L’Indice de Performance des Ports à Conteneurs (CPPI) publié par la Banque mondiale et S&P Global a mis à nu, encore une fois, les fragilités structurelles de la logistique portuaire en Tunisie.
En témoigne le classement du port de Radès, principal hub tunisien pour le frêt conteneurisé. Sur l’ensemble des ports étudiés, le CPPI a classé le Port de Radès à la 251ᵉ au niveau mondial en termes de performance portuaire et 13ème au niveau africain.
Le CPPI calcule son indice sur la base « du temps total passé par les navires porte-conteneurs au port, depuis l’arrivée au mouillage jusqu’au départ du quai ». Il ne prend en compte que les ports à conteneurs, excluant les terminaux spécialisés dans le vrac, les hydrocarbures ou le trafic passagers, dont les logiques d’exploitation et les indicateurs de performance diffèrent
Principal point faible relevé par le CPPI au niveau du port de Radès, des délais de traitements très longs. Ils sont estimés par le classement à 86% supérieurs à la moyenne internationale.
Le classement du Port de Radès ne cesse de reculer
Signe qu’aucune amélioration n’ a été enregistrée en 2024, le classement de la Tunisie a reculé de 5 places par rapport à 2023 et de 19 places par rapport à 2022.
Les pays voisins ont fait mieux que la Tunisie avec des classements de rêve. PortSaid en Egypte a été classé 3ème et le Port Tanger Med au Maroc, 5ème. Cette performance s’explique, d’après les experts, par l’investissement lourd dans des systèmes de gestion avancés et d’équipements logistiques performants, leur permettant de capter une part importante du trafic maritime régional et de devenir des hubs incontournables pour le commerce international.
Les facteurs à l’origine du mauvais classement du Port de Radès
Pour revenir au Port de Radès, les experts, qui ont réagi à son classement à la 251ème place, ont attribué ce recul à plusieurs facteurs structurels : infrastructures vieillissantes, mauvaise gouvernance administrative inefficace, faible connectivité maritime…
Cette baisse de la performance logistique portuaire est due, également, au retard pris dans le démarrage des investissements (quais 8 et 9 au port de Radès, construction du port d’Enfidha, zones logistiques…), à l’inefficacité des services portuaires, au cadre réglementaire non encore finalisé, ainsi qu’au manque de coordination entre les structures. Concrètement, le port de Radès, tout comme les autres ports commerciaux du pays présentent le désavantage de ne pas pouvoir accueillir les navires de grande taille.
A titre indicatif, pour le cas du plus grand port commercial de Tunisie, en l’occurrence le port de Radès, la charge des navires doit être de 3.500 conteneurs, car l’infrastructure de ce port et sa profondeur (neuf mètres) ne permettent d’accueillir que des navires de 1.500 conteneurs au maximum. Ce qui provoque une perte d’économies d’échelle de plus de 1500 dinars par conteneur (chiffres de 2015).
Au rayon des solutions, les analystes soulignent qu’un renforcement des investissements et une modernisation urgente des équipements sont indispensables pour le port de Radès. Le développement d’infrastructures portuaires modernes, l’optimisation des procédures administratives et l’amélioration de la connectivité avec les réseaux de transport terrestre pourraient améliorer significativement la compétitivité du port tunisien.
ABOU SARRA