Les industriels du plastique affilés au Groupement professionnel du plastique relevant de la CONECT ont appelé, lors d’un sit-in observé vendredi, devant le siège du ministère de l’Environnement, à une remise à niveau des entreprises spécialisées dans la fabrication du plastique afin qu’elles puissent reprendre leur activité suspendue depuis plus de 6 mois et de les doter des capacités nécessaires pour produire des produits alternatifs.

Les professionnels du plastique protestent de nouveau contre le décret n°2020-32 du 16 janvier 2020, interdisant la production, l’importation, la distribution et la détention des sacs en plastique à usage unique, entré en vigueur en septembre 2022. Il coïncide avec une conférence de presse tenue, vendredi, par le ministère de l’environnement pour annoncer le programme de la journée nationale et mondiale de l’environnement qui sera célébrée le 5 juin 2023, sur le thème ” Des solutions durables pour réduire la pollution due au plastique “.

Dans une déclaration à l’agence TAP, en marge du sit-in, le président du groupement régional du plastique de Sousse, Ahmed Letaif a indiqué que ” prés de 3 mille employés travaillent dans 80 entreprises industrielles sont menacés de chômage en raison de l’opposition du ministère de tutelle au dialogue avec les professionnels pour chercher des solutions, à même de préserver les emplois et l’environnement “.

Il a appelé à suspendre l’application du décret en question et à soumettre le dossier à l’ARP, ajoutant que ce décret a aggravé la crise du secteur étant donné qu’il interdit la production, l’importation et la distribution de 6 catégories de sacs en plastique à l’instar des sacs à usage unique.

Toujours selon lui, la mise en application du décret en question nécessite le changement des machines de production du plastique, ce qui constitue de grands investissements alors que les industriels supportent déjà de fortes charges financières.

De son côté, Nabil Mezghani, industriel spécialisé dans la fabrication du plastique dans le gouvernorat de Sfax, a affirmé que son usine employant 50 employés a été contrainte de suspendre son activité appelant à trouver des solutions lui permettant de rouvrir les portes de son entreprise qui produisait environ 1200 sacs plastiques/jour.

Il est à noter que la Tunisie compte environ 80 usines spécialisées dans la fabrication des sacs en plastique, dont 45 usines sont affiliées au Groupement professionnel du plastique de la CONECT, selon cette organisation patronale. Ces usines emploient environ 3 mille personnes directement et indirectement.

Pour la ministre de l’environnement Leila Chikhaoui “les industriels sont au courant du décret limitant la production des sacs en plastique depuis 2015, outre le fait qu’ils ont été impliqués dans la rédaction du texte dudit décret. Elle a fait remarquer en marge de la conférence de son département, que la mise en application de ce décret ne concerne pas uniquement son département mais aussi d’autres départements à l’instar de ceux de l’industrie, de la santé, de l’intérieur…

Elle a souligné que la décision d’interdire les sacs en plastique se base sur une démarche progressive, à commencer par les sacs à usage unique qui sont massivement rejetés dans la nature et qui contribuent fortement à la pollution dans le pays, sachant que bonne partie de ses sacs est importée illégalement.

Elle a affirmé la détermination de son département à mettre en œuvre le décret n°2020-32 dans l’objectif de préserver l’environnement.

En effet, l’interdiction des sacs en plastique, qui font des ravages à la faune et à la flore du pays, a été reportée à plusieurs reprises en raison de la pression exercée par les opérateurs dans ce domaine. Ainsi, cette interdiction n’a jamais été effective bien qu’elle soit exigée par la loi depuis 2020 en Tunisie, en vertu du Décret gouvernemental n°2020-32 du 16 janvier 2020, fixant les types de sacs en plastique dont la production, l’importation, la distribution et la détention sont interdites sur le marché intérieur.

L’article 3 de ce décret prévoit l’interdiction de la production, l’importation, la distribution et la détention sur le marché intérieur des types suivants de sacs en plastique à savoir : les sacs en plastique à usage unique, les sacs d’emballage primaire dont l’épaisseur est supérieure à 15 microns, les sacs en plastique oxodégradables ou oxo-fragmentables, ainsi que les sacs portant la mention “sac biodégradable” dont les essais et analyses montrent qu’ils ne répondent pas aux exigences de biodégradation.

Il interdit, également, les sacs en plastique qui comprennent dans leur composition chimique une concentration totale en métaux lourds supérieure à 100 ppm.

Il y a lieu de noter que le sit-in des professionnels du plastique tunisiens intervient au moment ou des négociations internationales sont en cours à Paris en France, pour l’élaboration d’un traité contre la pollution plastique dans le monde. L’utilisation des sacs en plastique à usage unique est déjà, interdite dans plusieurs pays africains à l’instar du Rwanda, la Tanzanie, l’Ethiopie ou encore le Malawi