Au commencement, il y avait tout juste Lohmann, une firme pharmaceutique fondée en 1851 par l’Allemand Julius Lüscher. 147 ans plus tard, en 1998, la il y eut la fusion entre Lohmann et l’entreprise autrichienne Rauscher. C’est ainsi que Lohmann & Rauscher est né.

Le laboratoire figure aujourd’hui parmi les principaux développeurs, producteurs et vendeurs internationaux de dispositifs médicaux dont le traitement des plaies, la compression, l’immobilisation et les produits d’hygiène d’avant-garde.

Appuyer l’Association tunisienne de plaies et cicatrisations (ATPC) dans le lancement du premier centre africain de formation au traitement des plaies diabétiques par les cellules souches était plus qu’évident pour un laboratoire spécialisé et soucieux d’innovation.

Salim Bouzidi, Managing Director Middle East & Africa des Laboratoires Lohmann & Rauscher, nous en parle dans l’entretien ci-après.

WMC: Quelle importance pour un laboratoire tel que le vôtre d’encourager pareille initiative ?

Salim Bouzidi: Faire profiter le plus grand nombre de personnes atteintes de diabète des techniques les plus avancées en matière de traitement des plaies et des ulcères. Les activités novatrices dans notre secteur ont été pendant longtemps concentrées sur les pays à revenu élevé, aujourd’hui à L&R néanmoins, nous voulons hausser nos activités dans les pays à revenu intermédiaire, notamment dans la formation et dans la recherche et développement.

Le centre pilote mis en place par l’ATPC formera dans un premier temps les utilisateurs aux produits et aux techniques novatrices ; ensuite, il procédera à la formation des formateurs.

Ceux qui y suivront les programmes de formation auront la capacité de la dispenser dans les pays africains, et ça fera boule de neige. Ce sont les patients qui profiteront de cette nouvelle expertise. Plus des patients seront rétablis, plus nous serons satisfaits.

Pourquoi la Tunisie ?

Il y a deux raisons. La raison de fond est qu’il y a de l’expertise en Tunisie dans ce domaine-là. Je gère une région d’une soixantaine de pays, et quand on parle avec les praticiens tunisiens, ils connaissent, ils n’utilisent pas les protocoles de soin et les produits à grande échelle, mais ils maîtrisent le process. Nos produits existent en Tunisie, ce qui n’est pas le cas dans d’autres pays.

La Tunisie a l’avantage de la compréhension conjuguée à l’organisation. En plus, c’est le pays le plus neutre de la région. Il est accepté par les autres pays sans oublier que c’est le pays du tourisme médical

Ajouté à cela, il y a une association orientée plaies et cicatrisations, donc nous avons un vis-à-vis qui saisit l’importance de la problématique. Attention, je ne veux pas dire que dans d’autres pays ça n’est pas le cas, elle est comprise mais pas suffisamment organisée. La Tunisie a l’avantage de la compréhension conjuguée à l’organisation, c’est le pays le plus accessible et le plus neutre de la région. Il est accepté par les autres pays sans oublier que c’est le pays du tourisme médical. Ce sont des atouts objectifs qui nous ont encouragés à choisir un partenaire tunisien pour créer le centre de formation.

Nous en avions discuté avec notre PDG et nous avons décidé que la Tunisie était le choix le plus judicieux pour faciliter l’accès au centre et à la formation.

Nous savons que les grands laboratoires pharmaceutiques consacrent un budget substantiel à la recherche. Seriez-vous prêt d’investir dans la recherche et développement avec l’ATPC pour de nouveaux traitements et produits ?

Dans nos laboratoires (Lohmann & Rauscher), nous investissons énormément dans la recherche et l’innovation pour des produits qui vont dans le sens du bien-être du patient.

C’est une entreprise familiale où sont cultivées avec soin les valeurs humaines et éthiques. Nous avons des centres R&D en Europe et aux Etats-Unis.

Le centre R&D spécialisé dans les plaies est basé en Autriche et est ouvert à toute collaboration et proposition quelle qu’elle soit. Après discussion avec notre directeur, nous projetons de faire du centre de Tunis un centre d’innovation et d’idées.

Nous voulons faire profiter les patients africains et moyen-orientaux de la même qualité de soin en prenant en compte les conditions économiques

Nous ambitionnons de concevoir des produits adaptés à la région MENA et Afrique. Ce sont des produits qui possèdent les mêmes vertus et qualité que ceux écoulés sur les marchés européens et américains, avec une particularité : ils prennent en considération le contexte socioéconomique de la région.

Nous voulons faire profiter les patients africains et moyen-orientaux de la même qualité de soin en prenant en compte les conditions économiques et budgétaires des pays.

Ce sont des produits adaptés au climat et même aux spécificités génétiques des patients que nous ambitionnons de concevoir. Je suis optimiste et je pense que du centre de Tunis peuvent émerger beaucoup d’idées.

Je tiens à préciser que c’est un centre ouvert à d’autres laboratoires spécialisées dans le traitement des plaies et pas forcément dans les pansements. Nous sommes prêts à collaborer avec d’autres sur des innovations communes et espérons pouvoir susciter des synergies qui servent en premier et dernier lieu l’intérêt des patients.

Entretien conduit par Amel Belhadj Ali