Pour le site Maghreb Intelligence, ce n’est pas une question mais plutôt une affirmation, avec ce titre : « Phosphates : les dessous de la guerre acharnée menée en Afrique par l’Arabie Saoudite et la Russie contre le géant marocain OCP ».

Pour étayer cette idée, le journal écrit : « Le continent africain est promu à devenir le grenier du monde dans les prochaines décennies. C’est donc naturellement qu’il représente aujourd’hui un grand enjeu pour les grands producteurs d’engrais à l’échelle internationale ».

Il faut rappeler qu’après plusieurs années, pratiquement seul maître à bord sur le continent africain, l’Office chérifien des phosphates est de plus en plus concurrencé par des sociétés saoudiennes et russes du secteur, perdant d’une année à l’autre d’importantes parts de marché.

Ces entreprises se nomment entre autres Saudi Arabian Mining Company (Ma’aden) qui produit d’engrais, depuis 2011, et qui est devenue très influente sur les marchés d’Afrique australe et orientale. Et pour augmenter son emprise, elle a même acheté, en 2019, le distributeur d’engrais “Africa Meridian Group basé à Maurice, selon Maghreb Intelligence.

Et ce n’est pas tout. « Ma’aden a également inauguré un terminal d’engrais au Malawi en 2021 pour expédier ses engrais à travers l’Afrique du Sud-Est. En 2022, le producteur saoudien d’engrais aurait détenu des parts de marché comprises entre 35 % et 65 % au Mozambique, au Zimbabwe, en Zambie et au Malawi. En 2022, il a annoncé qu’il ouvrirait son siège régional en Afrique du Sud ».

L’OCP fait également face à la concurrence de trois entreprises russes, à savoir PhosAgro, Eurochem et Uralchem, lesquelles ont, elles aussi, étendu leur présence en Afrique.

En effet, Uralchem envisageait, en 2019, d’investir 1,3 milliard de dollars pour la construction d’une usine d’engrais en Angola, qui devrait être achevée en 2023. De son côté, PhosAgro a ouvert son bureau régional en Afrique du Sud en 2020 et a élargi sa capacité de stockage dans les pays d’Afrique australe orientale.

L’OCP tient bon et investit lourdement

Toutefois, grâce à une politique commerciale agressive et des liens politiques entre plusieurs pays africains et le Royaume chérifien, … «l’OCP garde quand même une longueur d’avance en Afrique qui représente l’essentiel de son fief d’OCP où il est présent dans plus de 16 pays ».

Rappelons que l’OCP a signé un accord industriel avec le gouvernement éthiopien pour l’exploitation de cinq usines de mélange d’engrais dans le pays. En outre, l’entreprise marocaine investit 3,7 milliards de dollars dans la construction d’un complexe d’engrais dans la province de Dire Dawa, en Éthiopie, d’une capacité annuelle de 3,8 millions de tonnes.

Idem au Nigeria où l’OCP s’active pour construire trois usines de mélange d’engrais, dans les États de Kaduna, de Sokoto et d’Ogun.

Une usine de mélange d’engrais d’une capacité de 100 000 tonnes devrait également voir le jour en Tanzanie en 2023 près de Dar es-Salaam. Et une autre de même capacité est en construction au Rwanda, dans le cadre d’un partenariat entre l’OCP, le gouvernement rwandais et la Rwanda Fertilizers Company.

Position de leadership

Pas trop d’inquiétude pour l’OCP, en tout cas si l’on se réfère à son chiffre d’affaires de 2022 qui s’est élevé à 11,034 milliards de dollars, ce qui a constitué une augmentation de 43,9 % par rapport à 2021, « en grande partie grâce à une flambée des prix mondiaux du phosphate et des engrais qui ont culminé en avril 2022 ».

Notons enfin que, avec 70% des réserves mondiales de phosphate, l’Office chérifien des phosphates (OCP) fait partie des plus grands acteurs mondiaux de l’industrie, avec une part de 31% du commerce mondial des phosphates. Le Maroc est le deuxième producteur mondial de roche phosphatée avec une production de 40 millions de tonnes en 2022, selon les estimations de l’United States Geological Survey (USGS).