Un projet ‘’pilote’’, une sorte de phase d’approche et d’expérimentation entre la Corée et la Tunisie, est bien amorcée.  A présent, il convient de mettre au point un projet global de triangulation entre la Tunisie, la Corée et le reste du continent africain.

Lundi 8 mai, a eu lieu au siège du CEPEX à Tunis, le démarrage de la deuxième édition du Business Forum tripartite Tunsie-Corée et le reste du Continent africain. L’évènement est organisé sous le haut patronage de la Cheffe du gouvernement et c’est Kalthoum Ben Rejeb, ministre du commerce et du développement des exportations qui a présidé les travaux de la plénière, en présence des hôtes coréens et de diplomates africains.

Cette manifestation se prolongera par des rencontres d’affaires, des contacts B to B qui se poursuivront durant la journée de mardi 9 mai 2023. A ce Forum la Tunisie plaide pour un statut central dans ce schéma de triangulation. Elle a présenté un argumentaire cohérent afin de mériter la position de Global Gateway du continent, qu’elle veut inscrire dans les faits. La partie est bien amorcée, sans être encore gagnée. N’oublions pas que les compétiteurs ne manquent pas.

L’Etat des lieux

Il y a un préalable qu’il convient de rappeler. La Corée et la Tunisie présentent des affinités réelles et la Corée, Dragon d’entre les dragons, se présente comme un partenaire idéal. Il est vrai que les Chebols coréens ont acquis un standing mondial. Cependant comme le rappellera Hichem Elloumi, V/P de l’UTICA, la Tunisie réalise des performances remarquables dans ses exportations de services à forte valeur ajoutée. Tel dans des filières diverses de l’industrie auto, celle électronique et enfin aéronautique ?

Momentanément la Corée mène au score. La Tunisie est en déficit commercial permanent, de même que, le montre le tableau ci-après. A tire d’exemple en 2022, les exportations tunisiennes en hausse de 30 % ont atteint 91,4 MD. Et nos importations à partir de la Corée ont été de 662,8 MD laissant apparaitre un excédent de 541,4 MD en faveur de la Corée.

Nous reproduisons dans le schéma ci-après la structure de nos importations de Corée. Nos achats de voitures et d’engins de Travaux publics sont dominants.

Cela pourrait configurer une piste de partenariat à l’avenir. A l’heure actuelle et malgré les concertations bilatérales continues seules 6 entreprises coréennes se sont établies sur le site tunisien. Elles ont généré un encours d’IDE de 93 MD et emploient 2.329 salariés. Cependant même si les choses ne progressent pas à la vitesse souhaitée, le potentiel n’en est pas moins là.  Alors travaillons ensemble a lancé Hichem Elloumi à l’adresse des hôtes coréens. Une phase plus importante semble se préparer.

La prédisposition des partenaires coréens

Le long de cette manifestation, la partie coréenne a manifesté des prédispositions à aller vers un palier supérieur de coopération. Park Heong Joon maire de la ville de Busan, centre financier de la Corée et organisatrice de l’exposition universelle de 2030 se dit réceptif aux propositions des entreprises tunisiennes. Il se réjouit de ce que la ville de Busan et la Capitale tunisienne se soient associées par un pacte d’amitié signé en octobre 2022. Pour sa part Kim Byung Kwan, président de l’Association des importateurs coréens dit s’attendre à des partenariats prometteurs pour les 30 entreprises coréennes qui ont fait le déplacement de Tunis. Il fonde de grands espoirs quant à l’aboutissement du Forum Corée Afrique lequel aura lieu à Séoul à la fin de l’année 2024 et auquel la Tunisie a été officiellement conviée.

Dans l’attente de la présentation d’une offre globale

Mourad Ben Hassine, PDG du CEPEX, Jalel Tebib, DG de la FIPA et Slim Sellami, Président de la chambre mixte tuniso-Coréenne se sont succédé à la tribune pour un travail conséquent de profiling. Leurs speechs convergeaient vers une même proposition à savoir que le site tunisien est une terre d’accueil compétitive pour les IDE coréens. Nos accords commerciaux de libre-échange avec l’UE et le reste du continent favorisent l’expansion de nos exportations.

Notre partenariat avec l’UE et nos prolongements physiques vers, d’un côté le moyen Orient et de l’autre, le reste du continent africain nous prédisposent à jouer le rôle de Hub partenarial. Par conséquent ne faut-Il pas présenter une offre plus globale à l’adresse de nos hôtes coréens ? Cela peut s’inspirer de notre offre pour la TICAD qui est assortie d’un catalogue de projets.

Avec la Corée l’on peut aller encore plus loin comme pour une autre route de la soie. Il y a bien une possibilité pour une banque d’affaires mixte ainsi qu’une EXIMBANK lesquelles opéreraient sur le reste du continent. Cela donnerait de la consistance au projet et un meilleur attrait pour nos partenaires du reste du continent.