“Un pilote de traitement ” des eaux grises par un mur végétal réalisé par le Centre de Recherches et des technologies des eaux dans le cadre du projet NAWAMED ” Solutions basées sur la nature (NBS) pour la réutilisation de l’eau domestique dans les pays méditerranéens “, a été présenté, vendredi au CERTE, à Tunis.

Le projet NAWAMED, financé par le programme de coopération transfrontalière ENI CBC MED à hauteur de 90% avec un cofinancement de 10% du gouvernement tunisien, vise à favoriser la transition vers une approche intégrée de la gestion de l’eau et à promouvoir l’utilisation efficace des ressources en eau non conventionnelles dans les pays méditerranéens, a indiqué Latifa Bousselmi chercheure au CERTE.

Toujours selon elle, le mur végétal est un système de traitement des ressources en eau non conventionnelles qui n’est pas basé uniquement sur une expertise en génie civil et d’hydraulique mais aussi sur une collaboration étroite entre des experts en gestion de l’eau, agronomie, génie des procédés, génie sanitaire, architecture, paysage… Cet aspect multidisciplinaire permet d’avoir une approche holistique et de développer une solution durable.

Et d’ajouter ” ce mur, en tant que système végétal, peut favoriser la création d’un écosystème et améliorer la biodiversité. Il diminue localement, la température et absorbe la pollution de l’air. C’est aussi, une composante des villes vertes et durables qui permet une adaptation aux impacts des changements climatiques “.

Bousselmi a expliqué que cette expérience pilote réalisée en collaboration avec l’Institut national agronomique de Tunisie (INAT) et le foyer universitaire ” Les Jardins d’El Menzah” repose sur l’utilisation de technologies et de mesures innovantes, durables, économes en eau et à faible coût.

” L’un des principaux avantages de ce mur végétal est sa capacité à traiter les eaux grises provenant des douches de la cité universitaire et leur réutilisation pour alimenter les chasses d’eau avec un potentiel d’irrigation. Il s’agit, en effet, d’un réacteur de traitement complexe où eaux grises, plantes et substrats interagissent pour l’élimination ou l’assimilation de la pollution ou des nutriments.

Il est composé d’un mélange de substrats sélectionnés pour leurs capacités d’absorption, filtration, ou pour jouer un rôle spécifique dans le processus de traitement.

L’ensemble de ces substrats avec les différentes plantes qui ont été sélectionnées, permet le développement de plusieurs bactéries au niveau des racines des plantes qui contribuent au traitement. Une fois l’eau traitée, elle est stockée et désinfectée par rayonnement UV pour être utilisée au niveau des chasses d’eau. Cette technologie avancée permet ainsi de valoriser les eaux non conventionnelles en utilisant l’eau de manière circulaire “.

De son côté, l’expert dans la gestion des ressources en eau non conventionnelles, Ahmed Ghourabi a souligné l’importance de valoriser les eaux grises, dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques et le stress hydrique, d’autant plus que le traitement de ces eaux est possible grâce à des technologies simples.

Ghourabi a fait savoir que les eaux grises représentent presque les deux tiers des eaux usées domestiques, soulignant l’impératif pour l’Etat d’adapter ses politiques hydrauliques aux nouveaux défis et aux évolutions technologiques, au contexte tunisien.