Tunisie – Environnement : La crise de déchets menace la paix sociale à Djerba

Par : TAP

djerba-environnement-680.jpgL’île de Djerba attend toujours une solution “urgente et audacieuse” au problème de gestion des déchets qui devient de plus en plus grave et qui met en péril la santé des citoyens, l’environnement et même la paix sociale.

Depuis la fermeture de la décharge contrôlée de Guellala, l’île s’est transformée en une poubelle à ciel ouvert et les décharges anarchiques ont envahi les rues, les trottoirs et les places publiques.

Les habitants de l’île, notamment ceux de Houmet Souk, optent, comme solution provisoire, pour l’incinération des ordures pour éviter les mauvaises odeurs et tout ce qui en découle, mais cette alternative est aussi dangereuse que ce soit pour la santé humaine ou pour l’environnement.

La société civile a tiré la sonnette d’alarme, face à la détérioration de la situation environnementale dans l’île et les mouvements de protestations se sont succédé; pour revendiquer une solution radicale au problème de la gestion des déchets.

Risques pour la santé, l’environnement et le climat social

Chedly Ben Massaoud, dermatologue, a déclaré à l’agence TAP que de nouvelles maladies ont fait leur apparition à cause de la prolifération et l’incinération des déchets, tels que la filariose à loa loa (localisation de vers dans l’œil), l’asthme, les allergies cutanées…

Selon des experts, la situation dans l’île pourrait avoir des impacts catastrophiques sur le milieu marin, la nappe phréatique, l’homme, la faune et la flore, donc sur tout l’écosystème.

La crise des déchets est aussi, à l’origine de confrontations entre les habitants de l’île, notamment, ceux des communes de Djerba Houmet Souk et Djerba Ajim, à la suite de l’installation d’une décharge anarchique à Ajim et entre les citoyens de la localité de Mellita (où se trouve une autre décharge anarchique) et ceux de Houmet Souk.

Pis encore, le secteur touristique s’avère un grand perdant de cette crise qui perdure devant l’incapacité des autorités de tutelle à trouver les solutions adéquates. Le président de la fédération régionale des agences de voyages, Hatem Mejlissi, considère que “le gouvernement est responsable de cette crise qui s’est répercutée sur la saison touristique et contribué à son échec”.

“Les résultats de cette saison sont de loin moins bons que l’été dernier”, a-t-il regretté, confirmant que “des TO internationaux ont arrêté leurs ventes sur la destination Djerba. c’est mieux ainsi, pour que les touristes ne voient pas la perle de la Méditerranée défigurée et une destination de renommée mondiale, transformée en dépotoir” .

Les professionnels du secteur estiment que la saison est menacée, soulignant que la situation environnementale dans l’île a rendu la vie impossible à ses habitants, alors que dire des touristes.

Le gouvernement jomaa est-il responsable?

La délégation spéciale de la municipalité de Houmet Souk, qui a démissionné le 8 juillet, en raison de son échec à trouver une solution au problème des déchets, juge que “le gouvernement est derrière cette crise et cette situation critique”.

Selon elle, “la nonchalance du gouvernement et son hésitation à adopter un projet de compostage et de valorisation des déchets dans la région ont semé le doute chez les habitants et donné libre cours aux rumeurs et par conséquent mené à son blocage”.

En effet, la délégation spéciale a voulu relancer ce projet qui s’inscrit dans le cadre d’un accord de partenariat avec le département français de l’Hérault, après la fermeture de la décharge de Guellala.

Cette décharge est toujours fermée, car les citoyens et les composantes de la société civile refusent sa réouverture et revendiquent d’autres solutions mieux appropriées aux spécificités de l’île, alors que le gouvernement la considère comme seule alternative pour résoudre le problème des déchets dans la région.

Des tentatives de réouverture du site ont déjà échoué et causé de confrontations entre les forces de sécurité et les citoyens, la destruction de tout un parc de véhicules des forces de l’ordre et la fermeture du poste de police de Guellela.

La société civile appelle le gouvernement à déployer un surcroît d’efforts pour trouver une meilleure solution qui respecte les spécificité de l’île. Elle suggère, en attendant l’exploitation de la décharge régionale de Bouhamed jusqu’à la réalisation du projet de gestion et de valorisation des déchets.

WMC/TAP