Comme par enchantement, en matière de phosphate, les bonnes nouvelles sur les perspectives de booster, durablement et régulièrement, la production de ce minerai très prisé à l’international, se succèdent au double plan de l’investissement et des débouchés à l’export. Quatre bonnes nouvelles tendant à améliorer la visibilité du phosphate tunisien sur le marché international méritent qu’on s’y attarde.

La plus récente nouvelle concerne le potentiel dont recèle la Tunisie dans ce secteur. Elle a été publiée, le 3 juin 2024, par la publication World Population Review  qui vient de dévoiler son tout nouveau classement 2024 des 5 pays, au monde, qui disposent des plus grandes réserves de phosphate.

D’après ce classement, le Maroc est le premier pays au monde en la matière et d’assez loin. Le Royaume aurait à disposition près de 70% des réserves de phosphate au monde, soit 50 milliards de tonnes.

La Tunisie classée 3ème en matière de réserves de phosphate

En seconde position, on retrouve l’Égypte, suivie de la Tunisie et de l’Algérie. Respectivement, ces trois pays disposent de 2,8, de 2,5 et enfin, de 2,2 milliards de tonnes de réserves de phosphates.

En cinquième position, on retrouve le tout premier pays asiatique, à savoir la Chine, avec ses 1,9 milliard de tonnes de réserve.

Les réserves de phosphate de la Tunisie se classent au troisième rang mondial, offrant un immense potentiel de production durable.

Par continent, l’Afrique est le premier continent à détenir 83% des réserves mondiales de phosphate découvertes et prouvées. Après suivent l’Asie, l’Afrique du Nord et l’Océanie. L’Europe, elle, n’arrive que très loin derrière.

Intérêt d’entreprises chinoises pour le phosphate tunisien

La deuxième bonne nouvelle est le fruit du rapprochement tuniso chinois. Elle porte sur les opportunités d’investissement dans ce secteur.

Au mois d’avril 2024, les négociations ont repris, à Tunis, entre le gouvernement tunisien et la société chinoise «Wengfu» chargée de réaliser la laverie de phosphate d’Oum Lakhcheb à Métlaoui (Gafsa).

Objectif : reprendre les travaux et résoudre les problématiques qui entravent la relance du projet.

Pour sa part la société sino-arabe d’engrais chimiques (Sacf) dont le géant China Blue Chem Ltd est le principal actionnaire a manifesté un vif intérêt pour le projet d’exploitation du phosphate du gisement de Sra Ouertane (des réserves d’un milliard de tonnes au nord-ouest de Tunisie).

Les pays d’Asie du Sud-Est émergent comme des marchés d’exportation prometteurs pour le phosphate tunisien

Exploité dans de bonnes conditions de paix sociale, ce gisement pourrait produire durant un siècle, annuellement et à lui seul, 10 Millions de tonnes. Est-il besoin de rappeler que depuis plus d’une dizaine d’années, la Tunisie ne produit, en moyenne, que 3 millions de tonnes par an.

La troisième bonne nouvelle concerne les débouchés à l’export. Lors de visites officielles effectuées, ces derniers mois, en Tunisie, de hauts représentants de pays du sud-est asiatique ont manifesté leur intérêt pour le phosphate tunisien.

A titre indicatif, lors de sa visite, les 21 et 22 décembre 2023, en Tunisie, la ministre indonésienne des Affaires étrangères Retno Marsudi a fait clairement état de la disposition de son pays à acheter le phosphate tunisien : “Nous envisageons la signature d’un accord pour multiplier les exportations de phosphate tunisien vers l’Indonésie“, a-t-elle déclaré.

Le phosphate et dérives, produits rentables à l’export

Au regard du quadruplement du cours du phosphate à l’international (400 dollars la tonne contre 100 dollars auparavant), la Tunisie devrait valoriser cette opportunité et en tirer le meilleur profit.

Une telle tendance est encouragée par la persistance du phosphate et ses dérivés en tant que produits stratégiques rentables pendant de longues années, voire des décennies.

Et pour ne rien oublier, la quatrième bonne nouvelle a trait à la dimension écologique que le gouvernement tunisien se propose de conférer, dorénavant, à la production de phosphate.

Veiller à la soutenabilité environnementale de l’industrie du phosphate

Ce dernier entend faire impérativement l’économie des erreurs commises dans le bassin minier de Gafsa et dans les industries chimiques de Gabès et de Sfax.

Les nouveaux contrats doivent prévoir principalement la soutenabilité sociale et environnementale des gisements et ne pas se préoccuper uniquement de la rentabilité économique.

A titre indicatif, la future société mixte qui va exploiter le gisement Sra Ouertane doit opter, obligatoirement, -bien obligatoirement- pour le transport souterrain du phosphate à travers la technique du Slurry pipe-line.

Le secteur du phosphate en Tunisie est sur le point de se transformer grâce à l’investissement, à l’innovation et à la durabilité

Nous pensons que les nouveaux investisseurs vont tirer le meilleur profit des résultats de l’étude intégrée en cours pour l’exploitation, dorénavant, du phosphate selon des critères favorisant l’acceptabilité sociale et écologique de ce minerai extrêmement polluant et nocif à la santé.

Pour mémoire au mois d’août 2023, l’International Finance Corporation (IFC), ex- Société financière internationale (SFI), membre du Groupe de la Banque mondiale a accordé, à la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG) un don de 7 MDT.

Ce don est destiné à financer une étude relative à un projet intégré porteur comportant le transport hydraulique du phosphate commercial, son alimentation en énergie propre (solaire) et son approvisionnement en eau dessalée.

Morale de l’histoire : nous attendons les résultats de cette étude.

ABOU SARRA