Du fait de sa grande qualité, l’huile d’olive tunisienne, perçue de plus en plus comme un “alicament”, jouit d’une grande notoriété à l’échelle du monde. Elle ne cesse de se distinguer à l’international et de remporter de nombreux trophées.

Pour ne citer que les plus récents, l’huile d’olive tunisienne conditionnée a décroché 10 nouvelles médailles, dont 6 en or au Concours international d’huile d’olive “JOOP”, organisé le 11 avril 2023 au Japon, et 9 médailles au Concours international de l’huile d’olive de New York “NYIOOC 2023” (fin mars 2023).

Mieux, ces distinctions ont tendance à s’inscrire dans la durée. L’huile d’olive tunisienne a raflé un nombre record de distinctions à l’échelle internationale, durant les deux dernières années (300 médailles en 2022 et 214 en 2021), intégrant ainsi et pour la première fois le top 10 mondial au niveau des pays en nombre de médailles en se classant 8ème, selon les statistiques de bestoliveoils.org.

Avec de telles distinctions, l’huile d’olive tunisienne possède ses lettres de noblesse pour accéder à n’importe quel marché du monde, dont les juteux marchés fort rémunérateurs nord-américains (Etats-Unis et Canada). Et pour cause, les trophées remportés sont suivis partout par les producteurs, les importateurs, les chefs distributeurs et la presse spécialisée.

A l’origine, des atouts naturels et normatif

Selon le conditionneur et exportateur d’huile d’olive, Abdelaziz Makhloufi, PDG et fondateur du Groupe oléicole CHO, le secret de ce succès est imputable à deux facteurs essentiels.

Le premier consiste en le fait que l’huile d’olive tunisienne est un produit biologique. « Dans notre effort de communication, on insiste beaucoup sur le fait que la Tunisie est naturellement biologique. Son climat est aride et semi-aride. Il n’y a pas d’humidité, donc il n’y a pas d’insectes. On n’a pas besoin d’utiliser ni insecticides ni pesticides. Conséquence : tous les fruits et légumes du pays sont, naturellement, biologiques. On a beaucoup communiqué sur cet axe et c’était payant », a-t-il dit.

Le second a trait à la catégorisation de l’huile d’olive tunisienne en tant qu’huile “blokchainée”, c’est-à-dire une huile qui présente l’avantage de garantir la grande qualité du produit : traçabilité, zéro résidu pesticide.

L’oléiculture a un potentiel énorme

Néanmoins, en dépit de cette belle image dont jouit l’huile d’olive tunisienne à l’international et en dépit des atouts dont elle dispose, elle ne rapporte pas assez de devises au pays. Les recettes à l’export varient selon les années entre 1,5 et 2 milliards de dinars en devises.

Pour Abdessalem Loued, président de la Chambre syndicale nationale des exportateurs d’huile d’olive (UTICA), qui a récemment été élu, pour un mandat de deux ans, président de l’organisme onusien, le Conseil oléicole international (COI), la Tunisie peut doubler et même tripler ces recettes pour peu qu’elle étende les superficies consacrées aux oliveraies (200 000 hectares à planter) et porter sa production annuelle à 600 000 tonnes.

Dans cette perspective, Abdelaziz Makhloufi recommande l’option pour l’irriguer. Pour illustrer le bien-fondé de l’apport de l’irrigation dans le domaine de l’oléiculture, il rappelle que la productivité par hectare en Tunisie est estimée à 100 kg d’huile par hectare, alors que les Espagnols, avec l’irrigué, font quatre fois plus que nous (400 kg à l’hectare).

Dans l’ensemble, les experts qui suivent de près l’évolution de l’oléiculture en Tunisie estiment que le plus urgent consiste à se débarrasser de la sinistre réputation que s’est forgé le pays en tant que vendeur d’huile d’olive bon marché sans valeur ajoutée, voire en vrac, à réviser l’accord avec l’Union européenne pour l’écoulement en vrac de plus de 55 000 tonnes et à élaborer une vision stratégique pour l’extension des oliveraies et pour la diversification des débouchés à l’exportation de l’huile d’olive.

A ce propos, le potentiel que présentent des pays du sud-est asiatique (Corée du Sud, Japon, Indonésie, Chine…) serait énorme, selon les experts. Le seul prérequis à réunir serait d’accélérer le développement du conditionné qui demeure en-deçà des espoirs, soit 15%, et de promouvoir l’implantation à l’étranger d’antennes de promotion de l’huile d’olive tunisienne.

Autre indicateur qui joue en faveur de l’écoulement de l’huile d’olive à l’international : la consommation mondiale de l’huile d’olive ne représente que 2% de la consommation de l’huile alimentaire. Quand on sait que l’huile d’olive est de plus en plus perçue comme un “alicament”, c’est-à-dire un aliment qui a des effets actifs et positifs sur la santé du consommateur, on peut facilement imaginer l’ampleur du marché-débouché que cela représente pour un pays oléicole comme la Tunisie.

A bon entendeur…