Réformes monétaires en Tunisie : dévaluation du dinar et conséquences économiques

Si ces politiques monétaires fabriquent ou reconfigurent les actualités aujourd’hui, les discours techniques les rendent souvent complexes et les éloignent des discussions qui touchent la majorité des Tunisiens.

L’inflation en Tunisie a atteint son plus haut niveau depuis plus de 30 ans et a trois sources: l’inflation monétaire, l’inflation due à la hausse de la demande et l’inflation due à la hausse des coûts. L’inflation en Tunisie, alimentée par un dinar en difficulté et en constante dépréciation, est associée à une pénurie intermittente de produits de base et à une augmentation générale des prix.

Cependant, en plus de la baisse du taux de change provenant des marchés financiers, la valeur du dinar diminue en raison de la stratégie délibérée de dévaluation de la monnaie par la Banque centrale tunisienne. Ces choix de politique monétaire sont pris de manière indépendante par la Banque centrale, indépendamment des autres stratégies liées aux finances publiques, au budget de l’État ou au développement sectoriel depuis l’adoption de la loi sur l’indépendance de la Banque centrale en 2016.

L’inflation en Tunisie atteint son niveau le plus élevé depuis plus de 30 ans

Cette série de réformes, qui a caractérisé la politique monétaire en Tunisie, a été et reste influencée par le Fonds monétaire international à travers les accords signés en 2013 et 2016.

Ainsi, la dépréciation du dinar est l’une des mesures clés de la politique d’austérité mise en œuvre en Tunisie sur la base des recommandations du Fonds monétaire international, qui exigent l’adoption de régimes de change plus flexibles entre le dinar et les devises étrangères. Bien que le Fonds monétaire international justifie cette réforme par la nécessité d’améliorer la compétitivité des produits tunisiens sur le plan international et d’augmenter les exportations, la réduction de la valeur de la monnaie n’a pas eu les effets attendus sur l’économie globale. En réalité, l’effort visant à renforcer la compétitivité est neutralisé par la dépendance excessive de l’économie tunisienne aux importations de matières premières.

La réforme monétaire est influencée par le Fonds monétaire international depuis 2013

La dépréciation de la monnaie est également en partie responsable de l’augmentation de la dette publique en devises étrangères, du déficit commercial et de la faiblesse de la situation financière des institutions publiques stratégiques.

En 2022, cette réforme visant à libérer le taux de change a été intégrée à l’ordre du jour de la Banque centrale tunisienne et du gouvernement dans le cadre des négociations sur le nouveau programme de prêts avec le Fonds monétaire international. La nouvelle loi sur le taux de change a été discutée avec le secteur privé, qui a toujours appelé à la libéralisation du taux de change, bien que cette loi n’ait pas encore été publiquement débattue ni soumise à l’Assemblée des représentants du peuple jusqu’à présent.

La libération du taux de change suscite des craintes quant à la perte de contrôle de la monnaie nationale

Qu’est exactement cette libération du dinar dont nous parlons aujourd’hui, quels sont ses objectifs et ses mécanismes ? La discussion sur cette nouvelle réforme vise à clarifier les risques liés à une éventuelle perte de contrôle de l’État sur sa propre monnaie, où les arguments sont parfois détachés des résultats avérés ou potentiels de ces réformes monétaires dans la vie quotidienne et dans le développement en général.

(Source : Observatoire tunisien de l’économie)