Des accords de prêt et de garantie d’un montant de 81,9 millions d’euros ( environ 276,14 millions de dinars) pour le financement du Projet d’amélioration de la qualité des eaux usées épurées pour une meilleure résilience aux changements climatiques (PAQEE-RCC) a été signé, mercredi, entre la Tunisie et la Banque africaine de développement (BAD).

Le PAQEE-RCC contribuera à la production des eaux usées traitées conformes aux normes, et ce, grâce au traitement tertiaire.

Le projet favorisera entre autres, l’irrigation de 3000 hectares de terres agricoles, l’amélioration des conditions de vie de plus de 670 mille citoyens dans les 11 gouvernorats et la création de 250 emplois directs et 1000 postes indirects.

Il porte notamment, sur le renouvellement des équipements électromécaniques et l’utilisation de l’énergie photovoltaïque dans 19 stations d’épurations dans les 11 gouvernorats concernés à savoir Nabeul, Zagouan, Béja, Jendouba, Kasserine, Sidi Bouzid, Sfax, Gafsa, Tozeur Kébili et Médenine.

Il s’agit de contribuer à l’amélioration du bilan hydrique, au renforcement de la résilience aux changements climatiques et à l’amélioration des conditions de vie, a indiqué la ministre de l’Economie et de la planification, Féryel Ouerghi.

Le projet PAQEE-RCC revêt une « importance singulière », en termes d’investissements inclusifs et durables, ciblant la mobilisation d’une ressource non conventionnelle pour l’agriculture qui ne dépend pas des aléas climatiques dans un contexte de sécheresse et de rareté des ressources en eau, ainsi que la diminution de la facture énergétique par le recours à l’énergie solaire, a-t-elle expliqué.

Et d’ajouter que ce projet s’inscrit dans une logique de consolidation des résultats de la première phase du PAQEE financé par la BAD et achevé en 2020.

En Tunisie, seulement 27 stations d’épuration sur un total de 125 sont équipées du traitement tertiaire, a rappelé la ministre de l’environnement, Leila Chikhaoui, ajoutant que l’ambition est d’équiper toutes ces installations de ce type de traitement.

Elle a précisé que la réhabilitation des stations déjà installées prend moins de temps que la construction de nouvelles.

De son côté, la directrice générale adjointe du bureau régional de l’Afrique du Nord de la BAD, Malinne Blomberg a rappelé que la situation hydrique actuelle a eu de réels impacts socioéconomiques, tandis que la réutilisation des eaux usées traitées ne dépasse pas les 10%.

Ce projet qui s’inscrit dans le cadre de l’économie circulaire montrera que la réutilisation des eaux usées traitées peut contribuer à l’amélioration du bilan hydrique face aux changements climatiques.

Il permettra également, selon cette responsable, le développement des énergies renouvelables et la réduction des couts d’exploitation, et ce, à la faveur de l’installation de 13 systèmes d’énergie solaire photovoltaïque au niveau des systèmes de traitement avec une capacité totale d’environ 6000 kilowatts

Elle a fait savoir par ailleurs que le nouveau Document de Stratégie Pays (DSP) qui couvre les opérations de la Banque en Tunisie durant les cinq années à venir (2024/2028) est actuellement en cours d’élaboration, ajoutant que l’eau est l’un des secteurs prioritaires de cette stratégie, et ce, dans une approche de Nexus Eau- Agriculture -Energie.

D’après Blomberg, le portefeuille de la BAD en Tunisie comprend 39 projets dans divers secteurs dont le transport, l’assainissement, l’énergie, l’agriculture et l’industrie…, pour un engagement financier de 6 milliards de dinars.

Pour sa part le PDG de l’ONAS, Abdelmajid Bettaieb, a fait savoir que le projet en question permettra essentiellement, de respecter les normes de rejet des eaux usées traitées dans le milieu récepteur et d’augmenter le taux de leur réutilisation.

Il a fait remarquer que le traitement tertiaire succède au traitement primaire et au traitement secondaire. Il s’agit d’une technique  basée sur l’utilisation de procédés chimiques et physiques permettant de débarrasser le phosphore et l’azote contenus dans les eaux pour les affiner.

La Tunisie compte 125 stations d’épuration permettant de collecter et de traiter chaque année environ 290 millions de mètres cubes, dont seulement 20% sont réutilisés dans plusieurs domaines dont l’agriculture (fourrages et arbres fruitières), l’industrie et le tourisme (terrains de golfe) et la l’alimentation des nappes phréatiques, a-t-il dit.