CéralesDe nos jours, les Tunisiens importent au prix fort et en devises, 50% de leurs besoins en produits céréaliers, un taux susceptible d’atteindre 75% dans les prochaines années, avec la poursuite de la détérioration des conditions climatiques, selon l’Observatoire national de l’agriculture (Onagri).

Cette année, la situation va s’aggraver encore avec la sécheresse inhabituelle qui a sévi dans le pays durant la période hivernale (décembre-janvier– Fevrier ).

Conséquence : la Tunisie va être confrontée dans les prochaines semaines à un problème d’approvisionnement en céréales, plus de 80% de ses besoins (3 millions de tonnes environ). Elle va même souffrir lorsqu’on sait qu’un de ses fournisseurs traditionnels en céréales, en l’occurrence la France a décidé, pour des raisons la concernant, d’interdire à partir, du 25 avril 2023, d’exporter sa production céréalière en dehors de l’Europe.

Ce scénario tombe mal, très mal même lorsqu’on sait que la petite Tunisie a, déjà, beaucoup pâti, ces dernières années, de la pénurie des céréales par l’effet de trois crises exogènes concomitantes : sécheresse durant cinq années successives, la pandémie du Corona virus, guerre russo ukrainienne.

La Tunisie paie les erreurs de ses gouvernants

Face à ces crises et leur corollaire, la flambée du cours mondial des céréales, la Tunisie a trouvé d’énormes difficultés pour disposer des devises nécessaires pour payer ses achats à l’étranger.

Et comme un malheur ne vient jamais seul, les institutions financières conduites par le FMI refusent, depuis 2019, de lui accorder des crédits en raison, entre autres, de l’insoutenabilité de sa dette (plus de 100% du PIB) et du refus de la Tunisie de satisfaire les conditionnalités du FMI. Parmi ces conditionnalités figurent celles qui ont trait à la privatisation de certaines entreprises publiques, à la suppression des subventions dont bénéficient 70 % des tunisiens selon le ministre de l’Économie et de la planification Samir Saied.

La Tunisie aurait pu connaître une meilleure situation si jamais les gouvernements qui s’étaient succédé à la tête du pays depuis l’accès du pays à l’indépendance avait suivi des politiques incitant à la production nationale et à la réalisation de l’autosuffisance en produits stratégiques tel que les céréales.

Malheureusement, ces gouvernants appâtés par les solutions faciles dont la baisse à l’importation des cours des denrées alimentaires, ont préféré importer les céréales que d’en accroître la production. Ils n’ont pas, par conséquent, su prémunir le pays contre ces pénuries assassines, particulièrement, en temps de crise.

 L’exemple égyptien mérité d’être suivi

Néanmoins, en dépit de ces erreurs et de ses mauvaises politiques agricoles, certains pays qui ont connu les mêmes scénarios, sont parvenus à faire preuve d’ingéniosité et à atténuer l’impact négatif de ces crises. C’est le cas d’un pays comme l’Egypte.

Pour assurer un approvisionnement régulier de leur pays en céréales et autres produits de base, les Égyptiens ont opté pour l’investissement dans le stockage et la constitution de réserves alimentaires stratégiques.

Le gouvernement égyptien va mobiliser, en cette période de crise, 129 Millions de dollars pour construire trois mégacentres de stockage de produits de base, à Suez, Fayoum et Louxor. Objectifs : gérer les périodes de pénurie et améliorer la disponibilité de ces produits sur les marchés.

Le gouvernement tunisien a intérêt, rien que dans un souci de sécurité alimentaire, à s’inspirer de l’exemple égyptien.