La récente vague de chaleur qui a prévalu, l’espace d’un mois en pleine saison hivernale, a confirmé que la Tunisie, comme d’autres pays, est affectée de plein fouet par le réchauffement climatique avec comme corollaire une baisse de la production agricole à l’horizon. Avec des caisses vides, l’Etat tunisien, qui a traîné la patte pour s’adapter, à temps, à ce dérèglement climatique, a aujourd’hui  beaucoup de mal à gérer ce déficit hydrique et à envisager, dans l’urgence, des alternatives.

Conséquence : la situation est grave, voire très grave.

Heureusement, face à la perspective de voir ces vagues de chaleur se répéter, dans les mois qui viennent, des acteurs privés en partenariat avec des institutions publiques ont pris les devants et ont eu l’intelligence de coopérer pour mettre en place des alternatives. Comme quoi «l’humanité ne se pose jamais que des problèmes qu’elle est capable de résoudre», affirmait, il y a deux siècles, Karl Marx, philosophe et économiste allemand.

Le mérite d’un partenariat public/privé

C’est dans cet esprit que le triturateur de graines oléagineuses, Carthage Grains, s’apprête à développer avec l’Institut national de météorologie (INM) une expertise en matière d’ensemencement des nuages.

Cette technique, pratiquée aux Etats-Unis depuis les années 40 du 20ème siècle, consiste à injecter dans les nuages, à partir de générateurs aux sols ou des avions, des particules (généralement du sel) afin d’augmenter le taux des précipitations.

Les deux partenaires s’engagent, chacun selon ses moyens, à faire aboutir le projet: Carthage Grains en fournissant les fonds requis pour acheter les équipements qui seraient au stade de dédouanement, tandis que l’INM va mettre son savoir-faire scientifique (modélisation, prévision instantanée…) au service du projet.

Selon l’exposé des motifs, « en Tunisie, l’ensemencement des nuages pourrait être particulièrement utile dans les régions où la disponibilité en eau est limitée. Il pourrait être efficace pour améliorer significativement les rendements agricoles dans ces régions, en particulier lorsqu’elle est utilisée conjointement avec des stratégies de lutte contre l’érosion des sols et des pratiques culturales durables telles que l’assolement ».

Une technique à généraliser

Cette expertise sera développée dans une première étape dans la région de Zaghouan. L’objectif majeur des deux initiateurs du projet serait toutefois de faire en sorte que cette expertise innovante soit parrainée par l’Etat et devienne une stratégie politique de l’Etat. L’idéal est de la pratiquer là où on en a vraiment besoin.

D’après des experts, la technique serait moins onéreuse que les options prises par le gouvernement dans la cadre de l’étude stratégique « Eau 2050 », s’agissant du dessalement de l’eau de mer et du traitement des eaux usées. Ces deux dernières solutions demeurent toutefois nécessaires au regard des énormes besoins du pays. Elles doivent aller de pair avec l’ensemencement des nuages.

A souligner qu’outre les Etats-Unis d’Amérique, la technique de l’ensemencement des nuages est pratiquée dans plusieurs autres pays.

Au Maroc, par exemple, cette expertise a été développée, depuis les années 80 du siècle dernier, dans le cadre du projet « Al-Ghaith », durant le règne de Hassan II. Selon les médias spécialisés en la matière, l’expertise marocaine aurait donné des résultats positifs. Elle aurait permis d’augmenter la pluviométrie au taux de 15% en moyenne.

L’ensemencement des nuages a fait ses preuves dans plusieurs pays

D’autres pays comme le Niger et les Emirats Arabes Unis (EAU) ont opté pour les techniques modernes de pluie artificielle. Ce dernier, réputé pour être un pays extrêmement aride mais également extrêmement riche, a opté pour un système avant-gardiste, celui de l’électrification des nuages. Ce projet consiste à provoquer chaque fois que le besoin se fait sentir de la pluie. C’est un système à la carte.

D’après les médias, ce projet tenu secret est financé par le président des Emirats arabes unis en personne. Il aurait permis de faire tomber la pluie plus de 50 fois dans la région d’Abu Dhabi pendant l’été. A chaque fois, les services météorologiques locaux ne prévoyaient pourtant ni nuages ni précipitations.

Cela pour dire in fine que le projet a fait ses preuves dans plusieurs pays du monde. La Tunisie, connue historiquement pour être un pays aride et semi-aride, ne peut qu’en tirer le meilleur profit pour atténuer les effets négatifs du stress hydrique auquel elle est déjà confrontée.