Selon les informations recueillis à l’Agence de la Promotion de l’Industrie (APII) les investissements déclarés dans le cadre des projets de création sont passés de 579.1 MD en 2022 à 815.7 MD sur les sept premiers mois 2023 enregistrant ainsi une augmentation de 40.9%.

Durant cette même période, l’investissement déclaré dans le secteur industriel a atteint le montant de 1487.7 MD, contre 1184.7 MD en 2022, enregistrant ainsi une augmentation de 25.6 %. Le nombre de projets déclarés a pour sa part atteint les 1814 projets contre 1691 en 2022 (+7.3%). Des projets qui permettront la création de 25424 postes d’emplois au cas où il se réalisent.  Les secteurs qui ont connu une croissance notable des investissements déclarés sont : les industries agroalimentaire (+6.9%), les industries des matériaux de construction, de la céramique et du verre (+231.3%) Les industries chimiques (+125.8%), les industries du textile et de l’habillement (+93.0%) etle secteur des industries diverses (+11.0%).

Les investissements déclarés touchant aux extensions, à la rénovation et au renouvellement des équipements sont pour leurs parts atteint 671.9 MD contre 605.7 MD toujours pour les sept premiers mois de l’année affichant une augmentation de de 10.9% avec un nombre d’emplois qui a atteint les 10725.

Les investissements déclarés ont augmenté de manière significative, passant de 579,1 MD en 2022 à 815,7 MD sur les sept premiers mois de 2023, soit une hausse de 40,9%

Dans les industries totalement exportatrices, les investissements déclarés ont enregistré une hausse de 21.0% passant de 519.0 MD à 628.2 MD jusqu’à fin juillet, ceux dont la production est orientée vers le marché local ont progressé de 29.1%, passant de 665.7 MD à 859.5 MD.

Les investissements industriels totalement étrangers ou en partenariat sont passés de 452.1 MD en 2022 à 331.2 MD pendant les 7 premiers mois 2023.

La question qui se pose est : quelles sont les chances pour que les investissements ou les projets déclarés soient concrétisés ? Parce que si les extensions ou le renouvellement des équipements ont de grandes chances de voir le jour car s’agissant de garantir la bonne marche de l’entreprise et d’améliorer son rendu, il n’est pas dit que les projets de création passent de l’intention à la réalisation !

Ni le ministère de l’Industrie dépourvu de ministre à ce jour, ni l’API ne peuvent nous donner avec certitude le pourcentage des projets qui viendront à être réalisés alors que l’Etat lui-même censé être la locomotive en matière d’investissement est au point mort.

Les secteurs en pleine expansion sont l’agroalimentaire (+6,9%), les matériaux de construction, la céramique et le verre (+231,3%), les industries chimiques (+125,8%), le textile et l’habillement (+93,0%) et les industries diverses (+11,0%)

Hechmi Alaya, analysant l’exécution du budget de l’Etat à fin juin 2023, l’a signifié dans le numéro 33 d’Ecoweek : « Les dépenses d’investissement ont subi le gros de l’effort d’austérité. Le ministère des Finances a opté depuis quelque temps dans la présentation de son rapport d’exécution du budget selon les normes internationales (celle qui est retenue par TEMA) pour la fusion de deux rubriques. Si bien que la comparaison avec les années précédentes des données sur l’investissement public proprement dit, devient malaisée. On notera simplement que les dépenses en capital s’établissent à fin juin 2023, en recul de -2,5% en g.a et affichent à mi-parcours de l’année un taux de réalisation de 30,0% contre un taux théorique de 50,0% ».

Une réduction du déficit budgétaire au détriment de l’investissement public !

A fin août 2023, le déficit de la balance commerciale a baissé de 5 milliards de dinars mais au détriment de qui et de quoi ? Les exportations ont, pour leur part, augmenté de 10,1%. (En 2022, elles avaient progressé de 24,4% sur la même période).

Les importations ont quant à elles reculé mais lesquelles ?

La baisse des importations est de l’ordre de 990 MD s’articulant ainsi :

-397 MD de moins sur les importations des céréales qui résulte, entre autres, de la baisse des cours mondiaux. Les récoltes céréalières 2022 ont été catastrophiques, la Tunisie passant d’une production de 750 000 tonnes à 250 000 tonnes. Soit 500 000 tonnes de moins qu’il va falloir compenser en s’approvisionnant sur le marché international en plus des quantités traditionnellement acquises pour répondre aux besoins du pays en céréales.

– une diminution du volume d’importations du café, de l’huile, et des produits pharmaceutiques (-25 MD), aussi des engrais et de certains intrants servant à la production industrielle et à l’investissement tels l’aluminium et l’ouvrage nécessaires au BTP dont les importations s’élevaient l’année dernière à 745 MD pour décroitre cette année à 722 MD.

Les infrastructures presque sorties du radar de l’investissement public depuis 2011, souffrent aussi du recul des importations d’équipements. A ceux qui se demandent pourquoi l’état des lignes ferroviaires du pays ne s’améliore pas, juste un indice : en 2022, l’Etat a importé pour 12 MD d’équipements de chemins de fer, cette année, il en a importé juste pour 2 MD., Le volume des importations utiles à la navigation aérienne en 2022, s’élevaient à 248 MD, il a été réduit, cette année, à 241 MD, ceci sans oublier les instruments de musique et les équipements sportifs, indispensables au bien être de tout individu, mais devenus superflus sous le règne des nouveaux décideurs.

L’État tunisien est confronté à des défis financiers, car les dépenses d’investissement ont été réduites, ce qui suscite des interrogations sur la croissance économique future

Il y a toutefois un élément qui ne peut passer inaperçu. C’est l’évolution hallucinante de l’importation du sucre et des sucreries. Ainsi, en 2021, la Tunisie a importé 167000 tonnes, en 2022,188000 tonnes et en 2023, 315000 tonnes alors que le sucre n’est pas disponible sur le marché national !  Pourquoi ? Mystère et boule de neige !

A voir et à revoir les indicateurs cités plus haut, se faire une idée claire sur une possible amélioration de la situation économique du pays est devenu un exercice difficile. Qu’il s’agisse de l’exécution du budget de l’Etat, de l’investissement ou du climat d’affaires, c’est la confusion qui règne.

La réduction du déficit budgétaire ou de la balance commerciale ne riment pas avec croissance économique ou création de richesses. Les déclarations d’investissements ne correspondent pas à des réalisations alors que la communauté d’affaires nationale désemparée ne sait plus vers qui tourner de la tête face à un Etat qui s’est non seulement détourné d’elle mais qui a engagé avec elle une ère qui rappelle celle de la chasse aux sorcières de l’époque maccartiste aux Etats-Unis.

Un Etat qui, au lieu de mettre au point des stratégies et des plans pour rassembler, rassurer et relancer l’économie se complaît dans des postures populistes qui séduisent pour l’instant une populace assoiffée du « sang des riches » se délectant des S17 mais jusqu’à quand ?

C’est la grande question d’autant plus que l’Etat, comme le signifie, encore une fois Hechmi Alaya « n’est pas (encore) en faillite mais il est en train de faillir progressivement à ses devoirs et obligations par manque de ressources financières » !