Pour ce 3ème épisode nous parlerons avec Slaheddine Makhlouf de compensation, entre trou budgétaire faramineux et crise sociale majeure quelle échappatoire ?

L’histoire de la compensation et sa perception aujourd’hui chez les Tunisiens ?

  • Je viens d’une génération victime du devoir, prête à se sacrifier pour son pays et pour réaliser sa mission en tout état de cause.
  • Si on veut trouver des solutions efficaces, il faudra se baser sur la science, les études et les statistiques non pas sur les croyances.
  • En 1971 le ministre monsieur Tijani Chelli a lancé la caisse de compensation pour organiser l’exportation de la « khorda »
  • La compensation aux USA couvre 35 millions de personnes, elle reste un outil facile et efficace.
  • Pour le tunisien la compensation est un acquis, un droit absolu.
  • L’état n’a engagé depuis 2003 que peu de réformes, par exemple la réforme de la vente de l’huile en vrac pour le remplacer par les bouteilles en verres a fait gagner la caisse de compensation 17%.
  • Il faut connaitre et comprendre la perception du citoyen sur la compensation au temps de la prise de décision. Chaque région a sa vérité, l’urbain est sensible au pain, et le sud est sensible à la semoule.
  • Les dernières années on ne faisait que gagner du temps, les propositions sont plutôt loufoques par exemple la proposition d’identifiant social n’a aucun sens parce que chaque composante et chaque détail compte, on ne peut pas mettre tout dans le même sac. Même chose pour le système déclaratif.
  • Il faut créer et produire et ne pas trafiquer sur la vie des gens. Dans l’économie, ce qui est vrai aujourd’hui ne le sera probablement pas demain.
  • La concertation et la confiance sont les maitres mots et seules les compétences peuvent accomplir des avancées.
  • Il nous faut de l’imagination pour trouver des solutions afin d’atteindre des objectifs socials sans créer des graves problèmes économiques
  • Dès qu’il y a subvention, il y a trafic.
  • Quand en Tunisie un produit subventionné est à un prix très bas alors que chez nos voisins le même produit est beaucoup plus cher, les gens sont tentés de trafiquer sur ces produits.
  • La caisse de compensation n’a jamais eu un objectif direct de geler les salaires, il faut considérer ce résultat comme une conséquence malheureuse et inattendue.


Quelles réformes et comment les mettre en place ?

  • Avant tout le plus important est de donner aux partenaires producteurs, agriculteurs et autres leur juste rémunération.
  • Il faudra passer de la subvention universelle à la subvention ciblée.
  • Le grand pain doit peser 500 Gr et être vendu à 300 millimes (ancien prix théorique sur le marché 230 mil, prix réel sur le marché 250 mil)
  • Il faudra une décision de changer la classification de la farine parce qu’elle est qualitativement incontrôlable pour les deux qualités distribués chez les boulangers
  • La meilleure façon de prendre les bonnes décisions pour la farine et le pain est de se concerter avec les boulangers et éviter le provisoire qui dure et les problèmes qui en découlent sans fin.
  • Pour pouvoir contrôler il est plus juste d’avoir comme dans la plupart des pays une farine boulangère et une autre pâtissière.
  • La baguette de 220 gr est une aberration, il faut fabriquer la ficelle à 200 gr et la baguette à 250 gr et bien sûr faire évoluer les prix.
  • Cibler les boulangeries de catégorie C pour qu’elles deviennent les seules à être subventionnée à moyen terme puisqu’elles existent exclusivement dans les quartiers populaires.
  • Toutes décisions dans la compensation doivent être accompagné d’un suivi et d’une adaptation. Il n’y a pas de mesures efficaces ad aeternam, tout contexte économique est nécessairement évolutif


Capsule 3

  • Quelle vision pour la compensation et quelle possibilité d’autres réformes ?
  • Le lait est moins important que le pain pour le consommateur tunisien, je pense qu’il faut le vendre au juste prix
  • La subvention est un pré-requis à la solidarité, je propose d’offrir aux étudiants dans les zones rurales du lait gratuit quotidiennement à condition de ne pas abandonner l’école.
  • Il n’y a aucun motif pour vendre le sucre en vrac, on peut y gagner 100 Millions de DT en annulant le vrac.
  • Subventionner le livre et le cahier scolaire est une question de principe, offrir des Ipads dans les écoles rurales n’est pas une faveur.
  • Améliorer la qualité et le contenu du livre en créant un marché des droits d’auteurs en encourageant les maisons d’éditions.
  • L’inflation importée va remplacer la croissance importée.
  • Le Kg d’omo est au même prix que l’or 24 carats, on ne vit pas que des produits de premières nécessités.
  • L’essence est une matière première, je suis adepte des stratégies de relance en y gardant la compensation.
  • Garder l’infrastructure en bon état est déjà un préalable pour dominer les surcouts des énergies
  • Subventionner les intrants pour relancer la production, les investissements et l’emploi.


Slaheddine Makhlouf
Ancien PDG de l’OCT, secrétaire d’Etat auprès du ministre du Commerce, chargé de l’Artisanat, et conseiller auprès du président de la République.
Il est licencié en sciences économiques de l’université de Tunis et diplômé du cycle supérieur de l’Ecole nationale d’administration (ENA).