
de provisions,  en hausse de 47,3 % et 260 MDT de déficit de
liquidité à fin décembre 2002, dont 180 MDT pour 2 banques.

Une
contribution au financement de l’économie d’un montant de
18,8 Milliards de Dinars et 154 MDT de dettes radiées ou
cédées.

L’Union Internationale de Banques (UIB, la première banque privatisée dont
le groupe français, Société générale, détient 52%), a annoncé une chute de
71,8 % de son bénéfice net. L’UIB a en effet fait état d’un bénéfice net de
5,101 millions de dinars (3,9 millions de dollars) en 2002 contre 18,227
millions en 2001. Son bénéfice brut s’est contracté à 119,900 millions de
dinars contre 125,483 millions en 2001. Le produit des commissions a baissé
à 19,998 millions de dinars en 2002 contre 20,748 millions un an plus tôt,
les produits d’exploitation bancaires ont totalisé 120 MDT, en régression de
4,4 % et ce malgré un resserrement marqué des charges d’exploitation (+1,3 %
seulement), la banque enregistre un repli de 8,8 % de son PNB. Le produit
net des activités bancaires d’UIB ressort ainsi à 65,388 millions de dinars
contre 71,696 millions en 2001. Les provisions sont passé à 17 millions de
dinars contre 11,316 millions en 2001.

L’UIB est l’une des dix principales banques de dépôt tunisiennes à afficher
une diminution de son bénéfice net en 2002. Un tout récent rapport de la
Banque Centrale Tunisienne estime le résultat net de tout le secteur
bancaire tunisien en recul de 37 % au cours de l’année 2002, soit 89 MDT.
Pour tout le secteur le PNB (Produit Net Bancaire) s’est ainsi stabilisé à
152 MDT. Le secteur bancaire commercial tunisien a aussi enregistré, pour
cette même année, une chute de 37,6 % de son RBE (Résultat d’exploitation),
représentant la somme de 114 MDT.

Le résultat net de l’UBCI a ainsi reculé de 59 % passant de 27,6 à 18,3 MDT
(en plus d’un RBE en repli de 63 % et un PNB en recul de 2 %), La STB
enregistre un recul de plus de 50 % de son résultat net qui passe de plus de
41,3 MDT à 19,5 MDT cette année avec des produits d’exploitation bancaires
en baisse de plus de 7 MDT. La BNA voit, également, son résultat passer de
plus de 24 MDT à 14,6 MDT (-39 %), le résultat net de la BIAT recule de 33 %
malgré un PNB positif de 6 % et la Banque du Sud enregistre une baisse de 30
% de son résultat. Toutes ces banques, à l’exception de l’UIB, avaient
pourtant enregistré une croissance de leur chiffre d’affaire.
 


Unité : Millions de Dinars
Tunisiens

2000

2001

2002

Intérêts créditeurs et revenus

1 112,00

1240,6

1261,9

Interêts débiteurs et charges similaires

559,4

654,2

715,9

Marge d’interêt

552,6

586,4

546

Revenu Net Bancaire

879,7

941,8

941,1

Coût des opérations

422,8

465,2

502,4

Dotations aux provisions

163,7

201,2

214,6

Revenu d’exploitation

281,7

303,1

187,2

Résultat Net

225,9

240,8

152,2

 

Le rapport de la BCT attribue ces reculs à “l’importance des risques
additionnels qui se sont manifestés au cours de l’année 2002
“, dont
essentiellement le “risque Batam” selon d’autres sources bancaires.
Mais aussi “aux difficultés des secteurs de l’agriculture et du tourisme
qui ont affecté l’activité bancaire
” selon ce même rapport.

Une situation qui a nécessité donc le recours de la majorité des banques au
provisionnement. Une pratique “applaudie” par les analystes financiers qui
mettent en exergue le souci des banquiers tunisiens de la bonne santé de
leurs institutions, même si cela va, probablement, nécessiter un “sacrifice”
des actionnaires.

Le montant de ces provisions, pour tout le secteur bancaire, est estimé par
la BCT à 215 MDT, contre 146 MDT pour l’année 2001.

Deux banques au moins ont enregistré des résultats positifs. Il s’agit de la
BT dont le résultat net grimpe de 4 % (30 MDT contre 28,9 MDT) et l’ATB qui
annonce une hausse de 88 % de son résultat net (10 MDT contre 5,3 MDT).


Un bilan mitigé

Le “bilan de santé” du secteur en général établit par l’institut d’émission
précise, par ailleurs, que l’année 2002 a vu le repli de plus de 2 points du
total des ressources qui n’ont augmenté que de 1.129 MDT, contre 1.421 en
2001, essentiellement à cause de la baisse des dépôts à vue et des
certificats de dépôt. Les banques ont, pour y remédier, renforcer leur
action pour trouver les ressources nécessaires sous forme de dépôts à terme
(743 MDT), comptes d’épargne (306 MDT), ressources extérieures (361 MDT) et
autres crédits (186 MDT dont 71 en crédits obligataires).

Ceci n’a pas empêché 6 banques (le rapport ne les a pas citées) de dépôt à
rester, à fin décembre 2002, en dehors des ratios de liquidité. Résultat, le
secteur a terminé 2002 avec un déficit de liquidité de 260 MDT (certes
contre 675 MDT au 31 décembre 2001), dont 180 MDT pour 2 banques de la
place.
 

Unité : Millions de Dinars Tunisiens

2000

2001

2002

Ressources clientèle

15 318,60

16 350,60

16 932,40

Dépôts clients

12 869,50

14 180,80

14 773


Dépôts à terme et certificats de dépôt

3 617,90

4 094,90

4 663,50

Dépôts Epargne

4 353,50

4 731,60

5 037,40

Dépôt à vue

4 898,10

5 354,30

5 072,10

Intermediation financière

2 449,10

2 169,80

2 159,40

Autres ressources

1 999,80

2 388,40

2935,6

Total Ressources

17 318,40

18 739,00

19 868,00


Les banques ont aussi fait un
effort, jugé “en évolution modérée, fournissant les financements
nécessaires aux agents économiques sans aucune pression sur le plan de
politique monétaire”
selon le rapport de la BCT, qui indique un chiffre
en progression de 6,3 % contre 8,8 % une année auparavant, en matière de
financement de l’économie. Cet effort a totalisé 18,8 Milliards de Dinars.
Le caractère modéré s’est aussi illustré dans les crédits accordés.

A tout cet effort, il ne faut
pas oublier la radiation ou la cession d’une enveloppe de dettes de 154 MDT.


Ce léger repli de l’activité bancaire a laissé son empreinte sur les comptes
d’exploitations. C’est ainsi que le total de la marge d’intérêt a reculé de
40 MDT et ce des suites de l’importante hausse du poste “intérêts
débiteurs” et charges similaires. Il y a aussi la baisse de 4 points du
coefficient d’exploitation des suites d’une évolution à rythme inégale entre
le PNB et les coûts des opérations.


Il aura fallu l’augmentation de 22 MDT des bénéfices du portefeuille titres
et des opérations bancaires, pour que le secteur des banques de dépôt égalise
le PNB (Produit Net Bancaire) de 941 MDT, réalisé en 2001.

 

05-04-2003


Khaled
BOUMIZA