Près de 490 zones humides méditerranéennes fortement menacées par le changement climatique et la perte des milieux naturels futurs ne sont toujours pas protégées, dont 32 sont d’importance internationale pour les oiseaux d’eau et sont situées principalement en Turquie, en Espagne et dans certains pays du Maghreb comme la Tunisie.

Ces résultats ont été publiés dans la revue scientifique britannique “Biological Conservation” et coordonnés par l’Institut de recherche pour la conservation des zones humides méditerranéennes “La Tour du Valat” et le Centre d’Ecologie et des Sciences de la Conservation (CESCO – Muséum national d’Histoire naturelle, CNRS, Sorbonne Université), indique un communiqué publié vendredi 5 mai 2023 par la Tour du Valat.

Dans ces zones humides méditerranéennes non protégées, ” les communautés d’oiseaux d’eau pourraient avoir d’importantes difficultés d’adaptation au réchauffement climatique d’ici 2100 “, préviennent les scientifiques ayant mené cette étude.

Par conséquent, souligne la même source, il faut renforcer d'”urgence” la préservation des zones humides méditerranéennes, notamment dans les pays du Maghreb et du Proche-Orient et tenir compte d’autres facteurs de déclin de la biodiversité que le changement climatique.

Il est également, crucial d’identifier les sites à protéger pour maximiser les efforts de conservation, notamment, les zones humides du bassin méditerranéen qui sont à la fois fortement menacées par les activités humaines et essentielles pour la conservation des oiseaux migrateurs, insiste l’étude.

Cette étude s’inscrit dans l’objectif de l’accord de Kunming-Montréal adopté en décembre dernier dont l’objectif est d'”arrêter et inverser le déclin de la biodiversité en protégeant 30% de la surface du globe d’ici 2030 “.

La Tunisie concernée

Pour ce qui est de la Tunisie, plus de 50% des zones humides naturelles ont subi une perte totale ou des modifications profondes, avait déclaré dans une interview accordée précédemment à l’agence TAP, Faouzi Maâmouri, expert international en gestion et conservation de la nature et fondateur du WWF Bureau Afrique du Nord (Tunis).

Selon lui, la majorité des zones humides d’eau douce situées autour de la Medjerda, ont disparu durant les 50 dernières années.

Membre depuis 1981 de la Convention Ramsar, la Tunisie compte environ 950 zones humides (y compris les barrages) dont 42 sont d’une importance internationale, selon le Fonds Mondial pour la Nature (WWF).

Les plus connues de ces zones sont des lagunes côtières telles que Ghar el Melh (Bizerte), Korba (Nabeul), Tunis, Boughrara (Sud du Golfe de Gabès), des chotts tels que Chott Jerid, des sebkhas dont celles de Sijoumi (Tunis), Halk el Menjel (Centre de la Tunisie), Adhibet (sud-est de la Tunisie) et des oasis dont les plus célèbres sont celles de Nefzaoua, Jerid et Gabès.

Selon le ministère de l’Environnement, les zones humides en Tunisie, abritent 260 espèces végétales terrestres, 50 espèces végétales aquatiques et 140 espèces d’oiseaux dont la plupart sont des espèces migratrices. Chaque année, en hiver, les zones humides en Tunisie, accueillent plus de 500 000 oiseaux provenant d’Asie et d’Europe.