Venant de divers univers, étudiants, futurs diplômés, autodidactes, diplômés au chômage, ils sont tous porteurs d’idées de contenus artistiques et culturels. Retenus à la suite d’un appel à candidatures, ils se sont réunis depuis samedi 16 décembre 2023 autour du Créathon TACIR-Tunis #01, dans le cadre du programme TACIR (Talents-Arts-Créativité-Inclusion-Recherche) porté par l’association Amavi, et soutenu par l’Ambassade de Suisse en Tunisie, l’Ambassade de France en Tunisie, l’Institut français de Tunisie (IFT) et le projet Maghroum’in.

Le siège de l’association l’Art Rue Dar Bach Hamba, à la médina de Tunis, s’est transformé depuis samedi en une véritable ruche où des jeunes résidant dans le Grand Tunis (gouvernorats de Tunis, Ariana, Ben Arous et Manouba) présentent, façonnent et affinent leurs idées de projets culturels et créatifs (ICC), dans le cadre d’un atelier de design thinking et de mind mapping dirigé par les mentors.

Après ces trois jours de marathon d’accompagnement professionnel et technique, les participants pitcheront demain 18 décembre leurs diverses productions après avoir pris forme (capsule vidéo présentant un récit local identitaire, une expérience immersive, un documentaire, un jeu vidéo, ou des contenus web ou mobiles, etc), devant un jury composé de Salah Ben Youssef, Saima Samoud, Ines Bouraoui et Habib Bel Hedi qui évalueront et sélectionneront les projets les plus prometteurs pour intégrer les deux composantes clés de pré-incubation “Tacir Innov” et “Tacir-Créa”, où l’innovation, la passion et le talent sont les maitres mots.

Parlant de ce programme, la fondatrice de l’association du multimédia et de l’audiovisuel AMAVI et présidente de TACIR, Chiraz Laatiri a, dans un entretien avec l’agence TAP, expliqué que l’idée centrale de ce programme est l’inclusion sociale et l’insertion professionnelle pour un accès plus équitable à la créativité et à la culture en faveur des régions marginalisées, partant de la conviction qu’il est impératif de considérer la culture comme une économie et non pas comme un simple divertissement.

C’est pourquoi ce programme est structuré suivant plusieurs composantes dont Tacir Crea et Tacir Innov avec l’objectif commun d’accompagner les projets de l’idée au développement en offrant une incubation à même de soutenir les jeunes à créer leurs starts up pour devenir entrepreneurs ou à développer leurs produits créatifs pour devenir auteurs (film vidéo, expérience réalité virtuelle etc).

Ce programme qui vient de commencer par le Grand Tunis précisément dans les quartiers marginalisés est mené en collaboration notamment avec le collectif Mouvma à Raoued et Mass’art qui focalise sur la culture de proximité. Il sera implémenté d’ici 2026 dans 11 autres régions. Après le Grand Tunis, le programme fera escale au mois de janvier 2024 à Zaghouan avec l’association culturelle d’Ennadhour, avant de poursuivre à Redeyef à Gafsa, Gabes, Kébili, Béja, etc et où dans chaque région un partenaire associatif pilote le projet.

Lancé depuis avril dernier au Kef dans une expérience avec le Centre culturel Cirta ainsi qu’avec le centre culturel des arts et métiers (CCAM) à Semmama (Kasserine), ce programme a montré à travers ses multiples résidences et ateliers que le pays regorge de talents pluriels à l’image d’une Tunisie plurielle d’où d’ailleurs réside le challenge et l’ADN de ce programme: réduire la disparité d’accès à la culture en donnant la parole à ces jeunes de raconter par eux mêmes leurs propres récits, sans l’intervention, a-t-elle souligné, de quiconque dans le déploiement de ce programme financé dans le cadre de la coopération bilatérale, regrettant dans ce sens l’absence de contributions et de mécénat tunisiens.

Outre la formation et l’accompagnement, l’élément recherche est aussi présent avec le démarrage d’une étude sociologique sur l’économie culturelle et la situation précaire par rapport à l’accès à la culture avec la contribution d’une équipe de chercheurs, d’historiens, de psychologues, de sociologues, d’anthropologues pour ne citer que Kmar Bendana, Imed Melliti, Rim Ben Ismail, Kaouther Graidia, Zouheir Ben Jannet… Une fois prête, l’étude se veut, a-t-elle mentionné, un plaidoyer pour démontrer l’impact de ce programme, qui déploie une synergie entre training, création, innovation, diffusion et recherche, sur les orientations culturelles surtout en cette ère de l’image qui “nous surpasse et dépasse et qui mérite plus d’encadrement, plus de textes de lois en réfléchissant, par exemple, à une sorte d’Ai Act en Tunisie sur l’usage de l’intelligence artificielle en rapport avec la créativité, ses menaces et/ou ses opportunités”.